Toujours en équilibre entre rage, flow et mélange des cultures, Rise of the Northstar entame une nouvelle ère avec Chapter 04: Red Falcon Super Battle! Neo Paris War!!. Plus libre, plus moderne, mais toujours fidèle à son ADN, le groupe parisien repousse ses propres codes sans renier ses racines. Rencontre avec Vithia et Eva-B, qui nous plongent dans les coulisses d’un album affûté comme un katana, entre liberté totale, visions futuristes et énergie brute.
On va forcément parler du nouvel album : vous avez dit que, dans cet album, il y avait une intention de surprendre, mais tout en conservant l'ADN du groupe. Est-ce que vous pourriez exactement – enfin, exactement… [ils sourient] plus ou moins nous dire sur quels éléments vous avez voulu créer la surprise et qu'est-ce que vous avez voulu conserver, en fait comment vous avez créé cet équilibre ?
Vithia On va dire que depuis toujours sur les albums de Rise il y a une forme d'homogénéité, il y a des choses que je fais et que je répète régulièrement, comme par exemple le titre numéro 2, si je ne dis pas de conneries, de chaque album, c'est toujours le premier single, le nombre de chansons aussi… alors ça je ne peux pas en être sûr…
Eva-B Ça a changé sur celui-là…
Vithia Alors, oui, sur celui-ci ça a changé, justement… On a fait des interludes rappés 100% français, on va dire qu'il y a des choses où je me suis libéré et où on s'est libérés artistiquement. Par exemple, il y a du featuring, il n'y a jamais eu de featuring sur nos albums. Et en même temps, c'est le même groupe, on n'a jamais voulu écrire le même album, donc on évolue constamment et ça ça ne change pas, mais dans l'absolu la manière dont on a abordé l'album c'est une manière plus libre, plus directe…
Eva-B Plus moderne.
Vithia Ouais, plus moderne. Il n'y a même pas de tenue de scène, d'habitude on a toujours des outfits scéniques, on avait des gakuran, puis on avait des tokkō-fuku, là j'avais même pas de tenue de scène. C'est quelque chose de plus brut. Ça reste recherché, hein, on n'agit pas n’importe comment, mais c'est quelque chose de plus libre artistiquement et puis en même temps c'est le même groupe, donc musicalement c'est le même ADN, on ne va pas se mettre à faire de la country, quoi ! [Rires généraux]
Est ce qu'il y a des choses que vous auriez peut-être un peu envie de faire, mais que vous n'osez pas encore faire, ou est-ce que vous permettez tout ?
Vithia On s'autorise tout, il n'y a aucune limite artistique. De toute façon, vu d'où on vient, la scène d'où on vient, et ce qu'on s'est permis de faire dès le début, ça veut dire arriver avec des gakuran, pour aller jouer dans la scène hardcore allemande et belge de base, où tout le monde est en Air Max, t'inquiète pas qu'on nous regardait déjà comme des OVNI, et il n'y a pas de problème. On assumait, il n'y a pas de problème, on était sur scène et les gens disaient : « Ah, c'est marrant ce qu'il fait ! ». On assumait, donc ce n'est pas maintenant qu'on joue sur des grandes scènes où justement tu peux te permettre plus de théâtralité et tu es plus compris, tu es plus respecté… On va en profiter !
Eva-B De toute façon, musicalement, on est quand même un peu tous dans le même bain, on aime tous un peu la même chose, donc dans tous les cas ce qui va sortir en règle générale, on est tous d'accord là-dessus, on aime tous. Le plus important, c'est déjà que les compositions qu'on fait nous plaisent à nous. Et vu qu'on a plus ou moins les mêmes influences, forcément on ne va pas partir dans des trucs… dans la country ! [Vithia rigole]
Vithia On l’aime bien, la country ! [Rires]
Oui, y a quand même une énorme variété déjà.
Vithia Ouais, c’est ça, c’est un crossover.
