TRANK a sorti fin 2024 son deuxième album, The Maze, un véritable petit bijou qui a bénéficié d'une sortie en vinyle en avril 2025. Nous avons eu le plaisir d'échanger avec eux à cette occasion, et d'aborder divers sujets, tels que l'évolution du groupe, leur passion pour le cinéma, leurs expériences totalement folles en live, et bien plus encore. Suivez le guide à travers le labyrinthe !
Donc on va commencer vite fait par un petit récapitulatif de l'histoire du groupe. Quand il a démarré, les changements de line-up, tout ça rapidement… Est-ce que l'un de vous deux peut me faire un petit récapitulatif ?
Michel : Tu te sens de faire un récapitulatif de l'histoire du groupe ?
Johann : Alors, il était une fois… [Rires] Le groupe a été créé aux alentours de 2015-2016. D'abord entre Michel et Julien, notre guitariste original, qui se sont bien trouvés. Ils se sont rencontrés, puis ils ont commencé à bosser ensemble. Puis après, on m'a demandé de rejoindre le groupe aussi. Puis on a trouvé un bassiste, et donc on va dire qu'on était un groupe à 4 jusqu'à il y a un an, à peu près. Avec ce groupe de 4, on a sorti un premier EP en 2016, de 6 titres, après, un album complet en 2019, puis la sortie d'une version Deluxe de cet album avec le CD de base et puis un CD de remix fait soit par nous, soit par d'autres, des producteurs électro, etc. qui nous avaient proposé de le faire. Et puis après, le groupe a évolué. Julien, pour des raisons personnelles pas liées à... Ce n'était pas des raisons personnelles par rapport à nous, c'était plutôt des choix de vie... [Rires] Il s'est dit, en fait, je vais peut-être faire autre chose. Donc David, à l'époque, qui s'occupait de la basse, est passé à la guitare. Et David étant un homme très talentueux, c'est lui qui a composé notamment une bonne partie des morceaux du deuxième album, qui est sorti il y a 6 mois. Mais comme il est très talentueux, il nous a pondu des morceaux qui, à les écouter, avaient besoin de deux guitaristes pour être joués sur scène comme il faut. Donc, on a recruté un autre guitariste pour compléter ce que fait David. Et puis comme notre bassiste était devenu guitariste, on a dû recruter aussi un bassiste, ce qui fait qu'on est passé de 4 à 5. Et après, comme on s'est dit que la vie était trop simple, pour les voyages notamment, pour la logistique… on s'est dit que ce serait pas mal de rajouter quelqu'un de tout aussi talentueux, en la personne d'Emma, qui nous a rejoints pour l'instant pour les concerts, qui se charge de tout ce qui est claviers joués en live, et puis qui fait aussi les backing vocals. Donc voilà, le groupe est passé de 4 à 5, puis 6 en l'espace d'un an et demi. Une nouvelle vie !
Michel : C'est ça. Même pour nous, c'est compliqué à suivre, parce que pour être encore plus compliqué, en fait, l'album, on l'a fait à 3. Quand on l'a commencé, Julien était encore là, puis on a bien vu, justement… on était très satisfaits du premier album pendant les 6 premiers mois, et puis, nous connaissant 6 mois plus tard, on avait fait une longue liste de toutes les choses qu'on voulait faire différemment sur le deuxième. Donc, on a commencé à bosser très très dur sur le deuxième, et c'est à ce moment-là que Jul s'est rendu compte qu'il y avait trop de trucs qui se passaient dans sa vie pour continuer à être impliqué au niveau où nous, on avait besoin qu'il soit impliqué pour avancer vraiment. Et donc l'album, on l'a commencé à 4, puis on l'a fini à 3, David, Johann et moi, avec notre membre secret, Yvan, qui est notre ingénieur du son, et plus ou moins coproducteur. Et puis voilà, c'est au final, effectivement, en entendant à quel point les arrangements des chansons étaient beaucoup plus étoffés, au niveau des guitares en particulier, qu'on s'est dit, OK, une seule guitare sur scène, de toute façon, ça va pas le faire. D'où l'espèce d'effet boule de neige qui veut qu'on ait doublé l'effectif du groupe entre le studio et les concerts [Rires].
Johann : Donc d'ici deux ans, on sera 15 !
Justement, c'est ce que j'allais demander ! [Rires]
Michel : Il faut qu'on achète un tourbus, ça va devenir vite vite compliqué. [Rires]
Donc oui, vous l'avez dit, il y a eu un premier EP, et puis après le premier album, que moi j'avais adoré, j'étais tombée dessus totalement par hasard dans les suggestions YouTube par rapport à d'autres trucs que j'écoutais, et j’avais vraiment accroché. Et donc là, il y a eu The Maze qui est sorti à la fin de l'année dernière [2024], et qui a est paru en vinyle en avril [2025].
