20/11/2025

La famille Hale en grande pompe à l'Olympia

« I don’t miss you, I miss the misery », voilà les mots qui ont fait vibrer l’Olympia en ce lundi soir automnal. Après une Cigale sold out en décembre 2023, le quatuor pennsylvanien Halestorm, porté par la voix aussi unique que puissante de Lzzy Hale, était de retour à Paris pour une date unique à l’Olympia.

Dès 17h, fans de la première heure et néophytes se bousculaient devant la mythique devanture aux lettres rouges.

Entre enthousiasme et frustration de ne pas « toucher la barrière », chacun y allait de son analyse du dernier album du groupe, « Everest », qui sonne pour certains comme un retour aux sources heavy du groupe, et pour d’autres comme un tournant décisif ou une ode à l’empowerment.

Et s’il s’agissait des deux ? C’est en tout cas ce que laisse penser la setlist, modifiée pour cette date parisienne, entre hits puissants, nouveaux titres exclusifs en live et une cover en hommage au regretté Ozzy Osbourne, grande nouveauté de cette tournée.

Halestorm nous avait déjà habitués à des covers de qualité. C’était d’ailleurs le cas avec leur reprise de « Bad Romance », que beaucoup pensaient entendre ce soir, puisque, au même moment, Lady Gaga se produisait à l’Accor Arena. 19 heures. Les portes s’ouvrent et c’est la course. Une nuée de t-shirts « Everest » se rue vers les portes de la fosse. On y retrouve les fidèles, pass Meet and Greet fièrement accroché autour du cou.

Halestorm n’a pas perdu de sa superbe et sa fanbase est là pour en témoigner. « Vous êtes là pour Bloodywood, vous ? »

20 heures. Un petit groupe d’irréductibles aux t-shirts rose et bleu tente de se frayer un chemin dans la fosse. Les lumières s’éteignent et nous sommes instantanément plongés dans une ambiance mystérieuse, presque mystique, hypnotique.

Bloodywood

Bloodywood ne se fait pas attendre, ni prier. Ils délivrent un set d’une intensité rare, mêlant musique traditionnelle et nu metal. On utilise souvent à tort l’expression « entre tradition et modernité », mais cette fois-ci c’est exactement de cela qu’il s’agit. Sur scène se confrontent tuniques indiennes ornées d’éléphants, pieds nus, New Rocks à plateformes et piercings à l’arcade.

Dans la fosse, au balcon, ça danse, ça chante (approximativement), ça vit, et c’est beau.

Entre chaque morceau, Jayant, le lead singer, et Raoul, au rap, s’adressent à la foule, demandant à chacun de vérifier si son voisin va bien. Car oui, ça pogote, et ce dès le premier morceau.

La setlist est courte, seulement sept morceaux, mais intense, c’est le moins que l’on puisse dire. Les hits s’enchaînent. « Gaddaar » ouvre le bal, suivi de « Aaj », puis du très attendu « Dana Dan », sans oublier « Bekhauf », joué dans une version particulièrement énergique. Bloodywood est un groupe engagé, et le fait savoir. Tout droit venu de New Delhi, il aborde sans concession les thèmes de la corruption politique et de la place des enfants dans un monde où la violence est omniprésente.

On ne sait plus où donner de la tête. C’est un joyeux chaos sur scène et dans le pit photo. Headbangs, pirouettes, danses, solos de dhol… chacun semble évoluer dans sa propre bulle et, paradoxalement, la cohésion est parfaite. Après un wall of death et deux circle pits, notable pour un opener, il est temps pour les six membres de Bloodywood de quitter la scène sous un tonnerre d’applaudissements.

À peine le temps de respirer qu’un immense drap blanc immaculé est déployé devant la scène sur fond de Judas Priest.

Les Halestorm Freaks sont prêts. La batterie retentit, suivie d’un riff. Des ombres fantomatiques se dessinent sur l’immense drap blanc.

