Il y a des concerts qui sont plus que des concerts. Des moments suspendus où la musique, les souvenirs et la passion se confondent. Le 22 octobre, au Zénith de Paris, Helloween a ravivé cette flamme que tant de fans – moi le premier – portent depuis quatre décennies. Le groupe teuton fondateur du power metal célébrait les 40 ans de leur carrière avec une belle mise en avant de son double album mythique Keeper of the Seven Keys part 1 (1987) et part 2 (1988) et un show à la hauteur de la légende.

Keeper of the Seven Keys est une pierre angulaire du Metal. Sorti en 1987, il a posé les bases de ce que l’on peut appeler le power metal mélodique qui marie la puissance des riffs à la grâce des harmonies. Les cavalcades rythmiques, les solos héroïques et les refrains fédérateurs influenceront une ribambelle de groupes dans le metal européen : Gamma Ray, Stratovarius, HammerFall... et plus proche de nous, Enforcer.





Et ce soir-là, leurs riffs et mélodies immortels étaient reprises en choeur par une foule conquise. Et voilà March of Time qui démarre le show avec son introduction épique et ses cavalcades guitaristiques. Future World quant à lui ouvre un portail temporel : le riff tranchant, la batterie en rafale, et ce refrain euphorisant qui fait lever le poing au ciel. Et puis, bien sûr, I Want Out, en milieu de concert dont le refrain deviendra l’un des hymnes universels du Metal.
En regardant la scène à travers mon objectif, j’ai ressenti la même émotion qu’en 1988, lors de ma première rencontre avec Helloween. J’étais en colonie de vacances, et un grand de dix-sept ans faisait tourner ses cassettes de metal sur une chaîne hi-fi portable. Quand il a inséré la K7 de Keeper of the Seven Keys part II, ma vie a changé. Il faut dire que je venais de faire le grand écart entre Dire Straits (dans mon panthéon de mes groupes fétiches) et Helloween, avec ce son speed et viril des guitares d’Hansen et Weikath et la voix de Kiske qui montait vers les étoiles. Un monde nouveau. Ce grand m’avait prêtée la K7 jusqu’à la fin du séjour, et chaque nuit je m’endormais avec les faces A et B qui tournaient dans mon walkman. Ce fut ma première initiation au Metal, ma porte d’entrée vers un univers que je n’ai jamais quitté.




Quarante ans plus tard, voir Michael Kiske et Andi Deris partager le micro dans une complicité totale, Kai Hansen, Michael Weikath (avec le soutien aujourd'hui de leur cadet Sasha Gerstner) déchaîner leurs solos comme au premier jour, et Markus Grosskopf, sourire aux lèvres, assurer la basse avec une énergie intacte, c’était assister à une célébration vivante d'une époque. Mention spéciale aussi pour leur batteur Daniel Löble qui tape sur les fûts avec brio depuis 2005. On aura le droit évidemment au sempiternel solo de batterie des familles, mais celui-ci était particulièrement galvanisant. Enfin, les citrouilles géantes sur les écrans LED, les animations rigolotes avec ces personnages à tête de citrouille et les éclairages flamboyants contribuèrent pleinement à une expérience Helloweenienne immersive.


Et quel symbole de les voir de retour au Zénith depuis le Pumpkins United en 2017! Dans le public, les fidèles des années 80 côtoyaient leurs enfants, parfois même leurs petits-enfants, preuve que la citrouille d’Helloween continue de pousser de génération en génération.
Texte et photos : François Capdeville
Set list
March of Time
The King for a 1000 Years
Future World (introduced by Edvard Grieg's "I Dovregubbens hall")
This Is Tokyo
We Burn
Twilight of the Gods
Ride the Sky
Into the Sun
Hey Lord!
Universe (Gravity for Hearts)
Hell Was Made in Heaven
Drum Solo
I Want Out
In the Middle of a Heartbeat(Acoustic duo: Michael Kiske on acoustic guitar, Andi on lead vocals)
A Tale That Wasn't Right(Acoustic 1st half: Andi on acoustic guitar; Michael Kiske on lead vocals)
Power
Heavy Metal (Is the Law)
Halloween
Invitation
Eagle Fly Free
A Little Is a Little Too Much
Dr. Stein
Keeper of the Seven Keys
(last two verses only)
