C'est avec beaucoup de hâte que j'attendais de voir Zeal & Ardor en live, surtout après la sortie de leur album Grief, un véritable bijou musical ! Le projet avant-gardiste Zeal & Ardor, démarré par Manuel Gagneux en 2013, est unique en son genre. Fusionnant black metal, blues, gospel, musique soul et effets électroniques, chaque morceau porte une identité propre, portée par la voix si reconnaissable de son leader.

Avec Grief (le Vogel Greif de Bâle, le griffon, symbole de rébellion contre la division des classes, ndlr), Manuel marque sa volonté de rester dans des thématiques provocatrices, tout en proposant une évolution musicale pour ce 5ème album avec pour la première fois une implication de ses musiciens dans la création et qui reflète l'ouverture hyper éclectique des musiciens.

Un peu en retard, j'arrive à l'Elysée Montmartre tout juste pour voir la 1ère partie, Dom Zły. Le groupe polonais est complètement porté par l'énergie de la chanteuse Ania Truszkowska, représentant sur scène viscéralement leur vision d'un monde dégénéré et la noirceur quotidienne qu'ils ressentent. Ils vivent chaque note jouée, autant intérieurement qu’ils l’expriment, devant un public conquis. Le jeu de lumière en faisceaux, blanc et violet, donne un effet visuel de voilages, comme un linceul ajoutant une trame émotionnelle à l'intensité de la scène...
Je reste sur cette note, cherchant ensuite le meilleur endroit pour profiter du show de Zeal & Ardor, dans une salle bien remplie. J'avais particulièrement hâte de voir Fend You Off en live, tellement ce morceau me transporte. Au final, c'est une expérience émotionnelle totale que je vivrai tout au lon du concert.
“The Lion, The Bird and The Wilkin” ouvre le bal. Les Zeal & Ardor investissent la scène en toge noire, Manuel portant la croix inversée sur sa sangle de guitare. Et, les visages cachés par leurs capuches, ils imposent en à peine 1 morceau une atmosphère envoûtante.


Quand ils enchaînent avec l'énergie brute de Götterdämmerung, c'est l'explosion. Tout le monde est à fond. Ça pogote sec devant. Du coup, portés par la dynamique du public, les musiciens sont de plus en plus investis. Ils communiquent entre eux, ils communient avec le public. Sans parler de la présence de Manuel Gagneux, dont la voix envoûtante est soutenue avec ferveur par ses choristes.
Il faut dire que les chants gospel, les cliquetis de chaînes d'esclaves, les claquements de mains en rythme... toute cette ambiance créé un véritable échange, avec un sentiment communautaire profond. Oui, vous l’avez reconnu, Devil is Fine met des frissons dans toute la salle.

Bref, tout le monde chante, pogote, clap des mains...
Manuel Gagneux est étonné et ravi de voir un tel engouement: "alors c'est ça un dimanche à Paris ??!" Il ouvre de grands yeux et sourit jusqu'aux oreilles, se retournant plusieurs fois vers ses acolytes, le regard incrédule, en train de réaliser que les gens répondent à ce qu’il a créé, à ce qu’ils ont créé. Son visage ébahi et heureux renforce le sentiment de communication avec le public !

Les voilà déchaînés....
Le bassiste finit par pogoter avec le choriste, pendant que les sons électro ajoutent un effet mental puissant. C'est rare de voir une richesse musicale pareille et une maîtrise de la diversité où chaque instru, chaque couche d'effets est à sa place.

2 mots me viennent au lendemain de ce concert : captivant et vivant.
Alors si vous avez l'occasion d'aller voir Zeal & Ardor en live, foncez. Mettez au placard tout ce que vous croyez connaître. Laissez-vous porter par vos émotions et chantez avec les chœurs, chantez avec votre cœur.
Texte : Juliette Saturne
Photos : François Capdeville
Setlist
the Bird, the Lion and the Wildkin
Wake of a Nation
Götterdämmerung
Ship on Fire
Erase
Gravedigger's Chant
Fend You Off
Kilonova
Blood in the River
Run
Tuskegee
Row Row
to my ilk
Sugarcoat
Death to the Holy
Devil Is Fine
une ville vide
Trust No One
At the Seams
Don't You Dare
I Caught You
Clawing out