Halestorm

L’apothéose. La foule s’agite, ça crie, ça s’impatiente… puis ça explose. Le drap tombe, dévoilant une scénographie soignée, théâtrale, aux accents gothiques. Une immense main griffue de plusieurs mètres surplombe la scène et, derrière elle, le cover du dernier album que les quatre Américains comptent bien défendre ce soir devant le public français. Le ton est donné.

Lzzy se tient au milieu de la scène entourée de Joe et Josh, mi déesse mi démone, tout de noir vêtue, perchée sur les talons vertigineux de ses cuissardes en cuir.

« Fallen Star », « I Miss the Misery », « Love Bites (So Do I) ». Les hits s’enchaînent, la foule, elle, est déchaînée. « This next song is about ménage à trois », lance Lzzy à l’audience déjà en transe, avant d’entamer le sexy « Do Not Disturb ». À peine le temps d’une respiration, le groupe enchaîne sur « Perry Mason » de Ozzy Osbourne, et c’est très réussi. Par moments, on se demande presque s’il ne s’agit pas d’un deep cut d’Halestorm tant ça fonctionne.

La veste tombe et Lzzy dévoile alors une minijupe en cuir corsetée ainsi qu’un débardeur crocheté en métal, lui donnant des airs de guerrière. La transition parfaite pour « Like a Woman Can », littéralement un hymne à l’empowerment féminin qui fait mouche.

Vient ensuite le tant attendu « I Am the Fire », dont le refrain est repris en chœur, à l’unisson, presque déclamé par toute la salle, du sol au balcon.

Ils sont là pour en découdre et nous le font savoir.

Après un snippet de « Familiar Taste of Poison », coupe de vin empoisonné à la main en référence au clip, on est comme transporté dans l’acte II d’une cérémonie païenne. Cette impression de rituel est accentuée et confirmée par « Rain Your Blood on Me ».

Outre une prestation vocale et une maîtrise au-delà de l’impressionnant, on notera une vraie interaction avec le public. Lzzy s’adresse à nous, Josh ne cesse de sourire et Joe, quant à lui, est généreux en médiators lancés dans la foule.

Comment ne pas évoquer ensuite le solo de batterie impressionnant d’Arejay, dont la batterie verte surélevée donne une impression de chimère sur le fond peint où l’on distingue un pont menant à ce qu’on suppose être l’Everest. Mi Frankenstein sur son brancard un soir d’orage, mi Dracula dans les collines transylvaniennes, une chose est sûre, Halestorm maîtrise ses classiques.

Tout semble faire sens puisque le groupe enchaîne sur « Back from the Dead », issu de leur précédent album, puis « Freak Like Me », comme une déclaration d’amour à leurs fans de la première heure.

Nous sommes tous des freaks ce soir.

« Everest » en avant-dernier morceau pourrait sembler audacieux, et ça l’est, mais c’est finalement tout à fait cohérent. Tout le set n’est qu’une montée en intensité et en images fortes, une métaphore parfaitement incarnée par l’ascension de l’Everest.

L’acmé est atteinte et la descente s’amorce avec le réflexif et émotionnel « I Gave You Everything ».

Et si je devais émettre un seul regret, ce serait de ne pas avoir entendu « Mz Hyde », qui se serait parfaitement glissée dans cette setlist déjà impeccable.

Frissons, mais pas de froid. L’ambiance est moite, transpirante. On ne chante plus les paroles, on les hurle.

Vient le moment du rappel. En conclusion, Halestorm nous offre une version particulièrement incarnée de « Darkness Always Wins ». Nous sommes et resterons tous des freaks ce soir, cela ne fait plus aucun doute.

« We’re all fighters, holding up our lighters

Chasing off the monsters, drowning in our sins

With every last breath, try to stop the sunset

Running with the shadows, darkness always wins »… Tout est dit.

Et lorsqu’on pense que c’est fini… ça continue. « I Get Off » et « Here’s to Us » concluent ce show incroyable, ce voyage dans les ténèbres, par un toast porté aux fans français.

Vous l’aurez compris, on n’a pas fini de parler de la famille Hale…

Texte : Sara Mahouachi

Photos : François Capdeville

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