10/4/2024

JUDAS PRIEST & SAXON - Les derniers titans du Metal enflamment Paris

Ce soir d'avril 2024 ce sont 2 titans du heavy metal qui se retrouvent sur la scène du Zénith parisien. On aurait pu avoir également cette autre figure mythique du hard qu'est Uriah Heep comme les autres pays européens où est passée cette tournée mais malheureusement la France est encore une fois soigneusement évitée... Dommage ! Mais ne boudons pas notre plaisir, l'affiche n'en reste pas moins très alléchante. Ce sera donc mon 27ème concert de Saxon depuis la tournée Strong Arm Of The Law en 1980 et mon 13ème de Judas depuis la mythique 1ère partie d'AC/DC au Pavillon de Paris en 1979... Qui aurait pu me dire à l'époque que 45 ans plus tard je reverrais ces 2 groupes cultes ? Bon évidemment les line-ups ont bien changé depuis lors mais Biff et Rob sont toujours derrière le micro, eux qui sont dans leur 73ème année ! Comme quoi le rock ça peut détruire mais aussi « conserver »...

Saxon chauffe le public à blanc

C'est donc Saxon qui ouvre les hostilités à 19h25 pour un set d'une heure et 13 morceaux soigneusement choisis, faisant la part belle aux classiques mais aussi à l'excellent nouvel album « Hell, Fire And Damnation ». C'est d'ailleurs par ce titre éponyme que commence son show. Je suis dans la fosse, à quelques encâblures de la scène car un concert de Saxon ça se vit debout, au milieu des autres fans et dans une ambiance délirante ! Malheureusement le son n'est pas très bon à cet endroit-là et je devrai me déplacer au pied des gradins pour bénéficier d'une meilleure acoustique au bout de quelques minutes...

Les Anglais enchaînent sur un classique que j'affectionne particulièrement, « Motorcycle Man », issu de leur plus grand album « Wheels Of Steel ». Biff est en grande forme vocale et Nigel se déchaîne derrière ses fûts. Je suis replongé 44 ans en arrière et c'est un vrai bonheur. Un bond en avant et on se retrouve en 2013 avec le bien heavy « Sacrifice » qui prouve que malgré les années, Saxon n'a rien perdu de sa fougue. La preuve avec ce tout récent « There's Something In Roswell » qui déboule maintenant et qui aurait tout à fait pu figurer sur un de ses albums du début des années 80.

J'avoue que le fait de voir Brian Tatler de Diamond Head sur scène avec eux me dérange un peu car je l'associe plutôt à son groupe d'origine et que j'ai pris l'habitude de voir Paul à sa place depuis près d'un demi-siècle. Je suppose qu'il va falloir s'y habituer dorénavant car nos héros ne sont pas éternels ! La nostalgie revient en force avec « And The Bands Played On » de 1981 et on revoit les images de Donington et des Monsters Of Rock qui ont tant marqué ces années-là.

C'est maintenant Nibbs qui fait vrombir sa basse pour le formidable et tout nouveau « Madame Guillotine » qui va devenir à n'en point douter un nouveau classique des Britanniques. Puisqu'on parle de classique, en voici un et un beau, « Heavy Metal Thunder » que j'avais découvert en live en 1980 sur la scène du New Theatre d'Oxford pendant mes années N.W.O.B.H.M. ! Et je revois mon nom qui défile au générique du DVD du même nom sorti en 2012 et que je recommande vivement pour comprendre l'impact de Saxon sur la scène hard & heavy. On reste dans les grandes années avec le cultissime « Strong Arm Of The Law » qui restera à jamais dans mon Top 10 des hymnes de notre musique préférée. Les guitares de Brian et de Doug sont en parfaite symbiose et le public est aux anges. Je n'ai jamais aimé le titre « Crusader » qui arrive maintenant et j'en profite pour aller faire un tour afin de mieux revenir pour le plus grand morceau de la bande à Biff à savoir le phénoménal « Dallas 1PM » qui emporte tout sur son passage. La tension est à son comble dans la fosse et ça restera pour moi le meilleur moment de toute la soirée. Autre classique parmi les classiques, « Denim And Leather » ne relâche pas la pression sur les fans d'autant que « Wheels Of Steel » va les achever et les rendre aphones tant ils vont s'égosiller sur le refrain. J'avoue que le choix de « Princess Of The Night » en ultime titre m'a laissé de marbre car je n'ai jamais compris le succès de cette « scie » bien trop pop pour moi. J'aurais nettement préféré un « 747 » ou un « Never Surrender » mais on ne peut pas tout avoir... En une petite heure, Saxon a prouvé qu'il est toujours là et j'espère que cela va durer encore un bon moment !