Michel : Oui, oui, enfin ! [Rires]
Ce choix du vinyle, c'est parce que vous voulez offrir quelque chose de différent en termes de sonorités ?
Michel : Alors, c'est essentiellement mon caprice à la base, c'est pour ça que Johann rigole. Non, on est deux dans le groupe à être, à des degrés divers, fans de vinyle. Il y a David et moi. Moi, je serais plutôt le grand malade, et David le semi-grand malade. Mais c'est vrai qu'en fait, on y avait déjà pensé pour le premier album, parce que par plein d'aspects, on est un groupe analogique dans un monde numérique un peu. C'est-à-dire que typiquement, par exemple, Johann joue de la vraie batterie sur les albums, ce n'est pas de la batterie virtuelle. Ce qui implique d'enregistrer dans un setup de studio un peu plus complexe. Après, on est d'autant plus contents du résultat. Mais par exemple, on fait aussi passer... - même les pistes enregistrées directement sur disque dur, donc typiquement toute la partie électronique, puis les voix - on les fait quand même repasser par une ancienne consonne analogique des années 70 pour avoir un grain, une chaleur, un truc qui est ce qu'on recherche. On recherche une sorte d'équilibre entre une forme de puissance et d'impact d'un côté, et de l'autre, une forme de richesse sonore et de largeur d'atmosphère. Et ça, avec du tout numérique, c'est extrêmement difficile à atteindre. Donc il y a pas mal de composants, on va dire, analogiques, un peu "old school" dans le son. Et ne serait-ce qu'à cause de ça, moi je m'étais déjà dit au moment du premier album que ça serait pas mal d'avoir une version vinyle, non seulement pour la beauté de l'objet qui revient en force auprès de beaucoup de gens, parce que c'est vrai que ça donne... il y a une interaction avec la musique qui est pas la même, la pochette est grande, c'est joli, etc. Mais pour les gens qui ont la chance d'avoir des systèmes sympas, il y a aussi une sonorité qui est vraiment unique, qui est très très belle. On a la chance qui plus est de travailler avec un ingénieur de mastering qui a masterisé les deux albums, d'ailleurs, qui est un type qui s'appelle Andy Van Dette, qui est basé à New York, et dont l'une des spécialités, c'est le mastering vinyle. Donc quand il a masterisé The Maze, on lui a demandé de nous faire un master pour le CD, un autre master pour la haute def, pour le streaming en haute définition, qui va plus loin que le CD. Et puis, il nous a fait un beau master vinyle, qu'on a fait presser sur ses conseils, d'ailleurs, dans une usine en Europe, et qui nous a enfin donné ce que j'espérais depuis le premier album, l'occasion d'écouter ta propre musique sur vinyle, qui est quand même un truc incroyable ! Ne serait-ce que du point de vue émotion, c'est incroyable. Après en plus, il se trouve que oui, comme on a pris le temps de le faire et de le lui faire faire aux petits oignons, il sonne très bien. On n'aura pas attendu pour rien. On va dire ça comme ça ! [Rires]

Et alors en termes d'influence, moi j'ai lu un peu les interviews, le site, etc. Il y a plein, plein de groupes qui sont cités.
Michel : Oui.
Et maintenant que vous êtes de plus en plus nombreux du coup, est-ce que vous avez tous un peu les mêmes goûts ou est-ce que des fois ça peut clasher un peu ?
Michel : [Rires]
Johann : Alors, on va dire, c'est un beau bordel, mais ça ne clashe jamais.
Michel : C'est ça.
Johann : C'est-à-dire qu'on a tous, qui plus est avec le nombre de membres qui s'étoffe… TRANK, c'est l'auberge espagnole en fait. Ou McDo, ça dépend. Tu viens comme tu es. [Michel éclate de rire] C'est-à-dire que chacun va apporter une sensibilité, des influences différentes. Mais au final, que ce soit vrai pour les membres historiques ou pour les nouveaux arrivés, tout le monde se pose, on propose des trucs et puis on voit ce qui marche, ce qui ne marche pas, on en discute ensemble. Mais au final, chacun a en tête ce qui va faire que le morceau va être le meilleur possible en tant qu’entité, et pas de se dire qu'est-ce que je peux faire pour balancer mon plan comme ci ou comme ça et tout. La bonne nouvelle, c'est qu'on a assez peu d'égo les uns et les autres dans la façon de bosser la musique, ce qui fait que ça se fait assez naturellement. Ce qui n’était pas gagné.
