2/11/2025

Bukowski - Racines et Renouveau

À l’occasion de la sortie de Cold Lava, on a discuté avec Bukowski — et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont rien perdu de leur franc-parler ni de leur sens de la vanne. Entre émotions vraies, réflexions sur la création et éclats de rire bien sentis, le groupe s’est livré avec une sincérité désarmante et une bonne dose d’humour. Un moment à leur image : intense, humain, et furieusement rock.

Donc le dernier album s'appelle Cold Lava, pourquoi ce titre ?

Mathieu Parce qu'on adore la lave… [Rires généraux]

C'est ce que je me disais, ça semble logique !

Mathieu Le mec qui craque… [Rires] Non, non, parce que c'est une métaphore avec plein de choses, dont cette espèce de renaissance de Buko, sans mon frère. C'est-à-dire qu'on voit que, malgré cette tristesse, il y a toujours cette espèce de bouillonnement interne qui est en dessous et qui fait que la vie continue. Et c'est aussi une métaphore sur le monde en général. Donc, il y a toujours une lumière au bout du tunnel.

Et la pochette, que je trouve magnifique…

Mathieu C'est moi qui l'ai faite ! [Rires généraux]

Qui a créé cette pochette et qu'est-ce qu'elle exprime ?

Romain C'est Jordan, qui s'appelle Newsålem sur les réseaux, et qui a fait ça en gravure. Donc c'est des vieilles gravures. Je ne sais pas comment il fait exactement, parce que c'est son boulot, mais il le fait très bien ! [Rires] L'idée c'était de symboliser ce que disait Mathieu, ce côté renaissance, ce côté touche d'espoir au milieu d'une situation chaotique. Et le volcan avec toute la fumée, dans un truc ultra chaotique avec cette femme au milieu et l'arbre qui pousse, c'était un peu ce symbole-là. Ce symbole de l'espoir et de la renaissance.

D'accord. Et est-ce que cette pochette va se retrouver sur du merch ? J'ai regardé, votre merch ne marche pas [à la date de l’interview].

Romain Oui, en fait on l'a mis en maintenance. En gros, là, il n'est pas accessible parce que justement on est en train de voir tout le merch qui va arriver petit à petit.

Mathieu Mais oui, on va s'en servir pour du merch, forcément.

Top. Et parmi les morceaux de l'album, il y en a un qui s'appelle "Cold Lava". Est-ce que c'est celui-ci qui exprime le mieux cette thématique du renouveau ? Ou est-ce qu'il y en a d'autres qui sont peut-être encore plus parlants ?

Mathieu Sur la thématique du renouveau du groupe, pas forcément celui-là.

Romain Oui et non. C'est-à-dire que, globalement, tout est parti de là. Parce que "Cold Lava", c'est le premier riff qui est sorti quand on a commencé à composer. Et en plus, tu avais déjà eu l'idée à ce moment-là du titre. Et finalement, ce truc-là était vraiment l'épicentre de tout le reste de l'album. Il symbolise le mieux l'album en soi parce que c'est l'éponyme. Mais il y a quand même ce truc où tout a découlé de ça derrière.

Mathieu Ouais, c’est vrai, au final, on peut dire que celui-là représente bien l'album. C'est le nom de l'album, donc bon [Rires].

Et l'écriture, elle a commencé quand du coup ?

Max On a commencé à rassembler des riffs, des idées, vers la fin de la tournée précédente.

Mathieu Il y a deux ans, on va dire.

Max Il y a deux ans, on a commencé déjà à rassembler des choses. Après, d’un commun accord, on s'est dit que quand la tournée s'arrêterait, qu'il fallait qu'on reparte en écriture. Donc Mathieu a composé aussi des choses, des airs chez lui. On s'est retrouvés tous pour les écrire. On a griffonnés des textes aussi. Et après, avec Mathieu, on a un petit peu bidouillé tout ça au niveau de la voix, des textes, pour réussir à ce que ça s'imbrique bien, que ce soit cohérent. On s'est retrouvés plusieurs fois, mais on a pris le temps de faire.

Mathieu Mais c'était il y a deux ans, à peu près.

Max Oui, oui, il y a deux ans. On a pris le temps pour cet album d'être contents, de se dire là on est à terme. Pas de se dire on est pressés, il faut absolument qu’on le sorte…

Ouais, il n'y avait pas de deadline ?

Mathieu Non, pour une fois on pouvait le prendre le temps, donc on l'a pris.

Romain Et surtout on voulait le prendre, parce qu'on voulait vraiment sortir un album pas pressé, on voulait sortir un album réfléchi, où toutes les décisions étaient claires, nettes, réfléchies, abouties et assumées. On voulait vraiment arriver dans cette situation-là.

