14/7/2025

Lynyrd Skynyrd, un goût de nostalgie

Ma passion pour le rock sudiste en général et Lynyrd Skynyrd en particulier dure depuis près de 50 ans. C'est en 1977 que j'ai acquis mon premier vinyle du groupe de Jacksonville, celui avec les flammes tout autour des musiciens sorti 3 jours avant le terrible accident d'avion, « Street Survivors ». Je l'ai usé sur ma platine avant d'acquérir le reste de leur discographie dans les mois qui ont suivi. Au début des 90's je me suis rué sur le « Lynyrd Skynyrd 1991 », premier album de la reformation post-crash. Mais ce n'est que l'année suivante que j'ai enfin pu les voir sur scène pour l'avant-dernière date de la tournée correspondante, à l'Eissporthalle de Berlin où je travaillais à l'époque pour la FNAC. Je garde un souvenir ému de ce concert que j'attendais depuis si longtemps. Je n'ai bien évidemment pas eu la chance de voir Ronnie Van Zant sur scène mais pouvoir admirer en vrai son frère Johnny, Gary Rossington, Ed King, Randal Hall, Leon Wilkeson, Billy Powell et Dale Krantz-Rossington, quel bonheur ! Il me faudra attendre le Twenty Tour en 1997 pour les retrouver au Zénith de Paris avec un Bruce Dickinson à la peine en 1ère partie devant un public tout acquis à la cause sudiste. Puis ce sera en 2003 pour le Vicious Cycle Tour de nouveau dans la salle de la Porte de Pantin mais cette fois en 1ère partie de Purple alors qu'ils auraient largement mérité la tête d'affiche même si le groupe de Ian Gillan fut très bon avec le grand Steve Morse à la guitare. Ce n'est qu'en 2012 que je les reverrai pour le premier Hellfest de mon fils Tomi qui, à 4 ans, voulait déjà voir Molly Hatchet sur scène. Il faut dire que cette édition 2012 fut une des rares à proposer non pas 1 mais 2 groupes de rock sudiste, suffisamment rare pour être souligné car ce genre musical est rarement représenté à Clisson et c'est bien dommage ! Skynyrd tournait alors pour promouvoir son ultime album studio « Last Of A Dyin' Breed » et ce concert en festival ne m'a guère marqué. Tout le contraire de celui de 2019 au même endroit pour la tournée d'adieu des Américains. Il faut dire que ce fut la dernière chance de voir Gary sur scène avec eux et cette prestation restera assurément dans ma mémoire et celle des autres festivaliers présents. Ce fut d'ailleurs une autre occasion de voir 2 groupes sudistes dans la même journée au Hellfest puisque Blackberry Smoke était passé un peu plus tôt sur la Mainstage. 

En tout cas je fus un peu surpris de l'annonce de cette nouvelle tournée 2025 de Skynyrd après le décès de Gary qui restait le seul membre originel de la formation. Certains rétorqueront que Ricky Medlocke était déjà présent en 1971-1972 mais cela me paraît être un argument peu probant dans la mesure où il est surtout reconnu pour sa carrière au sein de Blackfoot pendant plus de 25 ans avant de réellement prendre part à l'aventure Skynyrd à la fin du siècle dernier. On pourra aussi me dire que Johnny a passé plus de temps derrière le micro que son frère Ronnie à savoir près de 40 ans contre une grosse dizaine d'années mais Ronnie reste LE chanteur de Lynyrd Skynyrd encore aujourd'hui et la fin du concert avec la vidéo et le chapeau sur le pied de micro en restent à jamais la preuve incontestable. Donc on peut dire que le groupe actuel est un Tribute à LS mais un Tribute « de luxe » avec des musiciens au talent incontestable et on aurait tort de se priver d'aller les voir pour de mauvaises raisons... C'est pourquoi j'ai décidé de me rendre au Zénith en ce début juillet 2025. Mon fils m'y a accompagné car il n'avait pu les voir au Hellfest en 2012 du fait de son jeune âge à son grand regret...