Michel : C'est ça, en fait, c'est une sorte de territoire qu'on a défini avec le premier album. Et l'attitude qu'on a tous par rapport à ça, c'est d'essayer de trouver un équilibre entre les endroits et les idées qu'on va naturellement explorer dans ce territoire sonore-là, et puis la personnalité de chacun et les goûts de chacun. Alors, sur le deuxième album, comme on l'a effectivement fini à trois, il n'y a pas encore la patte des nouveaux, mais sur scène, on voit déjà des choses qui changent. Par exemple, Arnaud, notre bassiste, et Nico, qui est donc le deuxième guitariste dans le groupe aux côtés de David, le guitariste « Canal Historique »... Ils ont tous les deux en commun, par exemple, d'avoir beaucoup de références qui tournent autour d'une forme de mélange funk et métal. Que ça soit certains trucs de fusion, genre Living Color, Rage, etc. Que ça soit les moments, on va dire, les plus funk dans l'histoire de Faith No More. Il y a de temps en temps, dans leur manière de jouer, des choses qui évoquent un petit peu ça. La coïncidence voulant que, par exemple, sur The Maze, il y a un ou deux morceaux qui partaient déjà un peu dans cette direction-là, qu'on n'a pas encore joué en live avec eux, mais ce qu'on se dit, ce à quoi on s'attend pour l'évolution du son des morceaux en live et éventuellement pour un futur troisième album, c'est, par exemple, de voir ce côté un peu groove passer un peu plus devant, ce qui va être intéressant. Et puis Emma, alors Emma qui joue une bonne partie… en gros, tout ce qui est humainement jouable aux claviers en live, c'est elle qui le fait et pas le séquenceur. C'est une très, très bonne pianiste. Là, on lui fait jouer des parties qui sont vraiment des parties purement synthétiques, des drones, des nappes, des arpèges, des choses comme ça, qui ont été créées par moi ici pour les albums et qu'elle reproduit sur scène avec des sons qu'on a programmés ensemble pour chaque chanson. Mais l'une des idées qu'on a, c'est d'utiliser le fait qu'elle soit techniquement une bien meilleure pianiste que moi, pour justement avoir des claviers avec peut-être un peu plus d'humanité, un peu plus de richesse harmonique sur le troisième. Ça fait partie des choses qu'on regarde. En fait, l'arrivée des nouveaux, c'est ça, on met l’égo de côté et on essaye de trouver cet équilibre entre ce que chacun peut apporter au territoire sonore de TRANK qui permet de l'emmener vers telle ou telle direction intéressante, sans forcément perdre l'identité qui s'est formée plus ou moins spontanément quand on s'est trouvés à jouer ensemble la première fois, et qui s'entend encore dans les dernières chansons. Et là, sur le deuxième album – bon, c’était déjà le cas sur le premier, mais je trouve que ça va plus loin sur celui-là – il y a vraiment une richesse, une diversité, une profondeur. Il y a plein de détails dans les morceaux, etc. qu'on entend au bout d'une écoute, deux écoutes, trois écoutes. Mais, dans le même temps, c'est des morceaux qui, je trouve, sont super directs, qui tapent dans l'oreille dès la première fois.
Est-ce que c'est un petit jeu d'équilibriste d'arriver à à la fois avoir de la profondeur, à ne pas faire des choses simplistes, mais en même temps faire des choses qui visent dans le mille du premier coup ?
