13/10/2025

Parkway Drive, 20 ans de puissance inégalée

En traversant la Villette ce soir du 02 octobre, on se souvient avec une certaine nostalgie de la première fois qu'on a croisé le chemin de Parkway Drive, en 2018 au Hellfest, en toute fin de journée. Et ça a été une véritable révélation. Un show monumental, et pourtant assez confidentiel à l'époque où l'on pouvait encore relativement aisément se glisser jusqu'aux barrières.

Thy Art Is Murder

Si le show n'est pas sold-out ce soir là, en arrivant juste avant la prestation de Thy Art Is Murder, la foule est déjà bien compacte aux abords de la scène qui s'offre une configuration prolongée jusqu'au milieu de la fosse. Justement, c'est la première fois que nous voyons Thy Art depuis la crise entourant la sortie de Godlike, et de facto, le nouveau frontman à l'œuvre, monsieur Tyler Miller. Le show manque sensiblement d'engagement, néanmoins, la formation australienne reste une machine de guerre en termes de puissance comme de riffs. À coup de breakdowns et autres blasts, la fosse s'emballe déjà, et les circle pits naissent sporadiquement au sein du Zénith. Nul besoin de préciser qu'après le finish sur Puppet Master, l'assemblée s'est muée en une armée de sauvages prêts à en découdre pour Parkway Drive.

Parkway Drive

Seulement... Le temps passe. Et passe. Encore et encore, et c'est avec un retard de près d'une demi-heure que les lumières s'éteignent enfin. Il y a de l'agitation au fond de la salle, et pour cause, Winston McCall, tout de blanc vêtu, armé d'un drapeau et talonné par ses collègues, lance une procession à travers la fosse. La proximité a toujours été une marque de fabrique de Parkway Drive, et ce soir encore, ils nous en font la démonstration à travers ce qui, depuis quelques années, est devenu une de leur arrivée signature.

Le temps de rejoindre une plateforme plantée au milieu de la fosse sur laquelle trône déjà une batterie, que le concert démarre. Et lorsque les premières notes de Carrion résonnent, c'est véritablement l'hystérie qui s'empare du Zénith. Les quatre musiciens évoluant sur quelques mètres carrés au milieu de la fosse nous renvoient l'image d'un quartet de naufragés hissés sur un radeau au milieu d'une marée humaine déchaînée, composée de visage en sueur et de bras tendus vers les cieux. L'image est franchement marquante et souligne à la perfection la place que s'est construite Parkway Drive au fil de ces vingt années d'existence.

La setlist se dévoile, et peu à peu, le prix des billet prend tout son sens (80€ tout de même). Prey retourne tellement la fosse que je me demande encore comment j'ai pu en réchapper sans égratignure. Et puis, Glitch offre une nouvelle tonalité à cette soirée. Des danseurs s'invitent dans le show, mêlant modernité et mystère, jouant avec la passerelle qui finit par ramener les musiciens sur la scène, cette dernière s'animant de flammes à l'occasion. Sacred et Vice Grip continuent de faire monter le show en intensité, et autant dire qu'on a rarement vu une telle prestation scénique au Zénith.

À l'occasion de Boneyards, Winston McCall s'entoure de membres des deux groupes précédents, offrant un peu plus de puissance encore à un show qui ne cesse de grimper en intensité. Jusqu'alors, Parkway Drive nous a montré sa facette la plus violente, mais, on doit bien l'avouer, c'est surtout sa capacité à marier cette puissance avec des sonorités plus mélodieuses et délicates qui en a fait un incontournable de la scène metalcore, et qui lui a permis de se hisser sans peine parmi nos coups de cœur, années après années. Je vous laisse donc imaginer notre bonheur lorsque une nouvelle phase du concert s'ouvre : celle que nous avons décidé de nommer l'harmonie.

