17/9/2025

Riffs, ferveur et poussiere : le Motocultor 2025 fait vibrer le metal

Me voici de retour au Motocultor pour son édition 2025. C’est ma première fois à Carhaix. J’avais gardé un très bon souvenir de mon expérience à St Nolff en 2022. Grâce à la mutualisation des structures des Vieilles Charrues, le Motoc est passé dans une nouvelle dimension s’affirmant comme l’Autre grand rendez-vous de l’été du Metal français. Entre convivialité celte, public intergénérationnel – avec un public toujours plus féminin aux premiers rangs – et une programmation d’une rare intensité, le festival a confirmé qu’il n’était plus le “petit frère du Hellfest” comme on l’a souvent désigné. Seul bémol : la poussière qui collait aux poumons. Mais elle n’a pas réussi à ternir l’éclat d’un week-end où le Metal extrême a une fois de plus secoué ce petit coin du Finistère.

Vendredi 15 août

Kerry King ! J'avoue que le seul nom de Kerry King sur l’affiche du Motoc m’a convaincu de venir, d’autant plus qu’il s’agissait de la seule date en France d’un des titans du Thrash des 80’s. Le temps de récupérer mon pass photo qui s’est fait longtemps attendre, me voici devant la scène. Kerry King, légende vivante de Slayer, accompagné de son groupe de légendes : Paul Bostaph (ex-Slayer) à la batterie, Kyle Sanders (ex-Hellyeah) à la basse et Phil Demmel (ex-Machine Head) à la guitare, et en première ligne, le chanteur Mark Osegueda (Death Angel), balance une leçon de violence. Mark Osegueda, fidèle à son ADN antisystème, dénonce les dérives du système et les abus perpétrés par ceux qui nous gouvernent.

Dans la foulée, Dimmu Borgir installe une atmosphère de cathédrale baignée de lumières lugubres tantôt verte, tantôt rouge.  Leur retour en terre bretonne était attendu, et le public a vibré, hypnotisé par ces Norvégiens maîtres de l’esthétique du chaos.

Samedi 16 août

Après un bon petit dej chez Anne qui m’hébergeait pendant ces 3 jours à 200m du fest. Me voilà de retour pour un samedi très éclectique. J'arrive pour les suédois d'Enforcer, un groupe qui sent bon le Heavy-Metal old school. Quelle fougue! C'est le groupe parfait pour réunir un public large et le préparer pour la violence des pits qui à venir. On les remercie pour la cover de Die Young / Black Sabbath. Un hommage évidemment suite au départ d'Ozzy un mois plus tôt.

On fait le grand écart avec les norvégiens d'Enslaved formés dans les 90's. ils sont donc des fers de lance du black metal aux structure musicales complexes. Enslaved c'est un voyage intérieur très puissant. Les vikings ont joué leurs classiques Forest Dweller, Heimdal, Jotunblod, Havenless. Très bonne expérience... Je me suis permis de rester sur tout le show au lieu de gambader pour aller shooter d'autres scènes. Vraiment ils m'ont fait une forte impression de spiritualité paienne.

Extreme, très attendus, ont montré qu’ils n’avaient rien perdu de leur maîtrise. Nuno Bettencourt a multiplié les solos flamboyants, rendant hommage à sa guitare et à ses pairs musiciens du public avec un vrai sens du partage. Grosse claque sur le phénoménal Rise où Nuno réaffirme sa technique guitaristique. Toujours dans le contexte d'Ozzy, on aura le droit à un medley du Maître des Ténèbres dont Crazy Train et le Bark at the Moon... Grosse communion générale.

Autre grosse légende sur scène avec les Américains de Dark Angel qui oeuvrent dans le thrash depuis les 80's. Après la mort de Jim Durkin (guitare), un des membres fondateurs, le groupe intègre Laura Christine à la ryhmique dont l'aura imprègne la scène sans conteste.