Michel : Ben tu nous diras où t'envoyer le chèque, parce que c'est exactement ce qu'on essaye de faire ! [Rires] C'est-à-dire qu'on a tous des goûts qui sont très, très éclectiques, et on a tous dans nos goûts à la fois des choses qui sont assez brutes, qui sont dans une forme de puissance, et d'autres choses qui vont très loin dans la sophistication sonore. Par exemple, c'est un peu inattendu pour un groupe comme nous, mais l'un des premiers groupes dont Johann m'ait parlé comme étant une passion de jeunesse et qui est resté, c'est Toto. Et il y a un truc dans les batteries de Toto, dans les parties de batterie, une espèce de richesse, une finesse, une contribution non seulement à la rythmique, mais à la texture du morceau qui est justement ancrée dans tous ces petits détails, toutes ces petites finesses de jeu que tu ne vas pas forcément retrouver – de manière complètement délibérée, d'ailleurs – dans le jeu d'un batteur hard rock ou métal typique. Et nous, ce qui nous intéresse, c'est justement d'injecter un peu de ça, que ce soit ça, des éléments de séquence ou d'électronique qui vont ajouter telle, telle couleur sonore, telle, telle sensation d'espace dans le mix à un moment donné, des harmonies qui peuvent intervenir, des harmonies vocales qui sont là à certains moments, pas à d'autres, exactement pour créer ce que tu décris, c'est-à-dire avoir d'un côté quelque chose qui soit immédiatement accessible, et d'un autre côté suffisamment de variations entre l'ombre et la lumière, entre la richesse sonore et puis des moments de retenue, entre des moments de puissance et des moments qui sont plus dans une forme de mélodie et d'atmosphère, pour ne pas s'ennuyer nous-mêmes. Et donc du coup, que les gens ne s'ennuient pas à eux-mêmes à l'écoute. Et on essaie de faire ça sur chaque chanson et puis au fil de l'album ou au fil du concert, tu vois. Construire les albums et les concerts de la même manière, comme une sorte de trip où tu ne vas pas t'ennuyer parce que, comme tu le dis, à chaque écoute, tu vas peut-être découvrir un nouveau détail, un nouveau petit truc qui contribue à créer l'atmosphère que la chanson veut poser. Et ça, ça fait partie des contrastes qu'on aime beaucoup, ce contraste entre, bah oui, c'est d'un abord qui est à la fois assez puissant et assez simple, tu peux rentrer dedans assez facilement - d'autant qu'on ne fait pas du metal extrême, on ne fait pas de metal tout court, de notre point de vue, il n'y a rien d'extrême dans la musique qu'on fait. Mais d'un autre côté, dans cette simplicité, il y a suffisamment de richesse pour ne pas s'ennuyer. De la même manière qu'on aime beaucoup le contraste entre le fait d'avoir quelque chose d'accrocheur et en même temps, quelque chose d'un peu intense, un peu sombre, où il y a une forme d'intensité émotionnelle qui fait que, oui, ce n'est pas forcément de la musique, même si elle est facile d'accès, que tu peux écouter de manière très passive. Le cauchemar absolu, c'est la musique papier peint. C'est le truc que tu... Ça ne te fait pas pousser le caddie trop vite quand tu es chez Carrefour, quoi. Mais globalement, quand tu vas l'écouter chez toi, ça ne va pas forcément te faire beaucoup d'effet. Donc voilà, on essaye d'avoir ce contraste-là aussi. Cette part d'ombre dans la musique et en même temps, cette part de lumière dans la façon de la mettre en scène pour que ce soit facile de rentrer dedans. Donc bravo pour l'analyse. C'est exactement ça qu'on essaie de faire.
C'est ce que j'ai ressenti, en tout cas, en écoutant l'album. Et en termes de paroles aussi, on sent qu'il y a une vraie réflexion et que ce n'est pas non plus de la musique qui se veut trop intellectualiste où il faut réfléchir pendant 50 ans sur chaque texte. Ça invite quand même à réfléchir, c'est pas du Jul.... Mais en même temps, on va avoir les deux aspects. Si quelqu'un a envie de creuser un peu les textes parce que ça lui parle, ça peut être bien pour lui. Mais si quelqu'un veut juste se faire plaisir et puis bouger la tête, ça peut correspondre aussi.
Michel : Ça, c'est pareil, c'est complètement l'intention aussi. C'est d'avoir des choses... Ouais, tu peux les fredonner. Et en même temps, on n'est pas des perdreaux de l'année. Si je commence à écrire des textes où je fais semblant d'avoir 22 ans, ça va faire bizarre. Donc, il y a forcément un élément... On va dire qu'il y a forcément un élément de nuance et de recul, même dans les sujets les plus intimes que les chansons vont aborder, que tu as plus à nos âges qu’à 18 ou 20 ans où tu as tendance à voir la vie de manière un peu plus manichéenne, peut-être un peu plus en noir et blanc, juste parce que tu as un petit peu moins vécu. Dans notre cas... Je pense que Johann va rigoler quand je vais dire ça…. Ce n'est pas parce qu'on a plus 20 ans qu'on est moins en colère par rapport à d'autres choses, qu'on est moins frustré. Je sais, c'est George Michael qui disait ça très bien, il disait que la grosse différence entre la soul et le rock, c'est que la soul, c'est une musique de satisfaction et le rock, c'est une musique de frustration. Il a entièrement raison. Tu exprimes ça. Et quand tu dépasses une paire de fois tes 15 ans, ce n'est pas que tu es moins frustré ou moins en colère, c'est que tu ne lis pas forcément ta frustration ou ta colère de la même façon, et tu as suffisamment vécu pour savoir que la réponse à ta frustration ou à ta colère n'est pas forcément simple et n'est pas forcément en noir et blanc. Ce que tu entends dans les textes, c'est ça. C'est cet effort pour rendre les choses accessibles et pour parler aux gens parce que la plupart des chansons, elles parlent de choses que finalement la plupart des gens qui nous écoutent auront vécu ou ressenties à un moment ou à un autre. Elles en parlent juste avec un angle qu'on essaye de rendre aussi unique que possible.