Mathieu Et pas de regrets.

Romain Et pas de regrets, exactement.

Est-ce que vous pensez que Julien aurait aimé cet album ?

Mathieu Oh oui, absolument. Il l'aurait validé à 100%.

Romain Oui, j'en suis certain !

Max, tu as participé à l'écriture, à la compo, etc. Comment vous vous êtes réparti les rôles exactement ?

Mathieu C'est surtout Romain qui n'a pas été cantonné au rôle de batteur. Tu t’es investi quand même dans la créa musicale.

Romain Oui, il y avait ça. En fait, avec Max et moi, qui gérons pas mal les logiciels d'enregistrement, on se relayait beaucoup sur les prises, on enregistrait les gars.

Mathieu Moi, je maîtrise beaucoup moins, donc c’était bien ! [Rires]

Romain Sur les recherches de sons, il y a toujours eu ce truc très commun où tout le monde mettait sa pierre à l'édifice. Même si je fais de la batterie, ça ne m'empêchait pas de proposer des parties de voix à Mathieu. Ou même si Max fait de la basse, il ne s'empêchait pas de proposer des parties de batterie. Il y a tout qui tournait. C'était assez chouette de voir que tout le monde s'investissait.

Mathieu Une vraie démocratie de création.

Romain Oui, complètement.

Il n'y a pas de tensions ?

Mathieu Non, franchement.

Romain Hormis la fois où on s'est foutu dessus…

Mathieu Oui, mais c'est moi qui ai gagné ! [Rires généraux].

Ah, voilà !

Mathieu Donc, pour moi, y a jamais eu de tensions ! [Rires] Non, non mais sérieusement, y a eu des petites tensions, mais vraiment le minimum vital.

Romain Ouais, des fois des tensions de vie… Tu vis les uns sur les autres.

Mathieu Ouais, y a eu des fatigues. Sinon, il n'y a pas de tension !

Est-ce que ça vous arrive parfois de partir dans la composition ou dans l'écriture d'un morceau et, au final, qu’il vous emmène dans une direction que vous n'avez pas du tout prévue au départ ? Est-ce que vous vous laissez beaucoup porter ?

Mathieu C'est une bonne question, hein...

Max Ben si le morceau est trop ovni par rapport au reste, avec regret, on va se dire que ce sera pour une prochaine fois. Il y a des fois aussi où il y a des riffs et des refrains, des passages d'un morceau qu'on a composé, où on s'est dit il faut le garder pour faire un autre morceau, ça n'a rien à foutre là ! Ce qui à la base était un morceau avec un passage au milieu qu'on voulait absolument faire, mais qui n'avait pas de sens, finalement, on l'a gardé pour autre chose… C'est un peu une espèce de puzzle.

Mathieu Si je puis me permettre, "Neverending Fall", c'est un morceau pour lequel je ne sais même pas s'il y a un riff du début. C'est un morceau qui venait de toi [à Romain]. Et je crois qu'à la fin, il a été changé, il n'y a même plus un truc du tout début.

Max Oui, il n'y a plus rien.

Mathieu Et donc au final, il a été mangé par un autre truc qui fait qu'il n'y a plus rien du début. Donc oui, on s'est retrouvé à changer complètement une ligne directrice, particulièrement avec ce titre-là.

Alors, ça suscite ma curiosité, parce que c'est un de mes préférés de l'album. Il y en a beaucoup que j'aime bien, mais c'est dans mon top 3. En fait celui-là, c'est vraiment pour le côté pêchu. Je trouve que ça donne vraiment envie de bouger.

Mathieu Oui, exactement.

Il y a aussi "Gunpowder" que j'aime beaucoup, la partie instru à la fin, que je trouve super épique et que j'ai très envie d'entendre en live. Vraiment tout de suite, en entendant ça, on se dit que ça doit claquer.

Max Il faudra qu’on la joue alors ! [Rires généraux]

Si je devais vraiment choisir un préféré, ce serait "A Thousand Knives". Là, c'est les sonorités qui me parlent. Vous, si vous deviez choisir chacun un ou deux morceaux.

Max Aïe, aïe, aïe, l’enfer ! [Rires]

Romain Au moins deux, alors !

Allez, ou même trois ! Moi, j'ai fait trois, donc bon…

Mathieu Bon, allez, moi, j'ai donne trois : c'est "A Thousand Knives", "Headlight" et "Cold Lava".

