20/11/2025

Megadeth x Disturbed à l'assaut du Zénith

Chers Métalleux de France, nous sommes ravis de partager avec vous notre rentrée musicale avec les très emblématiques Megadeth et ceux en train de le devenir, Disturbed.

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Des riffs qui ont traversé les années, connus même du grand public pour leurs visuels accrocheurs aux multiples têtes de mort, nous avons retrouvé Megadeth dimanche 12 octobre au Zénith de Paris pour pas moins de 50 minutes de concert, un exploit pour les musiciens d'une soixantaine d'années qui font trembler les scènes du monde entier depuis 1983. 

Dirk Verbeuren se rappelle avec émotion de leur premier Zenith de Paris en 1990 aux côtés des non moins connus Slayer, Suicidal Tendencies et Testament. Ils y reviennent pour la troisième fois cette année, et leur véhémence et leur vigueur étaient remarquables tout au long du show.

Le célèbre groupe de thrash métal, qui nous a offert un concert très axé heavy/speed, ne s'encombre pas de fioritures :  la salle s'obscurcit, la scène s'illumine et les voilà déjà en pleine performance. Un ravissement pour ce public de fans – car la légende veut que beaucoup sont là pour voir Dave Mustaine, Dirk Verbeuren, James LoMenzo et Teemu Mäntysaari, ainsi qu'en témoignent les nombreux tee-shirts arborés dans la salle.

Après presque un an et demi d'absence sur la scène française, ils jouent la première partie de Disturbed et le public, bien qu'à froid, est au rendez-vous dès la première chanson, Hangar 18, pour rocker sur les sons mythiques du groupe.

Le groupe enchaîne les performances musicales dans un best of des plus grands hymnes de la carrière du  groupe de 1985 à nos  jours (40 ans) avec Wake up Dead, Angry Again, Sweating Bullets, Trust et Tornado of Souls.

Généreux en riffs mais peu en discours, après A tout le monde, nous avons le plaisir d'apprendre de la bouche du leader et fondateur - ancien soliste de Metallica - Dave Mustaine, que leur 17ème album, éponyme, sortira au début de l'année 2026.

A la suite de cette annonce, je décide de m'aventurer dans le moshpit pour prendre la température de la foule et profiter de l'ambiance sur la superbe Peace Sells. Le pogo, digne d'un groupe de glam, n’est pas trop violent, presque timide, dans une sorte de politesse ambiante.

Le décor scénique, style hard rock, est minimaliste et a pour seul but de mettre la musique en avant : 12 amplis Marshall (6 de chaque côté) encadrent la scène et retransmettent la puissance sonore de la prestation : solos de guitares blindés de riffs très lourds, basse chatouillant les oreilles près des sonos, batterie déchainée très présente et centrale, témoignent du grand respect que se vouent mutuellement les musiciens. Je suis impressionnée de découvrir en live le talent de Teemu Mäntysaari, le nouveau guitariste soliste virtuose qui accompagne Dave Mustaine depuis septembre 2023. L’ex Wintersun a réussi à absorber et synthétiser avec brio toutes l’essence des différentes périodes sonores du groupe traversées par une pléthore de Guitar Heroes en y ajoutant sa patte inimitable.

Les lumières sont parfaitement dans le ton thrash métal des 80's/90's avec un petit côté Rock'n'roller coaster : des faisceaux tapageurs et hypnotiques, illuminent la scène, chaque chanson se pare de sa teinte propre, formant un tableau électrique vivant.

Nous aurons droit à Symphony of Destruction avant un final très chaleureux sur Holy Wars… The Punishment Due. Le groupe montre toute sa reconnaissance à ce public enthousiaste : ils balancent jusqu'à la mousse des micros à le foule qui les ovationne pendant 6 bonnes minutes de saluts. Les dernières résonnances de leur habituel Outro, Silent Scorn, se fondent dans un mix parfait avec My Way de Sid Vicious, comme si le concert continuait pendant la pause avant l'entrée de Disturbed, avant d'enchaîner sur des chansons d'autres artistes aux influences similaires, comme les plus riffées de Deep Purple. Une expérience désarçonnante, car on ne veut pas quitter la salle pour continuer à profiter de l’acoustique et des sons de prédilection.