Johann : Après, on ne va pas se mentir, Michel est toujours en colère. [Rires] Donc, c'est pas comme si on manquait de matière pour libérer ce genre de choses, mais on va dire que ça ne lui demande pas beaucoup d'effort de trouver des choses à redire sur le monde. En revanche, je sais de source sûre, qu'il peaufine ses textes autant que nous on peaufine nos parties instrumentales, pour arriver à trouver les bons mots pour raconter un truc intéressant d'une part, mais d'autre part, pour que ça sonne en rapport avec les instruments. Je sais qu'il passe beaucoup de temps là-dessus, ce qui fait qu'en plus des 250 trucs qu'il fait dans le groupe, ça l'occupe un peu.
Michel : C'est-à-dire que l'une des façons dont on travaille qui est un peu différente des autres, c'est que le texte vient à la fin.
Ah, toujours après ?
Michel : Oui, en général, on part d'une idée musicale, que soit Julien, quand il était là, soit David amène (ou de temps en temps moi, mais c'est nettement plus rare). Et puis, cette idée musicale va s'exprimer en deux minutes de guitare un peu à l'arrache avec 36 motifs. De temps en temps, ça va être plus structuré quand même. Ce qu'on fait avec Johann, c'est qu'on prend cette idée de base et on la structure ensemble. Johann va beaucoup bosser sur la dynamique du morceau. Jusqu'où on descend, et quand est-ce qu'on descend, jusqu'où on monte et quand est-ce qu'on monte. Et donc on trouve très vite la signature rythmique et la structure de la chanson avec lui. Et puis moi, je vais éventuellement dire : « Tiens, sur les sept idées musicales qu'il y a dans les trois minutes, franchement, il y en a deux qui sont géniales et puis les autres, on peut vivre sans. Là, il manque peut-être un petit passage comme ci, comme ça ». Donc, on bricole une espèce de colonne vertébrale de la chanson qu'ensuite on met dans la salle de répètes et qu'on peaufine... Donc ouais, on forge un instru ensemble, et c'est seulement quand on a une base instrumentale qui marche, basse, guitare, batterie, électronique, que après moi je fais, tu sais comme en cuisine, je laisse reposer pour des périodes qui peuvent aller de trois semaines à – je crois que le record est à cinq ans – jusqu'à ce qu'un jour, de mon petit carnet de notes avec des petits bouts d'idées de phrases, voire des textes un peu complets, il y ait la ligne magique qui apparaisse, celle qui dit : « Voilà, cette ligne-là, elle est parfaite pour cette chanson-là, parce que très visiblement la chanson, l'instru veut que tu parles de ça, ou l'atmosphère musicale de l'instru se prête à la couleur sonore ou à l'atmosphère que suggère la phrase ». Et puis, en général, ce qui va se passer, c'est que le texte va être écrit ou réécrit entièrement à partir de cette phrase-là, et de la manière dont elle s'intègre dans la musique. Donc le texte vient vraiment vraiment à la fin, il est conditionné et inspiré par la musique, ce qui est beaucoup plus facile. Moi je suis un vrai laborieux du texte, donc écrire à partir de rien… Alors qu'écrire à partir de ce qu'on a bricolé ensemble et d'un morceau qui dicte un peu déjà l'histoire et les émotions que tu veux faire passer, c'est beaucoup plus simple.
Votre musique est souvent décrite comme assez cinématographique, s'il y avait un réalisateur qui devait faire un film à partir de cet album…
Michel : Oh, la belle question !
Quel réalisateur et quel type de film ?
Michel : Oh mais quelle super question ! Jo, tu veux commencer, tu veux suggérer ?
Johann : Bah non, moi je sais qui tu vas dire…
Michel : Ah, tu crois ? Ok peut-être, ouais…
Johann : Je sens que ça va tourner autour d'un Blade Runner ou quelque chose comme ça, mais je sais pas….
Michel : Il y a 20 ans, j'aurais dit Ridley Scott, mais là il y a un vrai problème de sénilité [Rires], mais sans doute Denis Villeneuve, ouais.