La soirée commence avec le profondément ennuyeux Simon McBride qui est devenu le guitariste de Deep Purple il y a 3 ans. Ceux qui me lisent savent que je préfèrais nettement Steve Morse. Simon est probablement un bon technicien de la guitare mais question feeling c'est très moyen ! Et en solo c'est pire. Les compos sont inexistantes et il est obligé de faire des reprises pour combler ce manque d'inspiration. Ce sont d'ailleurs probablement les seuls moments qui présentent un quelconque intérêt notamment lorsqu'il revisite « The Stealer » de Free ou « Lovesong » de The Cure. Celle de Bryan Adams, « Kids Wanna Rock », ne m'a guère convaincu. Et puis cette obsession de lancer des intros de Purple histoire de dire « vous avez vu c'est moi le nouveau guitariste »  c'est proprement pathétique et vraiment malvenu. Si tu veux vraiment « percer » en solo, il va falloir couper le cordon ombilical sinon c'est mort ! Bref Simon McBride n'était pas ma came avec le Pourpre Profond et l'est encore moins en solo/trio...

Heureusement que Lynyrd va remettre la soirée d'équerre ! A 21h15 pétantes, les Américains montent sur scène après une brève vidéo commémorative et c'est parti pour 1 heure et demie de Best Of et de nostalgie. La setlist est la même sur toute la tournée et on pourrait même dire sans trop se tromper depuis plus de 30 ans mais alors quelle setlist ! Ca commence en fanfare avec ce bijou southern rock qu'est « Workin' For MCA » de « Second Helping » (1974) et on est directement projetés dans le Sud des Etats-Unis. Mes « madeleines de Proust » arrivent juste derrière avec la triplette « What's Your Name », « That Smell » et « I Know A Little » qui me replongent près de 50 ans en arrière devant ma platine vinyle Pioneer de l'époque. Petit détour par l'album « Nuthin' Fancy » de 1975 pour un très bon « Saturday Night Special » avec son riff lancinant. Retour aux origines avec un « Down South Jukin' » du début des 70's, du temps où Ricky officiait derrière les fûts. « Gimme Back My Bullets » de l'album éponyme de 1976 sera repris en cœur par la foule à la demande de Johnny qui est tout sourire depuis le début de la prestation du groupe. On reste sur ce même opus avec le plus rarement joué en live mais néanmoins intéressant « Cry For The Bad Man ». Un vrai bonheur de réentendre « The Needle And The Spoon » de 1974 avec ses guitares qui rivalisent d'imagination. A ce propos, mention spéciale au remplaçant de Gary Rossington, Damon Johnson, que j'avais découvert au sein de Black Star Riders, et qui accomplit un travail remarquable de soliste à la six-cordes tout au long du concert. Moment émotion avec l'hommage à Gary Rossington via un montage vidéo diffusé sur l'écran et une reprise sublime de « Tuesday's Gone » du premier album. Un harmoniciste monte sur scène à cette occasion et Peter Keys en profite pour délivrer un très mélancolique solo de piano. La séquence émotion continue avec « Simple Man », sans dout la plus belle ballade de Skynyrd reprise en choeur à l'unisson par le public. Et on continue avec le premier album pour un « Gimme Three Steps », véritable quintessence du rock sudiste avec ses guitares flamboyantes avant un « Call Me The Breeze » de J.J. Cale mené tambour battant par les baguettes de Michael Cartellone décidément en très grande forme. Et le moment tant attendu par l'assemblée déboule à savoir « Sweet Home Alabama » qui voit tous les téléphones se dresser au dessus des têtes sans grand respect pour les spectateurs situés derrière mais bon ! Et bien sûr ce sera « fromage et dessert » avec « Free Bird » et son final incandescent dominé par les guitares de Rickey, Damon et Mark Matejka sans oublier la voix de Ronnie, son visage sur l'écran et le légendaire chapeau sur le pied de micro en milieu de scène. Bel hommage comme à chaque fois !

Ce sixième rendez-vous avec Skynyrd ne sera pas mon meilleur car j'ai nettement préféré celui de 1992 voire leur dernier passage au Hellfest avec Gary mais la nostalgie a fonctionné à plein régime et je m'en serais voulu de ne pas y avoir été pour les revoir une dernière fois !

Merci à Matthieu D.

Livre Report par Olivier Carle

Photos par David Poulain

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