08 juin 2025, on aimerait dire que le soleil cogne, mais à vrai dire, à 17 heures, on a déjà le manteau sur le dos. Si l’été se fait désirer en contrées nancéennes, l’humeur est au beau fixe parmi les deux (longues) files qui bordent les alentours du Zénith. On aura l’occasion d’y revenir, mais il faut s’armer d’un certain courage pour pénétrer dans l’enceinte du Heavy Weekend.
Oubliez les plaines verdoyantes du Hellfest et autres Summer Breeze, ici, on donne dans le bétonné, et, étant donné la météo des deux premiers jours de festival, c’est un avantage certain. Les food trucks (nous en reparlerons) et autres stands de merch ouvrent la voix vers l’unique scène du Heavy Weekend, qui se trouve en fait être un hybride entre la version Zénith et la version plein air. Une chouette technique pour profiter d’une structure qualitative qui se mue au gré des saisons.
À peine sommes-nous arrivés que les basses résonnent. Nothing More est en train de réveiller les plus ponctuels de la fosse, enclavée au cœur d’un amphithéâtre de type romain qui a le mérite d’offrir une visibilité quasi parfaite sur la scène d’Est en Ouest.




Sur scène, Jonny Hawkins et sa troupe sont en train de sérieusement enflammer le Heavy Weekend au point de nous offrir quelques éclaircies inespérées et bienvenues. L’énergie et l’humilité du groupe sont inchangées, et ravissent les connaisseurs. Avec des titres tels que « Jenny » ou « This Is The Time », la formation fait l’unanimité.
Petit tour de piste histoire de repérer quel stand saura ravir nos estomacs, et là, c’est le drame. Des files d’attente à n’en plus finir, si bien qu’il est déjà l’heure de Rise Of The Northstar, et que nous repartons bredouille et quelques peu découragés. Pas grave, nous retenterons le coup un peu plus tard.




Sur scène, les parisiens offrent ce qu’ils savent faire de mieux : du hardcore couplé à cette vibe japonisante qu’ils propulsent dans les airs. C’est évidemment le chaos dans la fosse, même si le public semble assez timide. « Crank It Up », « Here Comes The Boom » ou encore « Showdown » résonnent tels des hymnes pour les membres du clan hardcore casquette, et semblent attirer les âmes à elles puisque la foule s’est déjà sensiblement chargée. Petite surprise du set : c’est sur le sol nancéen que le tout nouveau titre, Néo Paris, issu du prochain album, est joué en live pour la première fois.
À ce stade de la soirée, la fosse est pleine à craquer, et les gradins ne sont pas loin de subir le même sort. Ils sont nombreux, les furieux et les furieuses, à se faufiler au plus près de la scène pour témoigner leur engagement aux têtes de pont de cette frange du metal français, les bien nommés Mass Hysteria. Et il faut dire qu’observée depuis les tribunes, la communion n’en est que plus belle.




Mouss et son charisme bien humain rassemble tandis que les musiciens bousculent avec leur metal industriel parfaitement ficelé. Un concert de Mass Hysteria, c’est presque un discours, touchant et percutant, traitant de sujets grave avec la lueur d’espoir nécessaire pour qu’on en ressorte légèrement révoltés, mais surtout accompagnés d’une douce sensation de chaleur humaine et de solidarité.
Tout ça nous a bien ouvert l’appétit, retour donc vers les food trucks. Mais là encore, il faut s’armer de courage et de patience. Et après 45 minutes d’attente, le résultat est malheureusement terriblement décevant. On sent, à travers des indicateurs assez parlants tels que les files d’attente aux food trucks ou aux toilettes, que ce festival est encore tout jeune, et que du haut de ses deux ans, il a encore beaucoup à apprendre.
Trêve de plaisanteries, nos frites (presque crues) englouties, on se fraye un chemin à travers les maggots qui ont littéralement envahit la fosse. Si les files d’attente sont longues, on peut saluer l’efficacité des techniciens qui ont tenu le timing serré des inter-concerts sur une scène unique, et qui est par ailleurs, savamment calculé pour laisser le temps de reprendre son souffle sans pour autant trépigner d’impatience avant le prochain show. Tout un programme.
Des bruits étranges s’élèvent dans la fosse. Ils sont inquiétants, presque angoissants, et annoncent l’arrivée imminente des masqués de Desmoines. Rapidement, on remarque l’absence de Clown qui n’a pas pu se joindre au spectacle pour raison familiale. Et pourtant, la force de frappe de Corey Taylor et sa troupe est spectaculaire.


Des trois shows auxquels nous avons eu l’occasion de participer, c’est certainement le plus marquant. La setlist est riche. On y retrouve évidemment des hits tels que « People = Shit », « Psychosocial » ou « Duality » qui, on le sent, ne sont pour autant pas au cœur de ce live. À croire que Slipknot a voulu offrir au public nancéen une facette plus intime de sa personnalité.


Une certaine honnêteté qui se décline notamment à travers des titres tels que « Scissors » qui, proposé en conclusion du show et mis en scène magistralement, nous a tout simplement sidérés par sa noirceur et sa profondeur. Elle se dévoile également par ses passages dubstep impromptus qui perturbent autant qu’ils fascinent, construisant peu à peu le schéma de l’ADN de la formation qui est loin de n’être qu’un condensé de bourrinerie et de percussions. L’accent est mis sur des titres issus du premier album éponyme, même si on retrouve d'autres titres comme autant de tranches de vie du groupe, à l'image de « Yen », la balade de leur dernière production, The End, So Far. C’est donc un concert qui ne nous aura pas laissés de marbre et dont on ressort un peu fébriles.


Il est ainsi l’heure de quitter le parvis du Zénith. Enfin, c’était sans compter sur un nouveau déboire, celui de l’évacuation des festivaliers. Il semble qu’il y ait, là encore, des progrès à faire en termes d’organisation : navettes, piétons et voitures se retrouvent à la croisée des chemins, si bien que c’est la police municipale qui doit réguler la circulation, entendez par là, empêcher les automobilistes de sortir des parkings pendant près d’une heure pour laisser circuler les chalands. Heureusement, les metalleux sont de bonnes pattes, et c’est à coup de morceaux improvisés par klaxons interposés que les minutes d’attente se transforment en joyeux orchestre.
En conclusion, vous l’aurez compris, le Heavy Weekend a encore quelques pas à faire pour devenir le festival de référence qu’il est amené à devenir. Car oui, si la plupart des petits nouveaux peinent à proposer une affiche qui séduit, à Nancy, on a pris le contrepied : la programmation est exceptionnelle, le son est bon, la zone de concert est bien agencée, bref, le plus dur est largement fait, il n’y a plus qu’à fignoler les détails, et on n’a aucune inquiétude quant au fait que bientôt, Nancy sera un des nouveaux fiefs des metalheads !
Texte : Annaëlle Moss
Photos : Jérôme Meyer (@jRAWmeyer)