Max Moi, j'avoue que "Headlight", ça me parle bien, parce que les paroles, ça parle de relations toxiques, comme j'ai pu avoir moi dans ma vie. Ça me parle beaucoup, ça me touche beaucoup ce morceau. Le refrain, parfait. Je ne pouvais pas espérer qu’on trouve mieux que ça, c'était parfait. Et "A Thousand Knives" aussi, parce que ça parle de choses très profondes, de dépression. Et hormis le message, c'est vrai que c'est un truc un peu épique. Non, "A Thousand Knives" et "Headlight", c'est... Bon "Cold Lava", aussi, c'est sûr qu'elle est bien, mais... Voilà, ces deux là. On peut en choisir trois, mais bon !

Romain Ben, il faut en profiter ! [Rires] Moi, je dirais "Cold Lava", "Headlight" et "Neverending [Fall]", je pense. Un top de batteur. Bien tout droit.

Mathieu Ouais, ouais.

[Romain imite la batterie, ce qui fait rire tout le monde]

J'ai trouvé que dans cet album, par rapport aux autres, il y avait encore plus de richesse, de profondeur, et que ça allait plus loin. Toi [à Max], tu as dit tout à l'heure que vous mettiez un peu de côté des choses qui avaient l'air de ne pas coller avec le reste, etc. Est-ce que vous vous mettez des limites, en fait, dans ce que vous composez, en vous disant « bon, mais ça, peut-être que le public va mal recevoir », ou est-ce que vous faites vraiment selon vos envies...

Mathieu Non, on se met pas vraiment de limites, parce que je crois qu'on ne propose même pas nous-mêmes des trucs que le public pourrait mal recevoir. C'est-à-dire qu'on ne va pas se retrouver à faire un truc, genre « mais qu'est-ce que c’est que ça, ça n'a rien à foutre là-dedans ».

Max Il faut que ça serve le morceau, en général.

Mathieu Oui, il n’y a pas vraiment de ça. Mais ça ne veut pas dire qu'on s'empêche de le faire. C'est-à-dire qu’en fait, on ne le fait pas de base. C'est un peu ça, il y a toujours une espèce de truc de base qui va arriver, et qui va faire que ça se ressemble toujours un peu. On ne va pas arriver avec un truc qui n'a absolument rien à voir avec le groupe, que ce soit sur une idée de voix ou sur...

Max Oui, puis, de toute façon, tu écrèmes énormément de choses : tu proposes 20 trucs, et dans ces 20 trucs, il y en a 12 pour lesquels on va se dire : « Ah, ça, c'est bien... ». Puis en fait, dans ces 12, au final, tu as déjà un peu tout peaufiné, le morceau a déjà son squelette. Et du coup, parfois, tu te dis « mais attends, ça, c'est vraiment en dessous des autres trucs ». Et avec regret, tu te dis « bon, ça dégage ! ». Parce que quand il y a un doute… Le but, c'est qu'on soit vraiment contents de chaque morceau et pas qu'on soit là « ah, celui-là, non ». Il faut vraiment qu'il n'y ait pas de morceau où on se dise « Meh… »... On doit se dire : « Ok, tout est bien, on est tous focus là-dessus, on était tous d'accord, tout est cool ». Quitte à enlever des morceaux et pas en mettre 15.

Mathieu D'ailleurs, il y en a deux… On en a même enregistré deux de plus sur cet album. Il y en a un où il manque les voix, puis l'autre qui est complètement fait. On était parti pour en mettre 12 ou 13 morceaux.

Romain Et puis, tout à l'heure, tu parlais du temps que ça a pris, mais c'est vrai qu'il y a ce truc quand même de l'oreille un peu fraîche où au final, tu composes un truc, il est 18 heures, tu te dis : « putain, c'est mortel, ça défonce et tout ». Puis tu reviens, 3-4 jours après, tu réécoutes et tu te dis : « Ah, putain, en fait, j'ai pas la même sensation qu'hier ou avant-hier quand on l'a fait ». Sur le moment, on trouve ça super cool et puis en fait...

Mathieu Ouais, au final, c'était en fin de semaine, tu étais fatigué, puis tu réécoutes ça en début de semaine…

Romain Oui, avec le cerveau un peu reposé. Finalement, tu as un peu de recul, tu te dis : « En fait, c'est pas nickel ». Il y a aussi ce truc-là, je pense qu’on procédait plus comme ça. À enlever des trucs où finalement, avec un peu de recul, ça nous parlait moins.

Mathieu Ouais, on en met beaucoup et puis après...

Oui, vous écrémez au fur et à mesure.

Romain Ouais, exactement.

Donc il y a eu le single avec la vidéo de "Criminals". Donc déjà, pourquoi le choix de ce single et pourquoi le choix de cette thématique avec tout ce qui est évoqué, violences sexistes, etc. Comment ça vous est venu, pourquoi ce choix en premier ?