C'est une palette super large et je pense qu'il y a forcément des fans qui vont être plus touchés par un morceau qu'un autre parce que ça va plus leur parler. Moi, par exemple, sur l'album c'est vraiment "Payback" qui m'a le plus…
Vithia Ah, génial !
C'est le truc brut, direct, qui arrive comme ça…
Vithia Ben c'est le premier titre qui a été finalisé pour l'album et c'est pour ça qu'il est au début, parce que justement on se disait que c'est une très bonne introduction.
Eva-B C'est vrai que c'est un titre, en plus, dont on a beaucoup discuté, parce qu'on le trouve vraiment cool aussi, il y a beaucoup de gens dans le groupe qui voulaient le sortir en single. Et c'est vrai que Vithia, il était plus en mode : « C'est quand même cool que, quand les gens vont découvrir l'album, le premier morceau ils le découvrent, et que ce ne soit pas quelque chose qui soit déjà sorti avant ».
Vithia Et alors qu'il a l’étoffe d'un single.
Eva-B Oui, alors qu'il aurait pu sortir et être clippé, etc.
Vithia Et peut-être qu'étant libres, un jour on dira : « Vas-y, on le clippe ! ». On n'a aucune barrière. Par exemple, il y a un clip qu'on n'a jamais pu faire pour le premier album, qui s'appelle "Dressed All in Black", il y avait eu un trailer à l'époque, sur une patinoire, on n'a jamais pu le faire. Rien ne nous interdit aujourd'hui à faire : « Ok, on va clipper ce morceau ». Rien ne nous l’interdit, on est libre artistiquement, c'est la force de l'indépendance. Donc, du coup, "Payback", c'est un gros titre de l'album, et volontairement on n'a pas voulu le sortir en single, pour que justement le mec qui achète l'album se prenne ça d’entrée de jeu.
Oui, oui, ben ça marche ! [Ils rient] Et je pense qu'en live, ça doit carrément envoyer. Et donc tu parlais justement des featuring, comment ça s'est mis en place, l'impulsion est venue de votre côté ?
Eva-B Le tout début, le premier featuring qu'on a eu c'est avec Flo, Flo Salfati, de Landmvrks, et on avait ce morceau "Back 2 Basics", qui était déjà composé depuis un moment. Et puis on a essayé de trouver des bons refrains dessus et on n'était pas tous satisfaits de ce qu'on faisait. On s'est dit, on avait déjà fait un feat avec Hyro the Hero sur "Underrated", qui était un single qui était complètement en dehors de l'album, donc on avait déjà commencé à s'ouvrir à des collaborations et on a proposé. Donc ça nous est venu directement de Flo, parce que c'est un refrain très mélodique, on voulait du chant dessus, et qui mieux que Flo actuellement pour faire ça ? On lui a envoyé le morceau, il a dit oui direct, il nous a envoyé un refrain en yaourt qui était déjà incroyable [Vithia rit], sans paroles, avec juste la top line, et c'était trop bien ! Et il s'est proposé de nous faire aussi un mix master sur ce morceau-là et ce qu'il nous a envoyé, on était là, genre : « Ben, en fait tu vas faire l’album, ça va être très simple ! C'est toi qui vas mixer le master de l'album ! ». Donc la collab est partie de ça, avec Flo en tout cas, et la deuxième avec Aaron sur "Nemesis", en fait moi je les ai vus il y a quelques mois au Trabendo, quand ils ont fait leur tête d'affiche, et après le concert, on était en soirée, on a discuté, et puis Aaron m'a dit : « Mais vous n'avez pas un nouveau morceau qui arrive ? Moi j'ai trop envie de faire un truc avec vous depuis le temps qu'on se connait…» Parce ce qu'on se croise depuis…
Mais il est partout, lui ! Il est sur plein d'albums d’autres groupes qui sont sortis récemment…
Vithia Ouais, ouais, il a une signature vocale géniale !
