17/10/2025

L’explosion d’une Supernova du rock

Le duo Nova Twins est né en 2014 à Londres. Elles enchainent rapidement les tournées, sont consacrées « meilleur groupe dont vous n’avez jamais entendu parler » par Tom Morello. Personnellement je les ai découvertes avec Fever 333 et j’avais eu un coup de cœur. D’autant que je suis sensible aux artistes engagé.e.s. Elles prennent position pour une programmation égalitaire des artistes britaniques POC (People of color) et défendent la diversité des genres. 

Leur dernier album Parasites & Butterflies est celui de la mâturité. (Même si je pense qu’on est pas au bout de nos surprises avec elles). Elles nous montrent une force ultra féminine, avec une délicate intensivité. Elles partagent leur vécu, les moments heureux comme les moments difficiles, pour répondre aux personnes qui leur écrivent en privé et dire à tout le monde qu’elles comprennent, et que tous ensembles on peut se sentir mieux.  

Vous l’aurez compris : je suis allée au concert des Nova Twins en parti pris : je les adore. J’étais sûre de passer un excellent moment. 

J’ai passé un moment excellentissime !!

Arrivée bien en avance pour retrouver la photographe avec qui je partagerai cette soirée, Sara Mahouachi, j’ai le temps d’apprécier la salle que je ne connais pas. Hyper intimiste, elle promet un show comme j’aime : où tout le monde peut profiter du spectacle avec une bonne acoustique (même si je vous conseille le port de bouchons en tout lieu à fort dBs).

C’est Hotwax qui se fait un plaisir d’ouvrir le show. Je ne connais pas du tout ! Et je me retrouve enthousiasmée par leur punk-rock un peu grungy à l’anglaise (typiquement !). Elles et il sont super jeunes, ont encore du temps pour évoluer musicalement. Mais le show est assuré, la scène est habitée. La bassiste s’amuse à tenir son instru à la verticale et les looks paillettes et léopard complètent bien ce côté un peu Peaches sur les bords. La comparaison s’arrête là. Musicalement c’est saturé, rocailleux. Pas de chichis, on rentre dans le vif du sujet avec des rythmiques bondissantes, qui alternent avec des mélodies travaillées et des refrains frais et ravageurs. Les guitares bavent, la batterie abuse de la charley, bref, on est dans du classico rock grunge. 

Pour ma part, j’ai passé un bon moment. Pas d’effet wow par contre, pas de révélation. Un sentiment de déjà vu plutôt. Mais qui n’a pas entaché ma bonne humeur avec ce show ! Encore une fois, ils ont à peine 20 ans ! Laissons-leur le temps de mâturer et de s’affirmer :)

La pause est longue, on déplore un bar avec seulement 2 serveurs et une queue démotivante. Je fais demi-tour quand je tombe sur Audrey « Sefairefood », avec qui je passerai la demi-heure suivante à parler musique. Haaaa la passion ! 

Pile de quoi garder la pêche pour celles qu’on attend ! J’ai nommé Nova Twins !

J’annonce : j’ai dévoré le concert ! J’étais tout devant, les yeux et les oreilles grands ouverts !

La déco est là : des roses blanches géantes, les murs d’ampli Marshall estampillés de 2 papillons, à l’effigie de leur dernier album : Parasites & Butterflies

Elles commencent le show par le dernier track d’ailleurs : Black Roses. Excellent choix je trouve, pour une mise en bouche. Elles s’annoncent énergiques, magnifiques, prêtes à communier avec le public. On chante avec elles Black Roses !

Oh oui on aime ce son ! Je suis subjuguée : à elles 2 et leur fidèle pilier, le batteur Jake Woodward, ils envoient autant qu’un groupe entier !! 

En même temps, quand on voit le nombre de pédales qu’elles ont !! C’est à s’en évanouir !

Pour info : on (les médias accrédités) avait pour mot d‘ordre de ne pas prendre en photo les pédaliers, qu’elles ont de toute façon recouvert de ruban adhésif. Normal, ces pédaliers (et leur créativité), c’est leur botte secrète, leur signature. Et cela est tout à fait respectable. 

Fuzz qui crissent, changements de pitch improbables, sons de synthé passés sous rouleau compresseur, sidechains de boucle d’effets…  Georgia a le pied sauvage ! Et tout ça avec une aisance déconcertante et un sourire ravageur. Je pleure ! Au sens figuré mais quand même : je suis complètement admirative de son modulateur en anneau ! Elle s’amuse avec comme une enfant avec sa dinette. Et elle nous fait rêver. Et je ne parle pas d’Amy Love qui nous fait la même avec ses pédales et son 2ème micro sous helium saturé ! 

Le concert est stellaire ! Dès le 3ème morceau, tout le monde chante sur Cleopatra, faux, mais on s’en fiche, tout le monde est déjà à fond. Elles n’ont rien demandé, tout se fait naturellement. 

Le public scande les paroles (« What’s the name bitch, say your name ! » – N.O.V.A.), tape dans les mains, lance les pogos, et part carrément en circle pit sur Piranha.  

Les filles n’attendent même pas la fin du concert pour partir en crowd surfing dans la foule sur Drip, avec leurs instrus. Du coup, pour nous finir, c’est 3 morceaux qu’elles nous offrent en rappel, dont mes chouchous Antagonist et Monsters. Du grand art de la générosité comme on n’en voit plus assez. 

Un petit mot sur Hummingbird, sublimement interprété, avec une intro plus longue, laissant la part belle au magnifique chant iranien (une des origines de Love), et donnant instantanément des frissons à toute la salle.

Pour le dernier morceau, Glory, je suis montée au balcon. Je voulais voir ce que ça donnait d’en haut. Je remarque en traversant le public à quel point il est diversifié : du rocker chevelu de 50 ans au jeune queer-emo au look affirmé… La mixité du public est le réjouissant reflet de l’effet Nova Twins !

Elles ont la volonté de créer une communauté, et c’est réussi. Amy Love et Georgia South, ces Pink Floyd du Punk Hip Rock, prouvent que si les genres musicaux sont des cases, on a le droit de dépasser et de colorier autour ! C’est même recommandé ;)

En sortant je croise la chanteuse de Blastfem qui me dit qu’un petit jeune de 20 piges qui était tout devant s’est mis à pleurer quand Amy lui a fait un signe. C’est beau. 

Que dire de plus, mis à part que ce concert a renforcé ma foi en la magie de la musique, et que ça fait 1 semaine que Nova Twins tourne en boucle dans mon enceinte ? 

Ha si. Vous voyez les personnages créés par Jamie Hewlett ? Gorillaz, Tank Girl… et bien j’imagine les Nova Twins ainsi : 2 super nanas ultra stylées, surfant sur leurs guitares d’un univers à l’autre, déferlant tout sur leur passage, et unissant tous les êtres, en Queens de la musique. 

Texte : Juliette Saturne

Photos : Sara Mahouachi 

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