23/10/2025

Wind Rose au Bataclan forge la légende du power metal

Cela faisait longtemps que je n’avais pas attendu une date avec autant d’impatience. L’affiche du Trollslayer Tour 2025 avait tout du rêve éveillé pour les fans de power metal et d’héroic fantasy : Angus McSix, Orden Ogan et les incontournables Wind Rose. Une soirée épique en perspective, digne d’une campagne de jeu de rôle où guerriers, orcs, nains et bardes viennent festoyer.

Jeudi 16 octobre, j’arrive un peu en avance, le Bataclan affichant une ouverture des portes à 18h. En approchant de la salle, une vision rare pour moi : la file d’attente serpente sur deux rues complètes. De mémoire, je n’avais jamais vu ça ici. Les fans sont là, armés de leurs plus beaux t-shirts, capes et chope de bière, prêts à embarquer pour l’aventure. Le concert débute tôt — trop tôt pour un jeudi soir — mais visiblement, cela n’a découragé personne. La salle ouvre finalement avec un peu de retard. Laisser moins de 30 minutes au public pour passer la sécurité alors que le concert affiche complet, c’est ambitieux… Une ouverture à 17h aurait sans doute permis d’éviter le stress d’une salle à moitié vide pour le début du concert.

ANGUS MCSIX

À 18h30, les lumières s’éteignent enfin : la soirée peut commencer. Le public continue d’entrer, mais sur scène, Angus McSix ne perd pas de temps.

Difficile de ne pas être intrigué par ce groupe. En 2021, après son départ de Gloryhammer, Thomas Winkler (ancien interprète du héros Angus McFife) fonde Angus McSix avec Sebastian “Seeb” Levermann, leader d’Orden Ogan. Leur idée : créer un groupe de power metal prolongeant l’univers héroïque et fantasque de Gloryhammer, mais en version « 6.0 » — plus puissante, plus lumineuse, et surtout plus épique. Mais depuis, le groupe poursuit sa quête sans Winkler, désormais remplacé par Adam (Sam Nyman), un frontman qui incarne l’esprit du projet avec respect et énergie. Sur scène, Angus McSix, c’est une troupe haute en couleur : un nain et un squelette maléfique à la guitare, un orc à la batterie et un chanteur héroïque maniant Sixcalibur. Un véritable RPG power metal vivant, oscillant entre humour, fantasy et spectacle.

Le set démarre fort avec “6666”, un hymne calibré pour la scène, entre le refrain fédérateur et les solos de guitare qui sentent bon la baston intergalactique. J’attendais ce morceau depuis longtemps, et je dois avouer qu’il m’a fallu quelques secondes pour réaliser que j’étais enfin en train de l’entendre en live. Très vite, la salle embarque.
S’enchaînent ensuite “Master of the Universe”, puis “Laser-Shooting Dinosaur”, avec la surprise d’un gars du crew déguisé en dinausore montant sur scène. Le set se conclut sur “Ride to Hell”, un final court mais terriblement efficace.

En une trentaine de minutes, Angus McSix réussit à transformer le Bataclan en taverne cosmique. Les costumes sont travaillés, l’univers assumé, parfois un peu too much, mais totalement fun. On adhère ou pas à ce délire de fantasy théâtrale — pour ma part, j’étais conquis. Ce premier acte plante le décor d’une soirée placée sous le signe de la bonne humeur et du grand spectacle.


ORDEN OGAN

À 19h20, c’est au tour d’Orden Ogan de faire son entrée sur scène. Le Bataclan est désormais plein à craquer, et l’excitation est palpable. Seeb Levermann, frontman du groupe et maître d’œuvre de son univers post-apocalyptique, salue le public avec un large sourire. Il semble presque étonné de jouer aussi tôt… et devant une salle aussi réactive. Pour moi, c’est un petit événement : je découvre enfin Orden Ogan en live, après des années à les suivre de loin, et leurs passages en France étant rares, je ne comptais pas laisser passer l'occasion.

Le groupe attaque avec “F.E.V.E.R.”, un choix percutant pour ouvrir ce set condensé. Les riffs sont tranchants, les chœurs impeccablement calés, et le public ne tarde pas à embarquer. Suit rapidement “Gunman”, véritable hymne du groupe, scandé en chœur dans une ambiance déjà électrique.