Eva-B Au moment où il m'a dit ça, j'avais déjà un morceau qui était composé. Il était un peu de côté, on l'aimait bien mais on ne savait pas trop quoi faire dessus, et puis en y repensant, on s'est dit : « On va le faire avec Aaron celui-là, ça va être très bien ! ». Et puis ça s'est très bien passé, ça a été très vite, on est très contents du morceau.
Vithia C’est comme Landmvrks, on les connaissait depuis un certain temps, ça fait longtemps qu'on partage la scène avec eux, et d'une manière générale, quand on aborde les featurings, on cherche toujours une complémentarité, on veut pas… Par exemple, sur "Back 2 Basics", j'ai attaqué très bas mes couplets, pour que justement la voix de Flo puisse s'envoler sur les refrains et qu'il y ait une espèce de complémentarité. Et avec Aaron c'est différent, il a une voix plus lourde que la mienne, donc quand il attaque vraiment fort dans le guttural, moi je me mets à rapper plus haut, et c'est ce qu'on recherche justement dans les featuring. Et comme sur "Underrated" avec Hyro, il a un flow, il sait rapper quoi, ça s'entend et c'est génial. C'est ce qu'on recherche, on veut vraiment créer un morceau où on sent que c'est une rencontre artistique et pas un mec qui vient mettre sa voix comme ça, quoi.
Et donc dans le futur, il y a des envies de faire d'autres featuring ?
Vithia Ah, mais depuis toujours ! En fait, la vérité, c'est qu'il y a toujours eu des envies de feat. Sauf que, pour les deux albums précédents, il faut savoir que The Legacy of Shi et Showdown étaient censés sortir beaucoup plus rapprochés, et qu'entre temps, il y a eu un truc qui s'appelle le Covid, qui nous a fait perdre beaucoup de temps, mais il faut presque les vivre comme un double album. Et du coup sur ces deux albums-là, c’était compliqué de faire venir quelqu'un de l'extérieur, parce que ça sortait du contexte de l'album, du concept de l'album. C'est bizarre de faire rentrer quelqu'un d'extérieur, quand ton album a une ligne artistico-scénaristique – je ne sais pas comment le dire – un fil conducteur, où justement tu as une dualité avec un samouraï yōkai… Faire intervenir quelqu'un de l'extérieur, je trouve que ça tue la magie et ça tue l'histoire. Ça aurait été peut-être bien d'un point de vue business, mais c'est justement là qu'on voit l'intégrité d'un groupe. Notre intégrité artistique est sans faille, et moi je voulais pas perturber ça, donc on l'a pas fait. Là, justement, c'est beaucoup plus libre, c'est un album plus urbain, on a plein de titres, let's go ! Et à l'époque du premier album, on l'a pas fait tout simplement parce qu'on n'avait pas le réseau. Et puis finalement, en 2014, la scène était pas si riche.
Eva-B Oui, c’était pas la même chose…
Vithia Il n'y avait pas autant de bons groupes en France
Oui, c'est vrai, l'évolution des groupes en France est incroyable !
Vithia C'est génial de voir aussi que pas mal de ces gars-là ont joué avec nous à l'époque ou nous écoutaient. Et c’est trop bien, c'est génial, on est honorés !
Et alors donc sur ce nouvel album, s'il fallait résumer l'intention, le fil narratif, ce serait quoi ?