Horizons résonne dans le Zénith et nous colle des frissons jusqu'aux entrailles, jusqu'à ce que Jeff Ling ne s'envole, porté par la plateforme jusqu'au plafond, déclenchant alors une pluie d'étincelles sur la fosse lors du solo final. Un des moments les plus forts de ce live à n'en pas douter. Et pourtant, voir Winston réciter Cemetery Bloom, debout au milieu de la foule, impassible, entouré de danseurs et tenant un micro orné de ronces, tel un roc dans la tempête, a de quoi nous bouleverser.

À peine le temps de se remettre que The Void explose (littéralement, à coups de pétards et autres effets pyrotechniques) dans la salle. Le tempo se calme. Winston McCall est de retour au cœur de la fosse, perché sur sa plateforme, scandant le début de Wishing Wells... sous la pluie. Eh oui, il a plu ce soir dans le Zénith, du moins, sur le chanteur, construisant un tableau qui s'apparente à une œuvre qui prend vie sous nos yeux ! Et je pense que le fameux "Face Me" hurlé au milieu de la pluie et des flammes restera gravé dans la mémoire de plus d'un spectateur.

Les frissons, encore, lorsque les premières notes de Dark Days résonnent, ou encore lorsque Winston se mêle à nouveau à la fosse pour s'entourer d'un circle pit sur Idols & Anchors. L'arrivée des cordes était assez anticipée. Bien des titres de Reverence se prêtent merveilleusement à l'incrustation d'instruments à cordes en live, mais Chronos est de loin le meilleur choix (peut-être également car c'est un des meilleurs morceaux à date de Parkway Drive, en toute objectivité). Malheureusement, nos attentes étaient peut-être trop grande sur ce titre, car on a trouvé que le trio de cordes n'était pas assez mis en valeur, en tout cas, moins que lors de la dernière tournée.

Un duo guitare sèche, chant, le tout souligné de flashlights à travers la salle ? Oui, on signe. C'est ainsi que s'ouvre Darker Still. Si nous devions être critiques, nous dirions que malheureusement, la voix de Winston se prête bien mieux au chant saturé qu'au chant clair. Mais l'instant n'en demeure par moins chargé d'émotion, notamment grâce aux cordes qui prennent enfin toute leur place.

Et quel meilleur titre pour clôturer cette seconde partie que Bottom Feeder ? Alimentez le tout de flammes, de jets de feux d'artifices, et c'est l'hystérie dans la fosse.

Le show ayant démarré en retard, on nous évitera le jeu du "encore", et c'est quasiment immédiatement que les danseurs reviennent sur scène. Une ambiance mystique s'installe. À la batterie, Ben Gordon se déchaîne sur les fûts. Et parce que ce n'est pas assez, il nous offre à nouveau sa prestation désormais célèbre : la batterie est montée dans une cage, ce qui permet à cette dernière de tourner à 360 degrés, et au batteur de nous honorer d'un solo... renversant, joué la tête à l'envers. Et comme ce n'est toujours pas assez, enflammons donc cette cage, pour mieux invoquer les divinités... Car c'est évidemment Crushed qui démarre et qui pulvérise la fosse. On vous passe les détails, c'est puissant, intense, extraordinaire. Sur le dernier break, Winston McCall se hisse au plafond sur sa passerelle, tout prend feu, sur scène comme dans la fosse, c'est un final à la hauteur d'un show monumental. Mais, bien entendu, il s'agit là de ce qu'on appellera le final "convenu".

Parce que tout bon fan de Parkway Drive sait bien qu'un tout dernier morceau doit résonner pour que la soirée s'achève réellement, et que ce dernier titre, nous devons le vivre ensemble. Alors, la plateforme logée au milieu de la fosse se pare à nouveau d'une batterie, comme pour l'ouverture de la soirée, et les notes de Wild Eyes résonnent à l'unisson avec la voix du public. Un moment hors du temps, une communion pure entre un groupe qui a marqué la scène de sa patte humble et unique, et un public fidèle qui répond toujours présent à l'invitation.

Merci Parkway Drive pour cette soirée extraordinaire. Merci pour votre musique. Merci pour ces moments hors du temps.

Viva the Underdogs !

Report par Annaëlle Moss

Photos par François Capdeville

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