Johann : Qu'est-ce que je dirais moi ? Peut-être David Fincher, pour le côté un peu tordu [Michel éclate de rire] mais esthétiquement très beau, et quand tu revois les films 20 fois tu te rends compte à chaque fois qu'il y a des trucs qui t'avaient échappé la première fois.
Michel : Ouais c'est une très bonne idée, ça serait une très bonne option aussi. Ouais, je vais voter pour la tienne finalement même !
Johann : Oh, j'aurais jamais cru ça possible !
Michel : Ouais mais finalement, j'aurais une très légère préférence, parce que je trouve qu'effectivement c'est admirable chez lui cette capacité à raconter des histoires qui sont immédiatement hyper accrocheuses et d'une beauté esthétique absolument hallucinante, de même que Ridley Scott pouvait le faire à une époque, à partir de sujets qui sont d'un glauque mais monstrueux, quoi. Donc ouais, je vais mettre Denis Villeneuve en deuxième alors, si Fincher n'est pas dispo !
Et on va rester un petit peu sur le visuel, il y a eu deux clips pour l'instant pour cet album, qui sont des clips plutôt ambitieux on va dire... enfin, voilà, vous n'êtes pas filmés en train de jouer dans un garage quoi !
Johann : On n'a pas assez de place dans nos garages ! [Rires]
Michel : C'est-à-dire on a des petits garages, ça va pas du tout [Rires].
Ça vient de qui cette volonté de faire des clips qui soient quand même scénarisés, qui soient vraiment travaillés, c'est une ambition de vous tous ? Il y en a un parmi vous qui...
Johann : Alors si tu veux, Michel, je vais répondre, et je vais dire que ça vient de toi, ça va être très simple.
Michel : Oh non ! [Rires]
Johann : Non, en fait je simplifie, mais ce qu'il s'est passé, c'est qu’on est tous issus d'une culture musicale, on va dire la génération MTV, où les clips quand même jouaient un rôle important dans la musique, même si MTV n'existe plus trop aujourd'hui, ça a été plus ou moins remplacé par YouTube, etc. Ce qui fait que Michel, je te cite, nous a dit un jour : « Le problème dans la musique, c'est que quand t'es pas vu, t'es pas entendu ». Donc, si on part du principe qu'on doit faire du visuel pour y arriver… et comme tu nous l'as dit tout à l'heure, c'est comme ça que tu as découvert le groupe ! Donc, admettons, on veut faire des visuels, étant donné qu'on se donne beaucoup de mal pour faire en sorte que la musique sonne comme on a envie qu'elle sonne, ce serait un petit peu curieux que soudainement on décide de faire des clips tout pourris. Donc, on s'est dit, il faut quand même que les deux soient à peu près raccords, ce qui demande plus de temps pour les psychorigides que nous sommes, plus de temps et d'efforts, mais au final, ça veut dire qu'à chaque fois on se dit : « Bon ben on a fait un truc qui est cohérent ». Après, que les gens aiment ou n'aiment pas, on peut pas décider, mais en tout cas, de notre côté on se dit : « Bon, on a fait un truc qui fonctionne aujourd'hui ».
Michel : C'est ça, et puis on a la chance – car comme tu le disais tout à l'heure, ce sont des clips qui sont relativement ambitieux – on a la chance d'avoir rencontré Alban Verneret, qui est notre directeur visuel, c'est à dire qu'il s'occupe à la fois des pochettes, d'une bonne partie des photos de promos et des designs, logos, etc. et des clips. Alban, je pense pas qu'il rejetterait la référence, il a un point commun avec un autre réalisateur que j'aime beaucoup, qui est John Carpenter, c'est-à-dire qu'avec 3 francs 6 sous, il est capable de faire un clip qui a l'air d'avoir coûté 2 millions de dollars. Et parce que effectivement - outre le fait qu'il maîtrise tout un tas de technologies numériques qui auraient été inaccessibles il y a 10-15 ans et qui lui permettent de donner une sorte de vernis, un niveau de finition et de production au clip qui est très beau - il pense en termes visuels et donc on a régulièrement avec lui… en général c'est Johann et moi qui avons ces conversations-là, et on utilise David un peu comme détecteur de conneries, c'est à dire que quand on va vraiment trop loin, c'est David qui dit : « Non non, là ça va pas ! ». On fait un peu marche arrière, on revient sur terre, mais en général avec Johann, ce qu'on fait, c'est qu'on a une conversation avec Alban autour de l'album, du thème éventuel qui s'est dégagé de l'album, de la liste de chansons à laquelle on pense éventuellement pour tourner des clips, et puis sur chaque chanson on a une discussion vraiment en profondeur sur ce que dit le texte. Alors, il y a toujours des interprétations multiples, moi j'aime bien le fait qu'on puisse lire un texte et l'interpréter dans un sens ou dans l'autre, même s'il y a forcément un noyau commun. Et on a une conversation avec Alban sur le texte et puis, en général, de cette conversation-là va sortir en plus ou moins un début de concept visuel, à la suite de quoi, lui, scripte le truc de manière très très détaillée. Puis souvent, quand il revient avec le script, on pensait qu'on avait compris l'idée, et on se rend compte que finalement pas ! Et c'est vrai qu'on lui fait quand même une confiance assez totale, j'allais dire aveugle, mais pour les clips ça la fout mal, sur le fait d'ensuite amener ça à la vie de la meilleure manière possible.