Les Américains de Trivium ont ensuite enflammé la fosse : énergie brute, communion avec la foule et une superbe reprise de Master of Puppets au beat effréné qui a porté le public bien haut. Rien à dire : Matt Heafy (chant et guitare) est toujours aussi impressionnant avec ses tatouages et sa musculature imposante.

Les Polonais de Batushka ont transformé la scène en cérémonie liturgique orthodoxe et sulfureuse. Ils ont l’art de brouiller les frontières entre rite sacré et chaos metal.

Quant aux suédois Cult of Luna, malgré les rumeurs de quelques musiciens malades, ils ont offert une leçon de puissance atmosphérique qui a littéralement happé les spectateurs.

Dimanche 17 août

Le dimanche, malgré une poussière plus présente que jamais, la ferveur ne retombe pas. La machine de guerre Metal aux sonorités froides indus Fear Factory met le feu aux poudres. C'est l'heure des classiques tels que New Breed, Edgecrusher et Linchpin. je me retourne, ça chauffe dans le pit!

C'est au tour de Primordial de monter sur scène. Alan Averill, alias Nemtheanga, le chanteur, instaure son ambiance funèbre mais galvanisante dans une musique à cheval entre lourdeur doom, noirceur black metal et accents folk.

Les Marseillais de Landmvrks déchaînent les slammers dans un pit qui dégueule les littéralement les corps dans une ambiance des plus festives. Leur prestation nous rappelle qu'ils sont aujourd'hui un des pililers du Metal français.

Je m'éclipse la gorge en feu malgré mon masque pour aller me ressourcer devant les suédois de Monolord. Toujours très efficaces pour amener le public à un état de transe avec une montée en puissance progressive. Les riffs sont hypnotiques et le public se laisse porter les yeux semi-clos. Très bon Monolord

C'est au tour des légendes du power metal germanique Blind Guardian de monter sur scène. Depuis 1984, ils nous transportent dans les contrées lointaines du fantasy. C'était l'occasion de réécouter les classiques de leur discographie très riche dans un show puissant et chaleureux.

Gros effets pyrotechniques pour les allemands de Kanonfieber dont l'univers visuel s'inscrit dans la première guerre mondiale. Le show était non seulement musicalement intense et rythmé, mais aussi spectaculaire : flammes, décors de tranchées, costumes de guerre... Deutschland! Deutschland!

Puis vient Machine Head avec un Robb Flynn en pleine forme. Le set était très équilibré entre morceaux récents issus de leur album UNATØNED, comme Øut­sider, Bonescraper, Unbound, et des classiques tels que Locust ou Davidian. L'infatigable Robb Flynn a livré un show d’une intensité héroïque face à une marée humaine, confirmant son statut de pilier du Metal.

Pourtant, c’est Green Lung qui m’aura le plus transporté. Il faut dire que c’est la première fois que je les voyais et pourtant cela fait 15 ans que j’arpente les concerts et les fest. Leur univers convoque les esprits des forêts et l’héritage occulte de Black Sabbath. Hypnotiques, mystiques, ils ont offert une communion devant un public conquis. Et vu que tout le monde était devant Machine Head... je crois que nous étions deux photographes dans le pit et pas mal de place pour danser devant la scène.

Le Motocultor 2025 s’impose comme une édition inoubliable. L’équipe a annoncé 16000 festivaliers par jour.  Le festival a su combiner têtes d’affiche légendaires et découvertes inspirantes, plutôt orienté Metal extrème. On leur tire le chapeau de mettre en valeur les artisans et les produits bretons dans l’enceinte pour une économie circulaire.  Déjà, les regards se tournent vers 2026 : Airbourne, pour un rock’n’roll sans compromis, Godsmack, poids lourds du metal américain, et les très controversés Slaughter to Prevail, maîtres russes du deathcore. La promesse est claire : le Motocultor 2026 s’annonce une fois de plus comme une belle édition festive sous le signe du Metal.

Texte et photos : François Capdeville

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