Mathieu Parce qu'en fait, c'était... On a parlé de ça, de l'affaire Pelicot parce qu'il fallait mettre quelque chose de connu là-dessus. Mais en fait, c'est pour dénoncer un peu tout ce que nous aussi on a vécu dans notre chair, avec une amie proche à qui c'est arrivé, c'était très très grave. Et puis aussi, même dans notre industrie musicale, il se passe des choses. Et aussi parce qu'on trouvait ça intéressant, que ce soient des mecs qui en parlent. Plutôt que ce soit un peu tout le temps dans le même sens. Et puis on l'assume aussi. On ne veut pas que ça fasse démagogique. Et on s'est dit que quitte à le faire, autant que ce soit le premier morceau de l'album, on l'assume totalement.

Max C'est un truc qui nous touche tous. Et je pense que c'est bien. Il faut que les groupes de mecs aussi puissent prendre la parole et dire : « Ben nous on n'est pas OK avec ça, on trouve ça terrible » Et on a le droit de trouver ça terrible, sans se justifier ou dire que nous, on n'est pas comme ça. Ça n'a rien à voir. C'est le fait de mettre ça en avant et de dire que ça, ce n'est pas OK. Et d'apporter notre pierre à l'édifice, aussi petite soit elle, sur ce thème-là. Parce que de toute façon, c'est un thème qui n'a pas fini, malheureusement, d'être résolu. Il y a encore beaucoup de chemin. Mais oui, c'était important, je pense, pour nous tous, d'en parler.

Sur le choix de réalisation du clip, tout est suggéré, et pas montré. Qui a réalisé le clip ? Est-ce que vous avez contribué à l'écriture du clip ?

Romain Oui, globalement, c'était essentiellement des idées qui venaient de nous. C'est Brice et Amélie, Brice Hincker and Amélie Diane, qui sont occupés du clip, et avec qui on adore bosser. On avait déjà réalisé des clips avec eux sur l’album d'avant. Et en fait, ça se passe super. On a proposé plein d'idées. Ils ont aussi été force de propositions sur plein de choses. Et sur le fait que ce soit suggéré, oui, l'idée, c'était justement de ne pas avoir quelque chose de narratif. On ne voulait pas une histoire, on ne voulait pas un truc joué, on ne voulait pas ça. Et finalement, le fait qu'on ait juste des suggestions, des images de femmes qui hurlent, que ce soit la colère ou la peur, ou la demande à l'aide, ou n'importe quoi, finalement, c'était pour... Comment dire ? Pas de rester en surface, mais finalement, simplement de suggérer la thématique sans afficher un truc comme ça.

Mathieu Le texte est déjà plus rentre-dedans que l'imagerie autour. Et puis, c'est surtout des gens qu'on connaît. Toutes les filles qui sont venues, c'était des copines et des copines de copines. Donc, c'était une ambiance d'enfer ! Il fallait les calmer parce que... Elles avaient pris le contrôle quand même du clip.

Romain [Rires] C'est clair !

Mathieu Mais c'était formidable.

Romain On a passé un super moment, oui.

Mathieu Et, y a ma femme dedans, y a tout un tas de gens.

Max Je pense que ça, même à toutes les femmes qui ont participé au clip, ça leur parlait…

Mathieu Oui, mais c'était festif. C'était marrant, même si le thème l’est quand même beaucoup moins. Mais voilà. On est contents.

Il y a toujours eu dans Bukowski – mais je trouve que là ça se sent encore plus – un mélange de plein de choses. Il y a un côté stoner, un côté un peu plus groove, un côté un peu plus 90's. Il y a vraiment plein de choses différentes. Est-ce que chacun d'entre vous apporte tout ça ? Ou est-ce qu'il va y en avoir un qui a plus un type de son, l'autre plus autre chose ?

Mathieu Je ne sais pas trop. C'est une bonne question.

Max Après, on a tous nos influences respectives…

Mathieu Mais je pense qu'on apporte tous un peu tout. Il n'y a pas force bleu, force rouge, force jaune... [Rires généraux] Alors c'est toi qui est préposé aux 90s… ? [Rires]

Max Non mais c'est le plus compliqué, imbriquer tout ça pour que tout le monde soit satisfait et ait envie de le faire, mais oui il y a clairement plein d'influences de styles et de vécu différents, on n'écoute pas forcément les mêmes choses chez nous.

Romain Oui mais il y a quand même une base commune, une grosse base commune, et après si tu veux t'as des petits dérivés que chacun va explorer dans son coin, mais quand même globalement, on quand même un peu tous la même culture musicale, on vient tous de la même chose en fait.

Et si cet album devait vous évoquer quelque chose de visuel, soit un tableau, soit un film, soit un paysage, à quoi ça vous ferait penser ?