Johann : Sachant que ça doit faire maintenant peut-être sept ou huit clips qu'on fait avec Alban, et perso j'ai toujours pas compris comment il faisait, parce qu'en général on tourne le clip, et le lendemain ou le surlendemain, on a déjà le clip monté, tout est prêt. « Qu'est-ce que vous en pensez ? », on dit : « Mais comment c'est possible, en fait, comment t'as fait ? Parce que là, du coup, tu dors pas ! » Donc, le mec c'est un peu un mutant, déjà, sur tout ce qui est avoir des bonnes idées et tout ça, et savoir comment les mettre en image, mais aussi après pour tout ce qui est production, post-production etc., c'est n'importe quoi ! Donc, on est très contents d'avoir fait sa connaissance et de continuer à bosser avec lui, parce qu'en plus de ça, ce qui est assez rare, c'est qu'il est à la fois très bon sur la partie clip, vidéo, mais aussi sur la partie graphisme, identité visuelle du groupe. En général, la combinaison n'est pas toujours évidente à trouver. En plus, il est très sympa !
Michel : Ouais, tout à fait ! Alban, c'est un exemple typique de l'une des chances qu'on a, qui fait qu'on arrive à faire tourner ce projet : on est très bien entourés. On a la chance d'avoir deux-trois personnes autour de nous qui sont… Alors, d'abord, on a la chance d'avoir trouvé des membres au groupe où à chaque fois on se dit : « Bon, bah oui, ok, on est quand même un peu bénis », et puis ça fait un moment, ça fait des années qu'on se connaît avec Johann et qu'on se disait : « Ouais, ça serait bien qu'on monte un groupe ensemble, quand même, un jour parce que, tout de même… » On a quand même eu du bol dans les rencontres qu'on a faites, et qui sont devenues des membres du groupe, et puis il y a vraiment il y a deux-trois personnes autour de nous qui jouent des rôles vraiment très très importants et qui vont assez régulièrement au-delà de ce que le devoir exigerait. L’une des personnes en question c'est Alban, et l'autre, ça serait Yvan, notre ingé et partenaire en studio, qui joue un rôle énorme dans le fait de nous aider à créer le son qu'on veut créer. Et qui a aussi une très bonne oreille – je le déteste pour ça, d'ailleurs, il est insupportable ! – pour les trucs en trop. Moi, j'aime bien empiler des trucs et des couches et des machins, et en général Johann et Yvan sont obligés de jouer au tag team et dire au moment du mix : « Mais tu sais, ta 47ème piste de synthé par-dessus les 73 pistes de guitare, elle est peut-être pas indispensable ! » [Rires] Donc, voilà, ils sont très très forts, entre autres, pour ça, ce qui mine de rien est l'un des aspects les plus importants outre les contributions actives, par le jeu, par la suggestion d'idées etc., le fait d'entendre, une fois qu'on a toutes les pistes de la chanson : « Franchement, ce qui est au service de l'idée c'est tout ça, et tout ça c'est dispensable ». Ça, c'est un vrai talent que moi j'ai pas, mais alors vraiment du tout, et c'est vraiment Johann dans le groupe qui fait ça – et beaucoup d'autres choses – et Yvan apporte énormément là-dessus aussi. C’est-à-dire : « Voilà, de tes 48 notes, là, faut que tu laisses celle-là ». Et, en général, quand il me le dit, je suis très très énervé au début, et puis après, au bout d'une quinzaine d'années, j'admets qu'il a raison [Rires].
Johann : Tu te souviens de ce que je disais tout à l'heure, il est toujours énervé !
Michel : Oui, voilà ! [Rires]
Johann : À différents niveaux, mais quand on parle de mix, c'est un niveau élevé.
