Le 11 novembre 2025, les Enter Shikari auront une fois de plus électrisé Paris. Enter Shikari fait partie de ces groupes de la génération myspace qui grâce à leur inventivité, ont rapidement trouvé son public avec leur capacité à mélanger les genres musicaux. Ils sont un des rares à faire le grand écart entre Metal et Drum’n Bass et évidemment la énième preuve que les groupes made in UK ont vraiment cette capacité à transcender les frontières musicales pour imposer leur empreinte, les Beatles étant le plus grand exemple. Enter Shikari est aussi un groupe militant qui utilise la musique et sa capacité à faire vibrer les gens pour inviter à penser autrement, à refuser les injonctions du pouvoir et imaginer une autre société, meilleure et équitable.
Première partie : DeathbyRomy, un pari audacieux mais inégal
La soirée a ouvert avec DeathbyRomy, porté par sa chanteuse Romy Flores, américano mexicaine à en croire Wikipedia. Si Enter Shikari fait partie de la génération MySpace, Romy s’est faite connaitre grâce à Spotify. Aujourd’hui, on la retrouve sur scène avec son combo batterie, guitare et basse. Look gothique, Romy aurait pu être l'enfant d’un Marilyn Manson ayant fricoté avec une Lady Gaga, en after show.
Elle a de l’allure, comme tout son combo. Mais cela ne fait pas tout. J’ai trouvé que l’ensemble manquait de charisme. C’était mou, une tentative de chorégraphie qui m’a semblé inutile. La sauce ne prendra pas, le public restant plutôt statique sauf quelques âmes acquises en front.
Enter Shikari abat la carte drum n’ bass puissance 10
J’ai déjà eu l’occasion de voir Rou Reynolds et son combo 3 ou 4 fois sur scène, en salle comme en fest. Et c’est toujours une prestation réussie. On en a pour son argent, quelques calories en moins et un retour à la maison avec la banane. Et je dois dire que c’est la première fois de mémoire que Rou poussait aussi loin l’utilisation de plages drum & bass pour transcender le public, à l'image de leur dernier album Dancing On The Frontline, sorti cet été. Le Bataclan s'est transformé en une rave rock party mêlée au meilleur de la scène alternative, bien renforcée par les colonnes LED aveuglantes et le beat saccadé et lourd de la Drum.
C'est Bloodshot qui ouvre le bal, un titre percutant de l'avant dernier album A Kiss for the Whole World (2023), qui a immédiatement installé l’ambiance dansante avant que la basse et les synthés ne fassent trembler la salle — un excellent prélude à la suite. Avec Live Outside, un de leur classique, Enter Shikari a offert un moment d’euphorie collective... Je regarde le public. Du metalleux, du baggy et tee shirt xxl fluo, des quadras avec leurs darons, des cheveux bleus ou roses, des mômes, du perfecto bandana... J’ai rarement vu un groupe capable de réunir un public aussi large. Plus tard dans la setlist, The Great Unknown offrira une respiration apèrs toutes ces déflagrations sonores. Evidemment on aura le droit à un bon Sorry You’re Not A Winner des familles et son fameux clap clap clap qui met tout le monde d’accord, et en conclusion, Juggernauts achèvera nos jambes.
Ce soir-là au Bataclan, Enter Shikari aura une fois de plus proposé une expérience collective. Une onde puissante où mélange des genres, énergie brute, conscience sociétale sont à l’unisson. 20 ans qu’il nous font vibrer. On en redemande encore.
Photos et texte : François Capdeville