Entre les morceaux, Seeb échange avec humour et instaure une proximité naturelle avec la foule. L’ambiance est bon enfant, presque intimiste, malgré la puissance sonore. Sur “The Things We Believe In”, le refrain “And so we are : cold , dead and gone” est joyeusement détourné en “Beer, beer and beer”, dans un moment à mi-chemin entre la private joke et la célébration collective — du pur power metal festif.

Orden Ogan profite aussi de cette date pour défendre son dernier album, The Order of Fear, avec deux titres bien choisis : “Conquest”, intense et accrocheur, puis “The Order of Fear”, plus théâtral, qui prend une ampleur impressionnante en live. Le son, d’ailleurs, est parfait : massif, équilibré, sans jamais noyer les détails.

Côté mise en scène, le groupe reste sobre. Quelques effets de lumière bien sentis, un brin de pyrotechnie sur “Let the Fire Rain”, et des apparitions ponctuelles de Allister Vale, la mascotte du groupe et de personnages masqués viennent souligner leur univers sans en faire trop. L’efficacité prime : pas de fioritures inutiles, tout est au service de la musique.

Le set s’achève au bout d’une quarantaine de minutes, laissant un goût de trop peu. Le choix de ne pas s’éparpiller donne une prestation solide et cohérente, mais on aurait volontiers repris une ou deux chansons de plus. Reste une belle découverte scénique, et la confirmation que Orden Ogan mérite bien plus de place dans les programmations françaises. Espérons que cette soirée leur donne envie de revenir rapidement.

Je passe désormais la plume à Maître Nain Hugo Arthur Pavard pour vous conter la suite de cette épopée musicale. Attachez vos ceintures de mithril, car l’heure est venue d’accueillir les véritables seigneurs des mines et du power metal festif : Wind Rose.

WIND ROSE

Et voilà que se termine l’ultime entracte pour ceux que nous attendions tous, nos braves nains sous la montagne, prêts à jaillir des trous qui sont dans le sol. C’est dans l’obscurité bleutée de la salle que résonne le sample des notes cristallines de Of Ice And Blood, le morceau introductif de l’album Trollslayer sorti il y a déjà plus d’un an et que le groupe vient promouvoir à l’occasion de cette tournée déjà mémorable.

Vient alors le premier morceau, Dance Of The Axes, la suite directe de l’intro Of Ice And Blood, rapide et énergique qui met déjà bien l’ambiance dans la fosse. Pour être franc, je pense que c’est la meilleure entrée en scène que nous ayons vue de Wind Rose, bien plus épique et martiale que Fellow The Hammer. Si le titre nous mettait dans la tête, une image de Trollslayer de Warhammer virevoltant avec ses haches runiques, ce qui se passe dans la fosse est quasiment dans cette même ambiance ! La danse des haches, Baruk Khazâd ! Comme on dit dans les profondeurs. Mais en l’occurrence c’est plutôt la danse des pioches gonflables dans le public, on peut dire que le groupe a vu un très joli filon de mithril-… de marketing en ayant cette idée de vendre ça dans leur merchandising !

Mais surtout c’est le charisme du chef du clan qui détonne sur scène, le vénérable Francesco Cavalieri, vêtu de son armure de mithril, tient déjà le public dans le creux de sa grosse main comme une grosse chope de bière fraîchement saisie sur un comptoir de pierre. La seule chose que je peux reprocher à Wind Rose, c’est justement le trop grand charisme de Francesco qui a tendance à éclipser celui de ses congénères. La scène est bien à l’image du groupe, ornée de décors digne d’Erebor, de Karaz-a-Karak ou de Forgefer et surtout d’un gros crâne cornu qui n’est pas sans rappeler le terrible Fléau de Durin, le Balrog de la Moria.

