Encore un magnifique rendez-vous metal dans la capitale : le Zénith de Paris a accueilli le 27 octobre le Blood Dynasty Tour, avec à l’affiche un duo de la scène metal européenne : Eluveitie, les maîtres du folk mystique, et Arch Enemy, les souverains du death mélodique. Deux groupes aux univers bien distincts, mais qui partagent une même intensité sur scène et un lien fort avec leur public.
Pour moi, impossible de rater cette date. C’est presque devenu une tradition : chaque automne, Arch Enemy vient enflammer Paris un lundi d’octobre. Et cette fois, la promesse est encore plus belle avec la présence d’Eluveitie en ouverture. J’ai toujours eu un faible pour ces deux formations, que je suis depuis de longues années. Avec Arch Enemy, c’est presque une histoire de fidélité : je les ai découverts à l’époque d’Angela Gossow et de l’album Rise of the Tyrant (2007), une claque musicale qui m’a définitivement plongée dans le death metal mélodique. Dans le Zénith, on sent l’effervescence : les fans arborent fièrement leurs t-shirts à l’effigie des groupes. Le public est prêt !
ELUVEITIE

Impossible de cacher mon enthousiasme à l’idée de revoir Eluveitie sur scène. La dernière fois que j’avais eu la chance de les voir, c’était au Plane’R Fest près de Lyon en 2024, un excellent souvenir. Ce lundi, le collectif suisse revient dans la capitale pour défendre son folk metal aux accents celtiques face à un public déjà porté par l’énergie d'Amorphis et Gatecreeper.


Malgré un espace scénique réduit – première partie oblige – le groupe parvient à créer une atmosphère envoûtante grâce à un simple mais superbe backdrop, reprenant un artwork onirique parfaitement en accord avec leur univers mystique. Sept musiciens se partagent la scène dans une harmonie quasi chorégraphique : violon, vielle à roue, flûte, harpe et cornemuse se mêlent aux guitares et à la batterie, offrant cette richesse instrumentale qui fait toute la singularité du groupe.
Dès Ategnatos, le ton est donné. Le public se laisse rapidement emporter par ces mélodies épiques et cette énergie fédératrice. Les titres s’enchaînent : Deathwalker, The Prodigal Ones, Exile of the Gods, A Rose for Epona… autant de morceaux emblématiques repris en chœur par les fans. Mention spéciale pour Ambiramus, toujours aussi lumineux en live, et L’Appel des Montagnes (A Call of the Mountains), que Fabienne Erni introduit avec un adorable mot en français : « Nous sommes très heureux d’être ici, guys ! ». Le titre est d’ailleurs interprété dans sa version francophone ce soir, une attention toujours appréciée, même si je dois avouer que j’ai un faible pour la version anglaise.


Avant Inis Mona, véritable hymne du groupe, Chrigel Glanzmann prend le temps de remercier chaleureusement Arch Enemy, le crew et les techniciens, un moment de sincérité qui reflète bien l’esprit du groupe. Lorsque retentissent les premières notes, le Zénith se transforme en une grande fête païenne : la harpe de Fabienne, la cornemuse, les chœurs du public… tout y est.


En un peu moins d’une heure, Eluveitie a su rappeler pourquoi il reste une valeur sûre du folk metal européen. Mélange d’énergie brute et de douceur mystique, leur prestation a parfaitement lancé la soirée. Je ressors le sourire aux lèvres et la tête pleine de refrains entêtants.
ARCH ENEMY

L’attente était palpable dans la salle. Après une première partie déjà intense menée, il était enfin temps d’accueillir les maîtres du death metal mélodique : Arch Enemy.
Avec leur tournée européenne Blood Dynasty Tour, le groupe emmené par Michael Amott et Alissa White-Gluz revient plus fort que jamais. Sur scène, un sublime et immense backdrop à l’effigie du nouvel album Blood Dynasty plante d’emblée le décor : la soirée s’annonce impériale.
Dès les premières notes de Deceiver, Deceiver, la machine est lancée. L’enchaînement Ravenous et Dream Stealer déclenche une onde de choc dans la salle. Le son est d’une clarté remarquable ; chaque riff fuse avec une précision millimétrée, parfaitement calé sur la frappe de Daniel Erlandsson, tandis que chaque growl d’Alissa résonne avec une puissance viscérale. Le groupe maîtrise à la perfection son mur sonore, sans jamais sacrifier la mélodie.