Romain Ah, c’est une bonne question ça aussi…

Max La cover, moi je trouve qu'elle rentre parfaitement dans tout.

Mathieu Oui c'est ce que je me suis dit tout de suite, la cover de l'album, il y a vachement d'images que je m'en fais, mais c'est d'une simplicité absolue, c'est un truc de merde… [Rires] C'est de la triche !

Romain On a dit ça tout à l'heure, mais c'est vrai que cet album me fait vachement penser finalement un peu à la lumière au bout du tunnel, parce qu'il y a cette symbolique finalement dans un peu toutes les cases de l'album, que ce soit effectivement les textes où on parle beaucoup de sujets très sombres mais avec toujours une touche d'espoir, la relation avec Julien aussi, avec tout ce qui s'est passé, le départ de Julien, finalement cette lumière c'est un peu… Tu t'échappes pas du deuil, mais il s'allège avec les années et le temps qui passe, donc je dirais ça, cette lumière que tu vois au fond et qui t'annonce les beaux jours à venir.

Mathieu Ouais moi je dirais une montgolfière, parce que ça grimpe doucement, comme ça, il y a une flamme au milieu…

Max Ouais ! Vous me regardez, moi ? [Rires] Ben comme tu dis, c'est vrai qu'il y a plein de richesses dans l'album, il y a plein de mélodies, il y a plein de choses, beaucoup de mélancolie, il y a beaucoup de couleurs différentes, même si on a réussi à quand même avoir une ligne directrice globale, et je trouve que pour moi ça reflète beaucoup des tableaux de la Renaissance un peu, du Delacroix, des trucs comme ça… Non, en fait, je viens de dire une horreur, parce que lui n’est pas de la Renaissance…

Mathieu Delacroix, à l'envers ! [Rires] Mais bien sûr ! [Rires]

Max Il y a vraiment des scènes un petit peu dramatiques, avec des gens comme ça, plein de couleurs…

Romain Le Radeau de la Méduse !

Max Oui, exactement ! Avec plein de petites scénettes, avec plein de petits détails, avec plein de choses à découvrir, mais avec quand même derrière une lumière. Enfin, ça fait souvent très sombre, mais en fait c'est une gestion de la lumière qui est incroyable, et pour moi je trouve que du coup ça rejoint vachement la cover, même si ce n’est pas de la peinture mais de la gravure. Il y a ce truc clairement de… c'est dramatique mais en même temps il y a quand même, c'est comme lumineux. C'est assez proche de ce qu'on a fait en musique.

Et moi je trouve que ça se ressent aussi dans la musique, il y a des temps de… pas de silence vraiment, mais vraiment des temps de calme, d'apaisement et après voilà, des éclats de lumière, moi ça me fait penser un peu à l'océan en fait, tu vois, d'un coup qui va se mettre à gronder, à faire des grosses vagues, et puis avoir des moments plus calmes.

Mathieu Exactement, c'est très bien dit.

Romain Oui, c’est vrai !

Max C'est ça que j’aurais dû dire, merde ! [Rires]

Mathieu Elle m’a volé mon idée ! [Rires généraux]

Il y a un featuring sur "Communication in Silence", si vous pouviez avoir un featuring avec un artiste ou un groupe, n'importe qui, on imagine que tout est possible, quel serait votre rêve absolu ?

Max Moi Bernard Minet je pense !

Mathieu Non mais moi tout de suite, il m'emmerde parce que c'est devenu un gros con, mais sinon à la base c'était Phil Anselmo que j'aimais beaucoup. Mais depuis il claque des bottes, c'est un peu dommage.

Max Ouais, c'est un peu difficile.

Mathieu [à Romain] T'aimerais bien avoir un batteur, toi ?

Romain Un batteur ? Ben Bernard Minet, du coup !

Je le vois dans deux jours, donc…

Mathieu Ah ouais ? Bernard, mais j'ai failli jouer avec lui en plus, dans son cover metal !

Max Ah ouais, c'est dingue ! Sinon, ça aurait été cool d'avoir un featuring avec Chris Cornell.

Romain Ah, Chris Cornell ! Mais c'est ça en fait, je cherche un vivant, depuis tout à l’heure.

Max Non mais les meilleurs sont morts !

Bon alors dans ceux qui sont morts, allez, on y va.

Romain Il y en a tellement. J'adorerais Cobain, j'adorerais... Jeff Buckley aussi.

Mathieu Jeff Buckley aussi, Jeff Buckley !

Max Ah ouais, sur un morceau très calme, Jeff Buckley, ça aurait été fabuleux. Mais là, je réécoute un peu The Cure, Robert Smith ! Bon, il est pas mort, mais… [Rires généraux] Sur un morceau, ça pourrait passer. Il y a un truc, franchement.