Place à la machine de guerre Judas Priest

A 21h00 précises, le « War Pigs » de Sabbath retentit dans les enceintes alors que je suis allé m'installer dans les gradins juste devant la table de mixage, histoire de ne rien rater du spectacle et surtout d'avoir le meilleur son possible. La scène est magnifique et le light show sera superbe. Judas Priest s'empare de la scène et on sent que ça va être grand. Rob et ses sbires font comme Saxon et attaquent le set avec le morceau qui ouvre leur tout nouvel album « Invincible Shield » : « Panic Attack ». Les guitares de Richie et d'Andy sont acérées et ça défouraille grave. Rob est très en voix comme sur le dernier opus et c'est tant mieux car ça n'a pas toujours été le cas ces dernières années. Comme toujours Ian et Scott délivrent une trame rythmique impeccable pour le groupe. Ce sera d'ailleurs le cas pour ce classique de 1982 qu'est « You've Got Another Thing Comin' » issu du phénoménal « Screaming For Vengeance » dont j'arbore le t-shirt ce soir. Quel plaisir de réentendre ce titre d'une efficacité redoutable.

On remonte encore le temps jusqu'en 1980 avec « Rapid Fire » qui ouvrait « British Steel » dont je porte la lame de rasoir en médaillon pour l'occasion. On reste d'ailleurs sur cet album incontournable avec « Breaking The Law » joué d'habitude plus tard dans la setlist et qui remporte toujours un gros succès auprès de l'assistance. Choix plus discutable pour le « Lightning Strike » de « Firepower » (2018) qui est loin d'être un titre impérissable. Heureusement les choses sérieuses reprennent avec « Love Bites » qui me remémore mes années CBS et ma participation au lancement de l'album « Defenders Of The Faith » en 1984 et qui fait l'objet du hoodie que je porte pour ce concert de Judas 40 ans plus tard...

« Devil's Child » rappelle ensuite que les Britanniques avaient enfin trouvé la recette en 1982 pour percer sur le marché américain avec des mélodies accrocheuses et un son plus lisse. Pour les fans purs et durs, Rob nous ressort « Saints In Hell » de l'album « Stained Class » de 1978 que le groupe avait enfin joué live en 2018 sur la tournée Firepower et qui avait marqué les esprits... Mais il est maintenant temps de reprendre la promo du dernier album en date avec ce « Crown Of Horns » qui se laisse écouter mais n'est pas le morceau le plus percutant de ce nouvel opus selon moi. Et c'est finalement « Turbo Lover » (1986) qui relance la machine de guerre Judas Priest avec son intro au synthé reconnaissable entre mille et la batterie de Scott qui démarre au quart de tour. Sans doute un des moments les plus forts de ce concert selon moi.

Et c'est finalement « Turbo Lover » (1986) qui relance la machine de guerre Judas Priest avec son intro au synthé reconnaissable entre mille et la batterie de Scott qui démarre au quart de tour. Sans doute un des moments les plus forts de ce concert selon moi. On ne s'arrête pas là puisque le morceau-titre du nouvel opus « Invincible Shield » va mettre tout le monde d'accord sur le fait que le groupe de Birmingham a sorti cette année le digne successeur de « Painkiller » !  Et comme si cela ne suffisait pas, « Victim Of Changes » de 1976 va enfoncer le clou avec Rob qui va chercher dans sa voix des capacités encore insoupçonnées. Une version bien heavy qui met tout le monde d'accord sur le fait que « The Priest Is Back » ! Impression confirmée par la reprise de Fleetwood Mac « The Green Manalishi (With The Two Prong Crown) » qui fait la part belle aux 2 guitaristes qui se régalent et nous avec.

Et comme à son habitude c'est Scott qui lancera la dernière offensive avant le rappel avec un « Painkiller » dantesque réclamé à cor et à cri par les inconditionnels du Priest... Le quintet reviendra pour un nouvel extrait de « Screaming... », le fabuleux « Electric Eye » mené tambour battant histoire de faire durer le plaisir pour cette ultime date de la tournée européenne. Un concert de Judas ne peut se conclure sans la venue sur scène de Rob sur la légendaire et vrombissante moto pour le très apprécié « Hell Bent For Leather » repris en choeur par la foule. Et la cerise sur le gâteau sera la venue inattendue de Glenn Tipton pour les 2 ultimes brûlots de cette soirée mémorable : le bien nommé « Metal Gods » et l'hymne « Living After Midnight ». Même si celui-ci paraît bien diminué par la maladie, c'est un honneur et une grande joie d'avoir ce guitariste d'exception devant nous après un demi-siècle passé au sein de cette légende qu'est Judas Priest !

Une soirée empreinte de nostalgie et d'émotion donc mais aussi porteuse d'espoir puisque Judas et Saxon continuent à porter bien haut l'étendard du heavy metal y compris pour la jeune génération.

Texte: Olivier Carle

Photos: Grégory Hernandez | Gérard Drouot Productions

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