Megadeth entame prochainement son dernier cycle avec un nouvel album à paraître en 2026, et une tournée d’adieu qui, on l’espère, passera par chez nous, à commencer par l'annonce officielle de leur présence au Hellfest 2026…

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La foule déjà bien chauffée par Megadeth, se densifie pour accueillir Disturbed. Malgré les rumeurs d’annulation, le concert est maintenu et la sécurité renforcée, ce qui ravit le public venu encourager le groupe de nu-métal de Chicago.

Après une intro vidéo d'environ 3 minutes évoquant le temps, l'internement et la folie, entre photos de l’histoire du groupe et montages d’images psychédéliques, une seconde intro de jeu d'ombres sur le rideau met la foule en délire à l'idée de dévoiler les musiciens qui l'anime. Le rideau se lève enfin, dévoilant la scène ou s’empilent des tours de métal en arrière-scène, et à la stupeur générale, une avancée de scène a été installée malgré la taille de la salle, qui apportera au show une valeur de proximité avec les artistes, rendant plus accessible et sympathique le groupe composé de David Draiman, Dan Donegan, John Moyer et Mike Wengren, avantagera la visibilité des personnes qui préfèrent le fond de la salle à l’ambiance de la fosse, et donnera au spectacle une dimension immersive dans les différents narratifs.

Le premier narratif commence dès le rideau levé : un infirmier pousse un chariot vertical, sur lequel David Draiman, en camisole de force façon Hannibal Lecter, est attaché et muselé. L’infirmier le détache, lui retire la camisole et s’éloigne. Le chanteur porte alors le fameux uniforme des prisonnier, noir, avec l’inscription D.O.C. (Department of Corrections) au dos. Une note de guitare résonne, et la foule hurle d’impatience. Des basses tremblent dans le silence qui précède le choc.

La voix de DD brise ce moment suspendu dans un cri : « So ! Are you breathing ? ». 

Les musiciens entament Voices, la première chanson de leur album très connu, The Sickness - premier album studio sorti à l'origine en 2000, certifié quadruple-disque de platine - à l'occasion de sa réédition pour le 25eme anniversaire de leur plus grand succès, qu’ils joueront intégralement dans l'ordre de l’album. 

Un moshpit se forme et, une fois n’est pas coutume, je me lance dedans pendant The Game. Soft, rempli de gens cutes, j’y reste jusqu’à la fin de Stupify. Quand les premières notes de Down with the Sickness, leur master song, résonnent dans la salle, le pit s’enflamme à toute vitesse, les gens deviennent déjantés, certains le ‘privatisent’ même avant de se jeter dedans à corps (et âme) perdue. On ressent la joie de la foule qui s’extasie et chante (ou s’égosille) avec le groupe, certains slamment… 

La scène s’embrase de pyrotechnie : colonnes de feu quasi continues, feux d’artifice occasionnels, accompagnés d’écrans formant des barreaux métalliques, renforçant le côté carcéral et industriel de l’ambiance.

David Draiman participe activement, introduisant les chansons de rires dignes des plus grands fous par ci, ponctuant de quelques mots par-là, pour chauffer la foule. Leur reprise de Shout du groupe mythique Tears for Fears n’en finit pas de faire hurler et chanter en cœur les derniers récalcitrants.