Ça pourrait être marrant.

Mathieu Ouais, mais de toute façon on a dit pour trois : Jeff Buckley, Chris Cornell...

Romain Moi j'aime bien Cobain…

Mathieu Kurt Cornell. Chris Corbain.

Lui, il est dispo, je crois. [Rires généraux]

Mathieu Il existe quelque part !

Romain Je pense qu’il est fermier… [Rires]

Mathieu On s’en fout, on peut tenter !

De votre côté, si vous, vous pouviez vous inviter ou vous incruster sur l'album ou sur un concert d'un artiste, ce serait qui ?

Mathieu Faith No More, moi !

Romain Ah ouais, bien joué !

Mathieu Parce que j'ai gagné plusieurs karaokés avec un morceau de Faith No More et j'adore ce groupe !

Ah ben, justement, j’avais une question sur le karaoké à la fin !

Mathieu Ah ouais ?

Romain En fait, après ça dépend si on parle d'un truc qui m'a fait rêver depuis que je suis môme ou d’un truc tendance du moment… Mais si c'est un truc de toujours, moi j'aurais adoré jouer Led Zeppelin, les Foo Fighters… j'aurais adoré en tant que batteur, tu vois. Ça aurait été méga kiffant.

Max Moi, en basse, j'aurais kiffé jouer avec Kvelertak, j'aime beaucoup. L'énergie sur scène est folle. Je les ai pas vus depuis très longtemps. Mais l’énergie sur scène, quand ils avaient joué au Glazart, c'était incroyable. Je me suis dit, putain, j'ai jamais vu ça.

Ah, mais tu parles du Glazart, genre il y a plus de 10 ans, là ?

Max Oui, oui !

J'y étais aussi !

Max Il était fabuleux ce live ! Je les ai revus après, au Zénith. C'était en première partie de Slayer, je crois. Et j’ai trouvé que ça avait perdu son... Ils avaient la même énergie, mais ça avait perdu… comment dire ?

Mathieu Sa proximité ?

Max Oui, c’est ça, ils étaient trop loin, au-dessus… Kvelertak, on a envie de le ressentir… Au Glazart, ça gouttait du plafond, la sueur, c'était fou… C'était vraiment...

Mathieu Très punk.

Max Enfin bon, j'aurais bien aimé jouer un morceau avec eux.

Bon, toi [à Romain], Foo Fighters, c'est dommage, tu as raté l'opening il y a quelques années !

Romain Ouais, il y en a un qui m'a pris la place ! [Rires] Non, parce qu’ils m'ont demandé, mais j'étais pas dispo... [Rires]

Ah ouais, c'est ça !

Romain Donc je lui ai laissé la place.

Mathieu C’est con, ce que t’as raté...

Romain Non, ça me fait plaisir ! [Rires généraux]

Mathieu C'est vrai que depuis, ça marche bien, pour lui !

Romain Ah ben ouais ! [Rires]

Alors, revenons un peu au sérieux, parce que sinon, je vais me faire virer avant d’avoir le temps de poser toutes les questions... Donc, quel regard vous portez sur l'évolution de la scène rock et metal en France ?

Mathieu Elle est plutôt pas mal, franchement. C'est l'industrie qui est compliquée, mais les groupes, il y en a plein qui émergent de partout. Et c'est fleurissant, il y a vraiment... un do-it-yourself, maintenant, avec les moyens qu'on a, on peut faire... Ils sortent des sons pas possibles, genre, ils le font eux-mêmes. Enfin, c'est d’une modernité impressionnante, dans le bon sens du terme, je trouve. Avec par contre, si je puis me permettre, une froideur de création, je trouve. Puisqu'il y a une maîtrise du son qui a changé, vraiment. Je trouve qu'on est un peu sur les mêmes ficelles, un peu tout le temps, selon moi, particulièrement dans le metalcore. Mais il n’en reste pas moins que c'est là qu’il y a des groupes qui émergent qui défoncent aussi, quoi.

Max Ouais, en groupes français, il y a des super trucs qui émergent.

Mathieu En France, en tout cas, ça bouge bien.

Ouais, je trouve que sur les... Surtout les cinq dernières années, là, ça n'a rien à voir avec avant...

Mathieu Ouais, ouais, tout à fait, c'était un peu le désert, ouais.

C'était le désert où ça sonnait parfois un peu amateur. Enfin, c'était souvent un peu...

Mathieu Ouais, c'est ça. Vraiment, là, y a de la grosse prod et tout, ça fait plaisir.

Romain C'est très bien, franchement. Y a vraiment de bons groupes.