Vithia "Neo Paris" ! C'est la chanson qui symbolise et qui synthétise le mieux l'album et qui même synthétise le mieux aujourd'hui le groupe. Ça parle de cette génération qu'on est nous, française, qui avons grandi en écoutant de la musique américaine, mais tournés vers le Japon. On a un rapport unique en France avec le Japon, avec la Japanimation et le manga. Moi je parle pas de manga ou de Japanimation dans mes lyrics, ou très peu, je fais 2-3 punchlines par-ci par-là, mais comme dans le rap US quand ils vont te faire une référence à je sais pas quel manga, personne va te dire qu'ils font du rap manga, ils font du rap ! Nous c'est pareil, sauf que "Neo Paris", c'est quoi ? C'est moi gamin qui me revois regarder tous les buildings entre lesquels j'ai grandi et puis qui me projette dans City Hunter – Nicky Larson en France – ou Akira, et qui rêve d'un ailleurs, de ce Tokyo, de ce Japon qui me fait rêver, que je vois à travers mon petit poste télévisé. Et en même temps, cette musique américaine lourde, violente qu'on adore tous, des Korn, des Machine Head… Et mixer tout ça, ça donne "Neo Paris" : il y a du rap, il y a du chant, il y a de la 7 cordes, il y a de la lourdeur, c’est ce qui synthétise aujourd'hui le mieux Rise of the Northstar. Et c'est le fil conducteur de l'album, même si sa couverture, c'est un real mecha que j'ai conçu, qui s'appelle le Red Falcon, et qui est aussi une sorte de fil conducteur, mais qui vient se greffer à ce monde qu’est "Neo Paris". Mais tout ça, c'est le groupe en fait, tout simplement. C'est pas comme dans The Legacy of Shi ou Showdown, où il y avait vraiment une ligne, là chaque titre est un monde.
Au niveau chant, t'as plein de types de chants différents. Au moment où les morceaux sont créés, vraiment à leur genèse, est-ce que t'as déjà une idée très précise de ce que tu veux faire et à quel moment ou est-ce qu'il y a aussi de l'instinct finalement sur le coup ?
Vithia Non, y a de l’instinct. C’est Eva-B qui m'envoie les compos. Parfois je lui dis : « Est-ce que ce riff on peut le mettre là, ou cutter ceci… » mais souvent c'est fini à 90%. Il y a ce que génère en moi le titre, parfois ça génère des lyrics très rapidement, comme "Neo Paris", c'est arrivé assez vite le thème. Quand il est arrivé, j'ai fait : « Ok, lui c'est un banger de chez banger ». C'est arrivé très vite, les lyrics sont arrivés très vite. Et parfois c'est des titres qui prennent plus de temps, comme "Desolation Hawk", où j'ai mis un peu plus de temps… Ben finalement, quand il y a des beats, hein ?
Eva-B Ouais, ouais.
Vithia Même "One Love" j'avais mis plus de temps sur l'album précédent… J'ai besoin de l'écouter, de me projeter… Finalement j'image beaucoup dans ma tête, avant d'écrire, et puis du coup il n'y a pas de formule préétablie, chaque titre appelle un style d'écriture.
Et quand vous faites l'enregistrement d'un album c'est pareil, est-ce qu'il y a beaucoup de choses qui naissent sur le moment ou est-ce que globalement c'est plus ou moins…
Eva-B Non, parce qu'on a une manière d'enregistrer qui est quand même plus actuelle. C'est plus trop, on se retrouve tous ensemble dans un studio et on enregistre. Les trois quarts de l'album, 90% c'est de la préproduction que moi je fais dans mon coin, et après je le présente aux gens et puis ils disent « oui » ou « non », ou on rajoute des trucs.
Vithia Après, il y a de l'échange, quand même ! Quand on se réunit, on échange, et souvent chacun maîtrise son instrument et ajoute. Je pense notamment à notre batteur, Phantom, qui a rajouté des trucs, et qui en a ajouté en studio aussi.
Eva-B Oui, oui, des trucs techniques.
Vithia Ou Yoru, qui fait beaucoup de beats, moi je lui ai dit : « Ne t'arrête jamais de composer, compose sans arrêt des beats, tu me les envoies toujours ! Te dis même pas que ça sera perdu, moi tout est archivé ! ». Tout est archivé, j'oublie rien, je mets rien de côté ! Parfois, un beat qu’il m’a sorti il y a un an, je l'oublie pas et je sais qu'à ce moment-là de l'album, il faut qu'il y ait ce beat-là. C'est ce qui est arrivé avec "Under". C'est un titre qu’il m'a envoyé il y a longtemps ! Et c'est de l'architecture. Je vois ça comme de l'architecture. Et il scratche aussi, il a des vraies platines. Tous les scratchs qu'il y a sur l'album, c'est des vrais. Du coup, chacun apporte… même Air One, il est là, quand j'enregistre, il m'aide et tout. Bon, à la fin, le gros du travail c'est lui [il désigne Eva-B] et moi, et après à la fin chacun rajoute un peu sa touche.