Droppin’ plates se termine, la salle sombre dans l’obscurité et une pluie torrentielle se met à tomber… sur les écrans. L’orage se fait de plus en plus puissant à mesure que les minutes s’écoulent, les éclairs, le tonnerre, puis des cris dans la nuit, des rires démoniaques…  Quand enfin, la lumière, la pluie continue à tomber, une chaise électrique campe maintenant au milieu de la salle, au centre de la rallonge. Un prisonnier vêtu de la très célèbre combinaison orange fait son entrée, David D de nouveau muselé avec une reproduction parfaite du masque d’Hannibal, menotté, escorté par un gardien de prison (le même qui jouait le rôle de l’infirmier au début), dans un cliquetis de chaîne jusqu’à sa dernière assise. Le gardien l’attache par les mains, les pieds, lui retire son masque et tandis qu’il lui place sur la tête le casque qui appliquera la sentence, un déclic de porte qu’on ouvre, des bruits de pas et la voix du bourreau résonne :
« Target number 080496 — you’ve been convicted in this estate for the crimes of encouraging rebellion, of exposing contradictions within imposed narratives, of exercising a right you were never granted… »
La salle retient son souffle.
« May God have mercy on your soul… ». 

Un rire sardonique précède l’enclenchement de la première salve d’électricité. David Draiman joue le jeu jusqu’au bout : tremblant, serrant les dents, son corps se contracte sous l’impact des quelques 2000 volts qui lui traversent le corps. La foule crie, et dans un second feu d’artifice la deuxième salve part. C’est dans un bruit de cardioscope que Meaning of Life débute.
Ironie du sort : ce “numéro de cible”, 080496, n’est autre que la date du premier jour de tout — celui de son audition pour Disturbed. La sentence tombe, mais elle ne scelle pas une fin — elle rappelle au contraire l’origine de tout. La “condamnation” devient une renaissance, une manière pour le groupe de boucler la boucle : mourir symboliquement sur scène pour renaître dans la musique.


Les musiciens reviennent sur scène, tous vêtus de l’uniforme traditionnel des prisonniers américain. David Draiman, invincible, se relève, le crâne en sang, et monte insolemment sur l’objet de son supplice. Pendant l’ultime chanson de l’album, un moment particulièrement touchant se mêle à l’ambiance : le groupe joue le refrain de Crazy Train, dans un hommage évident à celui qui a jeté le deuil sur toute la communauté métalleuse depuis juillet, notre très regretté Ozzy Osbourne.

Après ce show qui laisse à la foule un goût de satisfaction, le rideau tombe.


Pour laisser place à un entracte de 20 minutes !

Disturbed n’a pas fini de montrer l’étendue de ses talents à la foule parisienne ce soir.

De retour dans la salle après cette pause amplement méritée, Disturbed nous fait découvrir en live sa dernière sortie, I will not break, leur nouvel EP sorti ce 21 février 2025. David porte une robe noire en toile lacée d’une chaîne sur l’avant, qui lui confère quelque peu l’apparence d’un ange déchu. Arrivée en courant dans la salle pendant la chanson, j’ai manqué les premières notes, ce qui m’a amenée à penser qu’il s’agissait de Stricken, tant la ressemblance de plusieurs accords est troublante.
Une créature géante tout droit venue des ténèbres surgit derrière Mike Wengren, le batteur qui se déchaîne sur ses caisses sans retenue.

Draiman ôte sa robe pour laisser place à une tenue plus simple, semblable à celles de ses congénères : jeans et débardeurs noirs. Il lève le bras bien haut dans les airs pour annoncer la couleur, et c’est dans une déflagration de lumières, de batterie et de feu qu’ils jouent Ten Thousand Fists de l’album éponyme sorti en 2005.
Les solos de guitares vont bon train sur Land of Confusion du même album qui s’ensuit, le guitariste, Dan Donegan, assurant son rôle avec brio, et adoptant les meilleures pauses imaginables tout au long du concert pour satisfaire ses fans et leur offrir des clichés des plus réussis.

Comment ne pas reconnaître ce qui vient après ? Les sirènes de guerres retentissent soudain ! L’instinct de courir aux abris me prend aux tripes, le temps que l’info fasse son chemin dans mon esprit : Indestructible, de l’album du même nom, sortis en 2008, commence accompagné d’un éclairage rouge infernal et de stroboscopes.