Si l'auditeur devait revenir à un seul truc de Cold Lava, qu'est-ce que ce serait ? Qu'est-ce que vous aimeriez mettre en avant ?

Romain Moi, j'aurais envie de... En tout cas, l'image que j'aimerais renvoyer, c'est qu'on effectue un retour aux sources, avec une pointe de modernité. Mais s'il y avait quelque chose à retenir, j'aimerais que les gens retiennent ça : « back to basics », il y a ce truc, où on revient à ce qu'a fait Buko il y a 10 ans, 15 ans.

Mathieu Voilà.

Et en termes de live, est-ce qu'il va y avoir des trucs un petit peu particuliers pour cet album ? Je ne sais pas, des projections, ou autre chose ?

Max On aimerait bien se trouver les financements.

Mathieu Oui, le nerf de la guerre, c'est l'argent. Si on pouvait, évidemment qu'on en ferait.

Romain Parce que les idées, en plus, elles ne manquent pas. C'est bien le problème, c'est qu'on a plein d'idées en tête depuis des années, mais qui ne sont pas réalisables par manque de moyens financiers. C'est ça. Mais oui, des idées, on en a plein.

Mathieu Forcément, il va y avoir des choses. Mais quoi ?

Romain Oui, si on parle d'un point de vue technique, là, pour le coup, on ne sait pas encore, parce que comme la tournée va commencer en janvier, c'est difficile de se projeter là-dessus d'un point de vue technique. Par contre, d'un point de vue scénique, oui, c'est sûr qu’en plus, on aura à cœur de défendre ces nouveaux morceaux sur scène.

Mathieu Oui, de proposer un show en béton armé avec tout ce qu'on peut inclure dedans.

Max Il va falloir choisir les bons morceaux aussi, parce que moi, je vais avoir envie de tout jouer. Oui, il va falloir quand même choisir.

Il faut jouer longtemps, sinon.

Mathieu Oui, c'est ça !

Il faut faire comme Leprous, là, qui faisaient des concerts de près de trois heures.

Romain Oh, ouais ! [Rires]

Mathieu Oui, mais même quand tu es en tête d'affiche d'un festoch, on te dit : « sinon, les gars, on avait dit une heure, pas une heure quinze... » [Rires].

Ben en festoch, forcément, c'est plus compliqué !

Mathieu Ben en tête d'affiche, tu t'en fous. Si tu veux jouer plus…

Mais les pauvres orga veulent aller dormir après ! [Rires]

Max L'album est facilement défendable sur scène, il n'est quasiment fait que pour ça aussi. Enfin, que pour ça… J'exagère, mais il est vraiment taillé pour ça. Pour qu'on puisse s'éclater aussi, avec les gens sur scène. Oui, on va vraiment se marrer à jouer. On va vraiment prendre plaisir. J'espère que les gens aussi vont prendre plaisir. Les voir chanter les refrains, ça va me faire du bien aussi, de partager.

Romain Après, c'est vrai qu'il y a plein de gens qui ne nous ont pas vus sur la dernière tournée. Mais si des gens qui avaient vu le groupe il y a 7 ou 8 ans, il y a quelques années déjà... comparé à y a 7 ou 8 ans, le groupe a complètement changé de dimension sur scène. Parce que l'incorporation de lumière, d'effets scéniques, toutes ces choses-là, finalement, nous on ne les considère plus comme de la nouveauté, alors que ça a un an et demi. Mais comme ça fait un an et demi ou deux ans qu'on tourne avec, pour nous, c'est devenu un peu notre quotidien. Mais en réalité, effectivement, si les gens ne nous ont jamais vus, ou nous ont vus il y a quelques années et viennent nous voir maintenant, ouais, des surprises, effectivement, sur scène, ils vont en avoir déjà un bon paquet, je pense.

[Max doit sortir quelques instants]

Et donc là, niveau dates, il n’y a rien de prévu avant la tournée ?

Romain Si, il a une date en novembre. Attends, je vais te dire ça tout de suite… Le 29 novembre à Arras, dans un festival qui s'appelle le Barak Fest, et par contre, après, effectivement, il n'y en aura pas d'autre. Mais oui, sinon la tournée commence en janvier.

D'accord. Beaucoup de dates ?

Romain On espère, c'est en train de se booker. Donc, voilà.

Mathieu Logiquement, oui.

Romain 1500, je pense. Facile. [Rires]

Mathieu Non, non, mais oui, logiquement, il y en aura pas mal. On bosse toujours avec le même tourneur, il bosse bien.