Est-ce que vous modifiez beaucoup les morceaux quand vous les jouez en live ? Je parle pour ceux du nouvel album…
Vithia Le but c'est d'essayer de faire pareil, après on va dire que parfois – ça arrive régulièrement – j'ai des superpositions de voix, donc j'ai besoin de backing, etc. et souvent, c'est mes musiciens qui le font, et parfois c'est le public. Et de temps en temps, un titre est sublimé par le public, d’ailleurs. Il y a des refrains… là, on revient d’Amérique du Sud, le refrain de "One Love", à la fin, je ne chantais même plus, je tournais le micro et ils chantaient tout le temps et ils gueulaient plus fort que nous, j'aurais eu beau le chanter, on m’entendais pas !
En Amérique du Sud de toute façon, c'est pas étonnant, c'est super participatif !
Vithia Oh ouais, c'est cool !
[à Vithia] Donc toi, tu fais tout ce qui est la partie visuelle, les vidéos etc. Est-ce que vous avez déjà pensé à quelque chose du type de ce qu'avait fait Dethklok, par exemple, vraiment un genre d'animé complet, qui irait de pair avec un album, qui serait vraiment…
Vithia La vérité, c'est que je pense beaucoup par l'image. Alors, attention, les clips je les réalise pas seul, il y a des réalisateurs avec moi. Moi je suis le mec qui écris les synopsis, qui parfois pense les endroits etc. et qui guide, mais il y a des réalisateurs, et depuis toujours. On va dire que la vraie animation, ça coûte une fortune, donc il y a un moment où il faut quand même avoir la tête sur les épaules. Après, c'est quelque chose, il y a 10 ans je t'aurais dit « oui », et maintenant je me rends compte que je trouve ça bien, parfois, de laisser les gens avoir un morceau qui n'ait pas d'image dessus, et qu'ils se fassent eux-mêmes leur propre film. Parce que c'est finalement comme ça que tu t'appropries mieux les morceaux. Parce que, qu'on le veuille ou non, quand tu as un écran et quand tu mets un clip, tu deviens passif face à la vision artistique de quelqu'un. C'est cool, mais parfois c'est bien que ce soit toi-même… Moi je sais qu'il y a des groupes que j'adorais, à une époque où tu n'avais pas internet et tout, je les écoutais et je ne savais même pas à quoi ils ressemblaient ! J'avais eu sur un CD gravé, une démo, la chanson je la limais, et parfois je découvrais le groupe et il y a une magie qui se pétait, parce que finalement pendant des mois, je m'étais fait un film. Je ne sais pas : « Ils sont comme ça, le truc c'est comme ça… », et quand je les voyais, finalement, ça ne détruisait pas, mais ça reconstruisait ma pensée. Et du coup, je trouve ça mieux parfois de laisser libre cours aux gens qui s'approprient le groupe, qui s'approprient les titres, qui voient ce qu'ils veulent voir. C'est très bien. Donc aujourd'hui je te dirais non, je pense que c'est bien qu'il y ait des clips, et je pense que c'est bien qu'il y ait des titres qui ne soient pas clippés et que les gens se fassent leur propre univers.
Et faire des BO, ça c'est un truc qui vous…
Eva-B Un opening d'animé…
Vithia Ça, on adorait ça !
Et alors ce serait quel genre d'histoire ?
Vithia Ooooh… ça serait un manga qu'on aime déjà, enfin un animé qu'on aime. Après, quel genre d'histoire, on n'en sait rien… Un shōnen, sûrement, ou peut-être même un seinen, mais bon, je ne suis pas fan du trop glauque, trop violent… Il y a une espèce de course à l'hémoglobine, aujourd'hui, que je n'aime pas. J'aime bien la violence dans les shōnen, mais il y a une limite quand même, et je trouve que parfois ça va trop loin. En même temps, je te dis ça, j'adore Hokuto no Ken [Ken le Survivant, en France].