Alissa, en grande forme, capte la lumière à chaque instant. Sa nouvelle tenue, conçue spécialement pour la tournée par l’artiste suédoise @Jozzan, attire tous les regards. Sous le nouveau show lumière, des strass phosphorescents soulignent ses yeux et semblent briller sous des projecteurs ultraviolets, comme si elle irradiait littéralement. Entre les morceaux, elle s’adresse au public en français, avec un accent charmant et un sourire sincère. Ce genre de détail renforce encore la complicité qu’elle entretient avec le public parisien.


Le concert déroule une setlist équilibrée entre classiques et nouveaux titres. Les incontournables War Eternal, My Apocalypse ou The Eagle Flies Alone côtoient les nouveautés Blood Dynasty, Illuminate the Path et Liars & Thieves, sans qu’aucun morceau ne paraisse de trop. Mention spéciale pour Vivre Libre, reprise en hommage à Blasphème, chantée en français : un moment fort, qui soulève un tonnerre d’applaudissements. Le public parisien adore se sentir privilégié, et Arch Enemy l’a bien compris.
Ce soir, la symbiose est totale entre le groupe et son public. Alissa s’amuse à sonder la foule : « Qui voit Arch Enemy pour la première fois ? Deux fois ? Trois ? Quatre ? Cinq ? Six ? » Je lève la main à cinq. Et juste à côté de moi, mon cher ami Didier, alias Dédé, en est à sa vingt-huitième fois ! Alissa est épatée en découvrant qu’un fan présent les a vus vingt-quatre fois, mais elle ignore qu’à quelques mètres de là, Dédé bat déjà ce record.

La communion atteint son apogée quand Alissa brandit le drapeau frappé du symbole du groupe. Le Zénith entier reprend les refrains de Nemesis et Fields of Desolation, dans une ferveur presque religieuse. Les solos d’Amott sont d’une précision déconcertante, le talentueux guitariste Joey Concepcion (présent depuis 2023) s’intègre parfaitement, et la rythmique d’Erlandsson ne faiblit jamais. À la basse, Sharlee D’Angelo impose toujours autant de charisme et de groove, ancrant la puissance du groupe dans une cohésion sans faille. J’ai eu la chance de le photographier dans un tout autre registre avec The Night Flight Orchestra, un contraste musical saisissant, mais qui montre à quel point ce musicien est complet et inspiré.


Tout est millimétré, sans jamais paraître mécanique. C’est une machine de guerre qui respire.
Ce concert m’a semblé encore meilleur que celui de l’an dernier. Le son, la mise en scène, l’énergie : tout semble avoir franchi un cap. Arch Enemy confirme son statut de groupe incontournable, capable de réinventer son show tout en restant fidèle à ce qui fait son identité : puissance, sincérité et communion totale avec son public.
Je repars avec le souvenir d’une soirée où le metal, une fois de plus, a prouvé qu’il pouvait être aussi brutal que beau.
Ce Blood Dynasty Tour restera sans doute l’un des concerts marquants de cette fin d’année. Eluveitie a rappelé avec élégance la richesse de son univers folk, tandis que Arch Enemy a une fois de plus confirmé sa suprématie sur la scène du death metal mélodique. Visuellement, c’était un régal : énergie débordante et sincérité palpable à chaque instant. Comme toujours, Arch Enemy repart en laissant derrière lui un public conquis, des voix éraillées et des souvenirs brûlants. Paris ne pouvait rêver meilleure communion metal pour clore ce mois d’octobre. Si chaque automne à Paris devait ressembler à celui-là, je signerais sans hésiter.
Report : Stéphanie Morgado (@sekhmet_eve)
Photos : François Capdeville
Set list Arch Ennemy
Deceiver, Deceiver
Ravenous
Dream Stealer
Blood Dynasty
War Eternal
My Apocalypse
Illuminate the Path
Liars & Thieves
The Eagle Flies Alone
Vivre libre (Blaspheme cover)
First Day in Hell
Saturnine
Sunset Over the Empire
No Gods, No Masters
Avalanche
Encore:
Snow Bound
Nemesis
Fields of Desolation (Outro)
Enter the Machine
Vox Stellarum