Romain Oui, oui, et après, on a aussi la volonté de recentrer un peu le booking. Y aura peut-être un peu moins de dates en tête d’affiche. L'idée, c'est aussi de continuer à développer aussi la visibilité autour du projet, et ça passe aussi par aller peut-être faire plus de festivals où finalement, tu vas avoir beaucoup de gens qui soit ne te connaissent pas, soit ne sont pas forcément acquis à ta cause. Et en fait, d'aller se confronter à ça et de se dire : « À nous d'essayer de les convaincre maintenant », tu vois. Et on sait qu'on a cette force aussi sur scène, de pouvoir convaincre des gens qui ne sont pas nécessairement adeptes du projet ou n'iraient pas écouter naturellement le groupe. [Max revient dans la pièce] Mais après nous avoir vus sur scène, c'est vrai qu'on a souvent ces retours-là de gens qui nous disent : « Ah, mais je n'avais pas trop écouté » ou « Je n'avais pas trop accroché sur CD, putain, par contre, le live, ça défonce ! », « Il y a une énergie de ouf ! » Et c'est très souvent les retours qu'on a. Donc, je pense qu'on va continuer dans cette dynamique-là.

Mathieu Absolument.

Max Moi, je suis toujours content… Ouais, j'arrive comme si j'étais là depuis tout à l'heure ! [Rires généraux] Je suis toujours content quand on joue et qu'on demande qui connait déjà Bukowski et qu'il n'y en a que deux ou trois, et qu’au final on arrive à conquérir le cœur des gens qui ne nous connaissaient pas. Je trouve ça chouette de se dire « Ah, il n'y en a pas un qui nous connaît ?... » et qu’après on nous dise : « Ah, je vous ai vus, je ne vous connaissais pas ou je connaissais que de nom, mais c'est trop bien ! ». Moi ça me… En fait, je crois que j'aime bien évangéliser les gens comme ça ! [Rires généraux]

Romain Venez !

Max Je ne sais pas, je trouve ça chouette de se dire « Il y a des zones où tu conquières les gens. » C'est trop bien.

Mathieu Complètement.

Max Objectif atteint, quoi. Quand les gens passent une bonne soirée, c'est le principal.

Et pour conclure, on en arrive au karaoké.

Mathieu Alors ?

Quand vous faites du karaoké, c'est quoi votre chanson fétiche ?

Mathieu Ah tiens ! Moi, j'en ai qu'une et j'en fais très peu, c'est "Easy" de Faith No More. Une reprise de Lionel Richie. J'ai gagné des concours. J’ai même fait un Club med, où j'ai fait un carton plein chez les vieux ! Standing Ovation d'anciens : « Ça, c'est du vrai chanteur ! » [Il imite une personne âgée – Rires généraux] Et puis sinon, j'ai gagné une bouteille d'Hypocras…

Romain Ah, ouais !

Mathieu Et puis je sais plus trop quoi, une fois, à la Cantada, à Paris. J'en ai gagné trois… un à Dieppe aussi.

Romain Et Julien était très très fort aussi.

Mathieu Ouais, il était pas mal !

Max Julien était plus fort en Air Guitar !

Mathieu Ouais, voilà, c’est ça. Julien a gagné des trucs de Air Guitar. Il devait partir en Pologne… [à Max] T'as un morceau, toi, peut-être, en karaoké ?

Max Ah ! Non, je ne chante jamais, je suis très mauvais. Je ne sais pas.

Ça me donne envie de te faire chanter là. [Rires]

Max Vrai karaoké, non, mais après les trucs de soirée avec des potes, et puis tu sors des guitares, des batteries, des machins, et tu joues aussi. Il y a un truc que j'adore, là pour le coup c'est nul, mais c'est très très drôle, c'est "Sous le Vent" de Garou. Ça, c'est très drôle.

Mathieu Ça marche bien [il chantonne] !

Romain Ah ouais, c'est hilarant. Sinon y a Angels de Robbie Williams [il chantonne lui aussi] Là, je me suis un peu entraîné en secret…

Mathieu Oh, coquin !

Romain Et là, je travaille sur "Bohemian Rhapsody".

Mathieu Très très dur !

Romain Il y a une version sur les plateformes sans la voix. J'ai encore quelques années de travail.

C'est pour une prochaine tournée !

Mathieu Après, on achète un karaoké dans le Qatar !

Romain C'est pas mal. On a une télé, en plus !

Mathieu Avec une boule à facettes. Voilà quoi.

Ça, et puis "Magnolias For Ever" [un des titres de l’album commence par un extrait de cette chanson], et puis c’est bon !

Mathieu Bien sûr !

Romain Exactement !

Le groupe va se transformer au fur et à mesure ! [Rires]

Romain Il faut bien gagner sa vie, hein !

Bon, on va conclure là-dessus. Merci beaucoup !

Romain et Mathieu Merci à toi !

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Orsola G.

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