Le groupe nous a savamment préparé une setlist très bien arrangée, mêlant d’anciens et de nouveaux morceaux aussi épiques les uns que les autres. Il faut dire que Trollslayer est une bonne suite à Warfront et Wintersaga, ces trois derniers albums sont tout simplement des piliers du power metal moderne.
Mine, Mine, Mine!, The Great Feast Under, Fellow The Hammer, Army Of Stone, Trollslayer, Gates Of Ekrund, To Erebor et le public est toujours là, pour chaque morceau, pour chaque refrain, il n’y a pas un seul moment d’accalmie ou de fatigue, c’est tout simplement le bruit des forges et des batailles épiques pendant tout le concert.

On a une surprise inattendue de la part de Wind Rose ce soir, un hommage à Ozzy Osbourne, qui nous a quitté cet été. Le groupe nous offre une reprise à sa sauce de Shot In The Dark, sans oublier une paire de lunettes rondes fumées portée par Francesco à la façon du Prince Of Darkness.

Puis vient à nouveau l’obscurité et les fameux rappels. Ah ça c’est sûr, on en redemande, le public exulte, « Encore! Encore » il fait chaud, on est un peu fatigués après une telle bataille, après tant de morceaux épiques, mais ça n’compte quand même que pour un !

Et on l’attendait celui-là, Diggy Diggy Hole, la reprise légendaire de Yogscast que toute la salle chante en coeur , refrain comme couplet, on la connaît tous, elle est facile à apprendre et c’est tout simplement incroyable à entendre, cela n’a vraiment rien à voir quand on est en concert, sur place. Mais étrangement ce n’est pas le dernier morceau, cela m’a assez surpris, mais je comprends un peu, c’est toujours bien de changer, comme l’introduction, et ce fameux titre est beaucoup trop connu maintenant, il a tendance à leur coller à la peau, Yogscast eux-même auraient affirmé que la renommée du morceau appartiendrait désormais à Wind Rose.

Le dernier morceau est Rock And Stone, inspiré du jeu vidéo Deep Rock Galactic, premier single connu de Trollslayer, qui a tout de suite marqué les esprits et s’impose désormais comme un véritable hymne, à hurler à pleins poumons, bien plus fort que Diggy Diggy Hole. « Rock ! Stone ! Rock and Stone ! ». On pensait d’ailleurs finir la soirée avec le fameux Diggy Diggy Hole remix, mais surprise : celui-ci a été remplacé par un Rock and Stone remix, explosif, concocté par un DJ italien, nous confie Francesco lui-même. De quoi conclure la soirée en apothéose, dans une transe digne des plus grandes beuveries naines. Puis le show se termine sous les louanges et les applaudissements, mais alors… quel show ! Je pense que l’on a tout eu ce soir-là, à boire et à manger, c’était vraiment un banquet nain. Que manquait-il ? Rien, vraiment rien. Vu la direction que prend le groupe, je pense que le Bataclan était trop petit pour eux. J’espère que la prochaine fois, ils partiront au moins à la conquête de l’Olympia.

Setlist :

Of Ice and Blood
1. Dance of the Axes
2. The Great Feast Underground
3. Army of Stone
4. Mine Mine Mine!
5. Gates of Ekrund
6. To Be a Dwarf
7. Trollslayer
8. The Returning Race
9. To Erebor
10. The King Under the Mountain
11. Shot in the Dark (Ozzy Osbourne cover)
12. Together We Rise
13. Diggy Diggy Hole (The Yogscast cover)
14. Rock and Stone
Rock and Stone Dance Remix

Une date rare, une salle comble, un public en feu comme toujours : le Trollslayer Tour 2025 aura tenu toutes ses promesses. Entre le délire galactico-médiéval d’Angus McSix, la puissance sombre et millimétrée d’Orden Ogan, et l’ouragan nain de Wind Rose, cette soirée avait tout d’un voyage au cœur du power metal moderne.

Paris a répondu présent, à la hauteur du spectacle proposé. Espérons que les groupes, eux aussi, auront envie de revenir forger d’autres légendes sur les terres françaises. En attendant : qu’on nous serve une autre tournée !

Report Angus MacSix et Orden Ogan : Stéphanie Morgado (@sekhmet_eve)

Report Wind Rose : Hugo Arthur Pavard et Stéphanie Morgado

Photos : Stéphanie Morgado (@sekhmet_eve)

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