12/9/2025

Post Malone électrise La Défense Arena dans un show grandiose et sincère

Le mercredi 3 septembre 2025, La Défense Arena, la plus grande salle indoor d’Europe, fut le temple de la fusion des genres. Post Malone, pilier insaisissable de la pop, du hip-hop, du rock et de la country, a investit l’arène parisienne dans le cadre de son Big Ass World Tour — une escale attendue par un public désireux de découvrir ce gap stylistique hors norme.

Et, pour nous — admirateurs des riffs saturés et des blasts infernaux — ce n’est pas un pas hors de nos sentiers battus, mais une exploration captivante d’un improbable pont musical.

Post Malone, de son vrai nom Austin Richard Post, n’est pas un artiste metal. Mais suffisamment lié à cette esthétique — tatouages visibles, voix parfois rauque, ambiance brûlante sur scène — pour piquer la curiosité des aficionados de gros sons. Il a même partagé un feat avec le prince des ténèbres lui-même, Ozzy Osbourne, avec le titre “Take What You Want” il y a 5 ans, offrant une preuve supplémentaire que les frontières musicales, pour lui, se conçoivent comme des invitations à déséquilibrer les attentes.


Jelly Roll, plus qu’un invité : un vrai frère de scène

Si le nom de Jelly Roll vous dit quelque chose, c’est sans doute parce qu’on l’a récemment entendu (enfin l’année dernière) aux côtés de Ronnie Radke sur “All My Life” de Falling in Reverse. Une collaboration qui illustre bien à quel point les frontières entre country, rock, hip-hop et même metal sont aujourd’hui plus perméables que jamais.

Invité d’honneur sur cette tournée, il a fait forte impression avec sa voix rocailleuse et ses textes très incarnés. Son passage n’était pas un simple prétexte marketing, mais un véritable ajout à la dimension émotionnelle du show.


Une montée en puissance calibrée et sans artifices

Le concert s’ouvre en douceur avec “Texas Tea”, morceau country aux accents presque rustiques, porté par la voix éraillée de Post Malone. Une entrée en matière diablement efficace.

Très vite, les choses s’accélèrent avec une salve de tubes imparables : “Wow”, “Better Now”, “Go Flex”... Le flow est là, la voix est juste, et surtout, l’énergie sur scène est viscérale. Pas de playback ni de chorégraphies fabriquées — juste un artiste et ses musiciens qui jouent à fond. Le tempo s’emballe, et la foule devient une mer mouvante de bras levés.

Puis vient “I Fall Apart”, moment suspendu du concert. La voix de Post se brise presque, chargée d’une émotion sincère qui résonne jusque dans les gradins. Un moment fort, une sincérité indiscutable. On est loin des artifices pop.

La soirée se teinte ensuite de complicité. Post invite Jelly Roll pour “Losers”, et plus tard Chris Stapleton pour le bouleversant “California Sober”. Des duos qui sentent la bière, l’authentique, et les cœurs cabossés. Ce ne sont pas des feats gadget, mais de vrais moments d’échange. La country, le rocket le rap fusionnent en une langue commune : celle de l’émotion brute.

Puis arrivent les mastodontes. Et “Rockstar”, c’est LE morceau qui a fait lever même les plus sceptiques. Véritable déflagration visuelle et sonore. Pyrotechnie millimétrée, basse lourde, attitude frondeuse, Post Malone saute, crache presque ses mots, et nous balance une version plus rock que l’original. C’est tout simplement massif.

Pas de pogo, non — la rage est remplacée par une énergie dansante et presque joyeuse. Mais la scénographie fait appel aux mêmes instincts primaires que le metal live : vibrer, crier, perdre le contrôle.

Le final est à la hauteur de l’arène : “Sunflower” offre une respiration, presque onirique, avant que “Congratulations” ne vienne clôturer le set dans une explosion de lumière, interprété sur une estrade surélevée au milieu de la salle. On touche alors à une forme de communion rare dans les concerts de cette ampleur : tout le monde chante, danse, rit — les fans de la première heure comme les curieux de passage.

Post Malone a prouvé que l’authenticité se sent, peu importe le genre.

Alors oui, il n’avait pas de guitare 7 cordes ni de mur d’amplis derrière lui, et, bien que metalleuse, je n'étais pas venue ce soir là chercher des break downs ou des screams ; à la place, j’ai trouvé de la puissance, de l’émotion brute et une vraie présence scénique. Et ça, c’est universel.

En quittant la Défense Arena, on repense à cette phrase Le metal, ce n’est pas un genre, c’est une attitude.” Et même si Post Malone ne joue pas de metal au sens strict, l’attitude y était. Le respect de la scène. L’investissement total. L’envie de rassembler, de faire vibrer, de foutre des frissons. Et cette sincérité là, on sait la reconnaître à des kilomètres.

Alors, est-ce qu’un concert de Post Malone mérite sa place dans un média orienté metal? Après ce qu’on a vécu le mercredi 3 septembre, la réponse est oui. Non pas pour une question de cases à cocher ou de passerelles à construire artificiellement, mais parce que la musique live, quand elle est faite avec les tripes, mérite d’être défendue. Et puis, avouons le : voir un type tatoué jusqu’aux paupières, gueuler des refrains comme un prêcheur païen devant 30 000 personnes, avec une guitare en bandoulière et une larme au coin de l’œil… ça fait écho à bien plus de choses qu’un simple concert de pop-rap américain.

Texte : Stéphanie Morgado (insta : @sekhmet_eve)

Photos : Jérôme Meyer (insta : @jRAWmeyer)

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