20/5/2025

Amenra : une nuit tourmentée au cœur de Paris

Jeudi 15 mai – Une soirée envoûtante s’est déroulée dans les entrailles de la capitale, plongeant les amateurs de post-metal/post-doom et de dark ambiant dans un voyage aussi brutal que cathartique. Trois artistes aux univers différents mais complémentaires ont enflammé la scène, offrant une expérience inoubliable.

Divide and Dissolve

La soirée s’ouvre avec Divide and Dissolve, duo australien porté par la charismatique Takiaya Reed (guitare, saxophone), dont les racines cherokee et afro-américaines imprègnent une musique aussi viscérale que militante. Dès les premières notes de “Monolithic”, la salle est saisie par une lourdeur hypnotique, une avalanche de distorsions et de mélopées saxophoniques qui évoquent autant la colère que la résilience. “Dichotomy” plonge davantage le public dans un sentiment de désespoir à l’esthétique poétique brute.

Mais; c’est avec “Provenance” que le groupe dévoile toute sa subtilité : un dialogue entre mélodies aériennes, presque spectrales, et des breakdowns qui rappellent la violence des thèmes abordés – la dénonciation du colonialisme et l’hommage aux peuples autochtones. Leur dernier album, Insatiable, résonne comme un appel urgent à la compassion. Le set se clôt en beauté avec “Far From Ideal”, une plongée abyssale où chaque riff agit comme un coup de poing. Le public, médusé, applaudit avec une ferveur rare – preuve que Divide and Dissolve ne laisse personne indemne.

Treha Sektori

La soirée se poursuit avec un changement d’atmosphère avec Treha Sektori, un projet solo de dark ambiant-folk qui transforme la salle en sanctuaire primitif. Dès les premières notes d’ “As Quasars Collide”, le concert se transforme alors en rituel : des crânes projetés sur la toile de fond, des ossements suspendus sur le devant de la scène, une lumière tamisée qui hypnotise le public. La musique de Sektori est une incantation, une suite de murmures gutturaux, de percussions tribales et de nappes organiques qui rappellent les travaux de Heilung ou Dead Can Dance. “Epitomize” amplifie cette transe collective, tandis que “Rude Awakening” et “Solvah” achèvent le set en douceur. La performance nous laisse hypnotisés, comme revenu d’un rituel secret au cœur de la nuit parisienne.

Amenra

Après une pause bien méritée (et une bière pour se donner du courage), la foule se presse, électrisée, devant la scène. L’attente est palpable : Amenra, légende belge du post-metal, s’apprête à faire son entrée. Dès les premières notes de “Silver Needle. Golden Nail”, l’émotion est à son comble. Le morceau, lent et puissant, construit une tension presque insoutenable avant de libérer toute sa fureur. “Salve Mater”, issu de leur récent opus, enfonce le clou : une déchirure sonore où la voix dévastée de Colin H. van Eeckhout semble puiser dans les abysses de l’âme.

Puis viennent les incontournables : “Plus près de toi (Closer to You)”, chanté en chœur par une foule en transe, “De evenmens” et son riff dévastateur, et enfin “A Solitary Reign”, cet hymne déchirant qui fut le plus grand succès du groupe. Le final, porté par “Am Kreuz” et “Aorte-Ritual”, est un ouragan de douleur et de beauté – une tempête dans laquelle on accepte d’être emporté.

Quand les lumières se rallument, le silence qui suit est lourd de mille émotions. Les visages sont marqués, les corps épuisés, mais tous repartent avec l’impression d’avoir vécu quelque chose de plus grand qu’un simple concert.

Texte : Anna Grésillon

Photos : François Capdeville

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