Ben oui, y a une petite référence, quand même [Rires – le nom du groupe est inspiré du titre anglophone de l'animé, Fist of the North Star]
Vithia [Rires] Mais bon, dans l'absolu, je ne sais pas… Mais là je trouve que dans l'album, finalement, "Falcon" c'est un opening d'animé !
Oui c'est vrai que pour le coup ça colle pas mal ! [Ils rient tous les deux] Là, va y avoir la tournée avec pas mal de dates en France et en Europe, est-ce que vous faites une préparation physique particulière pour les tournées ?Y a pas mal de groupes qui me disent qu’ils font du sport, des chanteurs qui préparent leur voix, etc.
Vithia Non, on a une hygiène de vie correcte, on fait attention à nous, quoi ! De toute façon, la scène ça t'oblige à te discipliner. Je veux dire, aujourd'hui, c'est des shows plus longs, on joue entre 1h et 1h30. Souvent, les groupes qui viennent d'une scène aussi extrême que la nôtre, ils jouent pas si longtemps, ils jouent 45 minutes, 40 minutes… Nous on commence à tenir des grosses scènes, avec un peu de prod sur scène mais pas tant que ça. Il y en a eu beaucoup au Hellfest, mais c'est une première pour nous d'avoir autant de production sur scène, mais sinon on gagne le show à l'énergie. Et qu’on le veuille ou non, ça t'oblige à être discipliné, à pas être trop festif… et ça c'est quelque chose qui se retrouve même quand on tourne pas, il n'y a pas de déchéance.
Eva-B C'est une hygiène de vie privée qu'on a de toute façon, qu’il y ait le groupe ou non.
Vithia Quelqu'un qui n'aurait pas cette hygiène de vie n'aurait pas la place dans ce groupe très discipliné.
Est-ce que vous constatez, comme beaucoup de groupes, que c'est de plus en plus difficile de tourner de nos jours, ou est-ce que de votre côté vous le ressentez pas trop. Parce que très souvent on me dit : « C'est compliqué financièrement, on n'y arrive plus… ». Est-ce que vous, ça va ?
Eva-B Nous on est dans un stade où pour l'instant, ça va. Effectivement, depuis le Covid, tous les prix ont augmenté à tous les niveaux, que ce soit les locations de bus, l’essence, etc. et qui font que c'est un peu plus dur, mais on doit dire qu'on a la chance nous, pour l'instant, que ça nous impacte pas tant que ça.
Vithia On va te répondre dans deux ans ! [Rires]
Eva-B Depuis qu'on a repris 2022-2023….
Vithia Après, c'était pas si simple, hein ! Mais en fait, il faut pas avoir peur, et il faut avoir les épaules pour, même en tant que groupe, savoir régresser en termes de standing de tournée. Avant le Covid, on était en tourbus. Il y a eu le Covid. Et après le Covid, ça a été tellement dur financièrement, qu'on est repartis en van. Bon ben tant pis ! L'important c'est de jouer, c'est de pouvoir proposer aux gens… Les gens, ils ont pas à savoir. Tu montes sur scène, ton show il est impeccable. Et il faut accepter ça.
Est-ce que vous avez des petits rituels particuliers avant de monter sur scène ou pas du tout ?
Eva-B [Rires] Moi pas tant. Après, quelques fois, certains d’entre nous répètent un peu. Mais il n'y a pas vraiment de trucs incroyables.
Vithia On se check les uns les autres !
Eva-B Bon, il y a eu une fois où on avait mis des bougies on s'est tous mis autour et on a fait des incantations…
Vithia [il éclate de rire !] Non, c’est faux !
C’était pour une occasion particulière ou quoi ? [Rires généraux]
Vithia Parfois, ils font des tractions !