Un moment rare de calme envahit soudain la salle : le rideau est tombé, les lumières se sont éteintes. Quand elles se rallument, les spots saturés ont laissé place à une douce lumière bluesy, la salle est plongée dans la pénombre et seuls quelques faisceaux de lumière chaude éclairent les musiciens : en plus de nos 4 Dérangés, une contrebassiste, une violoncelliste un violoniste et un guitariste d’acoustique se sont joint à eux, installés derrière des pupitres devant le rideau qui représente désormais des lustres dignes des souterrains du Fantôme de l’Opéra, ou du moins, ce qu’on en imagine.
Dan a troqué sa guitare électrique capable d’enflammer des lignes à haute tension, pour un piano demi-queue qui trône à l’avant-scène magistralement ; Mike lui assure toujours les percussions sur un énorme tambour juste à côté du piano ; seul John Moyer, à la basse, reste fidèle à son instrument, et bien sûr David, qui vient chanter comme on a un coup de foudre, comme on déclame du Shakespeare ou du Rostand, qui vient hurler du fond de son être sa douleur, qui des tréfonds de son âme adresse une supplique à Dieu. C’est The Sound of Silence.
La reprise de la mythique mélopée des icônes Paul Simon et Art Garfunkel qui s’élève comme une prière qui unit tous les spectateurs en cet instant suspendu. Sortie en EP en 2024, la version studio faisait pourtant à peine frémir les arbres, mais ce soir, c’est toute la forêt qui retient son souffle pour écouter et recevoir ces 6 minutes de beauté et de perfection. Au contraire de la forêt, la foule elle, accompagne toute l’introduction qui voit s’installer les musiciens en chantant, avant de laisser la voix profonde et grave de David envahir nos êtres.

Comment parler encore après ça ? C’est comme se relever d’une chute.
L’ovation qui suit nous aide à reprendre pied, ainsi que le discours de David introduisant The Light de l’album Immortalized (2015) : il invite un frère et une sœur d’environ 7 ans à monter sur scène, puis il rappelle à quel point notre monde peut être sombre souvent, et au quotidien, mais que ce soir, ‘ni politique ni bullshit ne compte’, il explique qu’en tant que groupe de musique qui aborde des sujets profonds, importants, voire sensibles, il faut se rappeler l’importance de la fraternité, de la sororité, de l’unité, car c’est des ténèbres que l’on tire la lumière… The Light débute sous les flashs du public (à qui on a pourtant rien demandé), et les quelques rares flammes de briquets qui rappellent un temps que les moins de 20 ans ne connaissent plus que rarement.

Sentant la fin approcher, je décide de retourner dans le moshpit. Et je ne suis pas déçue : à peine arrivée je me prends un coup dans l’arcade et me retrouve en un instant au sol, relevée et poussée hors du pit par quelques coreligionnaires attentionnés, appliquant par la même le commandement de DD qui, s’adressant à la foule entre deux chansons, rappelait aux hommes de la salle que leur mission était de protéger les dames coûte que coûte. Les pogos ont pris une ampleur totalement inattendue depuis les petits jeux de récréation du début.
C’est sur Inside the Fire (Indestructible), morceau parmi les plus intimes et sombres de leur répertoire, que Disturbed a choisi de refermer la soirée. Un choix lourd de sens, ancré dans une histoire personnelle douloureuse née d’une blessure profonde que Draiman a su transformer en exorcisme musical. Le groupe offre une dernière déflagration, à la fois cathartique et poignante.

Le final est très similaire à celui de Megadeth : riffs allant bon train, batterie et basse qui donnent tout pour ce baroud d’honneur… David se présente, et on les sent heureux d’avoir passé ces 2 heures de concert avec ce public très réceptif à leur grande générosité.
Le rideau tombe pour la dernière fois et hormis les quelques personnes concentrées sur leur quête d’un médiator, on ressent une grande satisfaction parmi les spectateurs qui commentent joyeusement tout en se dirigeant vers la sortie. 

Report : Abigaïl Malka

Crédits photos : Jérôme Meyer (insta : @jRAWmeyer)
Remerciements : Théo SL, Jérôme C., Olivier Granger, Yarden B. 

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