Eva-B Pour chauffer un peu, ouais…
Et vous avez beaucoup le trac ou pas ?
Vithia Euh… Qu'est-ce qu'on appelle le trac ?
Eva-B Il y a de l'adrénaline !
Vithia De l’adrénaline, oui. Si, avant le Hellfest, je faisais gaffe un petit peu.
Eva-B Ouais, mais ça part très vite. En tout cas, pour moi !
Vithia Ouais, dès qu’il y a le riff, la caisse claire…
Eva-B En fait, c'est plus l'excitation que le stress. Le stress, ça peut te bloquer, c’est négatif.
Vithia Il n'y a pas ça, mais on a commencé… Il faut savoir que le Hellfest, c’était notre 3e concert de l'été, avant ça il y a eu 6 ou 7 mois où on n’a pas joué, on composait, on enregistrait etc. et on a commencé à bosser avec des ear monitors, avant on était en retour scénique, et quand le matos déconne, ça, ça fait stresser ! Ça m'est arrivé en Allemagne, j'ai passé un super concert, mais ça cuttait sans arrêt. C’est-à-dire que je chante et je n'ai plus de son dans les oreilles, je me fie à la batterie. Mais c'est un truc qui te couvre fort et ça revient, ça recoupe une fois, deux fois je vois qu'ils n'arrivent pas à neutraliser le problème, parce qu'il y a plein de groupes… Je retire et j'ai joué avec le son façade ! J'ai tout retiré, il n'y avait plus rien dans les oreilles, mais du coup il n'y a pas de retour sur scène. Donc, je jouais avec le son façade que j'entendais et la batterie... ça, ça peut faire stresser ! Mais sur le coup, j'ai passé un super concert, je me suis retrouvé connecté avec le public, je les entendais bien et j'ai pris beaucoup de plaisir. Après, je sais pas si j'étais tight, mais les gens ont l'air d'avoir kiffé.
Et vous avez joué partout dans le monde…
Vithia Pas partout ! [Rires]
Eva-B Oh, presque !
À plein d’endroits, quand même !
Vithia Oui, mais pas partout, on n'a jamais joué aux Etats-Unis.
Mais ça viendra peut-être ! Est-ce que vous avez un souvenir marquant en bien et un en beaucoup moins bien…
Eva-B Pour moi, le plus marquant, c'est la première tournée au Japon, je pense, et pour plusieurs membres du groupe, en 2012. Et puis en négatif… il y a toujours eu des petites galères, des trucs de vans pourris… Ah si, il y a pas longtemps, le pneu d'un van qui a explosé sur la route, à 130 km !
Vithia Ah oui, ça fait flippé, ça !
Eva-B il a explosé complétement.
Vithia Ouais, coffre blindé…
Eva-B Ça, c’était pas ouf.
Vithia C’est très dangereux, ça.
Ah ben oui, je confirme !
Vithia Mais heureusement, le manager a très bien géré, il est resté très droit. Mais sinon, en souvenir positif, moi je dirais aussi la première tournée au Japon, mais il y en a d'autres… Le dernier Hellfest, ça restera extraordinaire. Et les mauvais souvenirs, je les efface !
C'est pas mal, c'est une bonne démarche ! [Il rit] Petite question un petit peu décalée pour finir, si vous étiez des personnages d'animés et que vous pouviez avoir un super pouvoir, ce serait lequel ?
Vithia J'ai envie de te dire, je te résume tout, si t'es un personnage d'animé, t'es Goku et t'as tous les super pouvoirs ! [Rires généraux] T'es le plus fort donc ouais, voilà, Goku, et hop, c'est réglé ! Y a pas de problème !
Eva-B Et moi, même s'il y a plein de trucs qui sont chiants, je serais Shinji dans Evangelion, comme ça j'aurais un gros robot ! [Rires]
Ok ben, merci beaucoup ! Et bonne continuation pour la suite et la sortie de l’album !
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Orsola G.