Michel : Je me fatigue beaucoup moi-même.
Là les deux titres qui ont été choisis pour les clips, ce sont "21st Century Slave" et "Queen of the Broken". Est-ce que c'est des choix qui vous plaisent ou est-ce que certains d'entre vous auraient peut-être voulu mettre un autre morceau en avant ?
Michel : Je sais pas.
Johann : Alors, en fait, pour tout te dire, on a fait... chez Trank, on a un peu pour habitude de faire les choses à l'envers. L'un des exemples de ça, c'est qu'on a tourné trois clips sans avoir enregistré la version finale de l'audio de chaque morceau.
Michel : Ah, oui, c’est vrai ! [Rires]
Johann : Ce qui est quand même un peu un peu con, mais bon, on est comme ça. Donc il se trouve qu'on a tourné les clips, et puis en fait entre temps, sur les trois morceaux qu'on a clippés, il y a un morceau dont les paroles ont changé, y a deux trois trucs ont changé, donc du coup le clip qui avait été tourné… Bon, ben perdu, on le lance pas ! Sur les deux morceaux qui restent, il y a le premier qui est "21st Century Slave", etil y en a un autre, spoiler alert, qui va sortir prochainement. Mais une fois qu'on a eu enregistré l'album complet, on s'est dit : "Queen of the Broken", il y a quand même un truc vraiment pas mal avec cette chanson. Il y a un concept qui pourrait être visuellement intéressant et puis la musique en elle-même avait l'air de plaire à pas mal de gens dans notre cercle de famille et amis, donc on s'est dit : « Peut-être que c'est celle-là qu'il faut qu'il faut clipper aussi » et donc c'est pour ça qu'on a qu'on a fait celle-là en plus des trois, puis deux, qui étaient clippées bien avant qu'on ait dû le faire.
Donc on va parler un petit peu live : vous avez fait des premières parties de groupes super impressionnants, Deep Purple, Anthrax, Papa Roach, Disturbed… mais en plus d'être impressionnant, c'est des groupes qui sont super différents. C'est vrai que votre musique a un petit côté « potion magique » qui fait que ça peut plaire un petit peu à tout le monde… Des fans de trucs un petit peu plus old school, il y a des morceaux qui sonnent pas mal 90s, je trouve – par exemple sur l'album je trouvais que "Pray For Rain" ou "Miracle Cure" ça sonnait un petit peu à la 90s – il y a des choses aussi très modernes, mais est-ce que du coup quand vous allez faire une première partie, déjà il y a la pression devant des groupes aussi incroyables, et il y a la pression un peu de se dire qu’il faut aller chercher des publics très différents ? Par exemple, le public D’Anthrax, c'est pas forcément celui de Deep Purple, même s’il y a plein de gens qui aiment les deux, ça reste dans des directions assez opposées. Est-ce que vous adaptez vos setlists en fonction de ça ou pas ?
Johann : On va pas se mentir on était moyennement sereins avant Anthrax.
Michel : Ouais, Anthax, à Moscou, t’as quand même un double whammy, où on se dit : « Si ça se passe pas bien, est-ce qu'on va revenir ? » [Rires] Bon, donc pour répondre à ta question, on adapte légèrement la setlist, c'est à dire que typiquement quand tu vas jouer devant un public qui est plus metal, tu vas peut-être effectivement mettre l'accent sur les morceaux qui se rapprochent le plus de ça, et quand tu vas jouer devant un groupe qui est plus on va dire rock alternatif, tu vas peut-être mettre pas forcément la pédale douce, parce que les chansons on les interprète toujours plus ou moins avec le même niveau d'énergie, mais tu vas peut-être justement introduire des choses qui vont te permettre d'avoir une setlist un peu plus équilibrée entre le tape dur et le un peu plus calme. Mais globalement, c'est vrai que l'identité du groupe et le fait d'avoir ces espèces de contrastes entre quelque chose d'assez sombre et quelque chose de malgré tout assez accessible, d'avoir de la puissance mais d'avoir un peu de finesse dans les arrangements, de s'approcher du metal par certains aspects mais de s'approcher de beaucoup d'autres choses, que ce soit de la pop ou de certains éléments de prog rock… bah, en fait on n'a jamais été mal accueillis, au contraire ! Sans avoir à commencer à faire des choses qui auraient rien à voir musicalement avec le projet. Par exemple, le manager d’Anthrax, justement, qui nous avait très gentiment accueillis avant le concert, il nous a dit, et c’était très flatteur : « Avant de dire oui à vous comme première partie, ils ont dit non à genre 20 groupes, et vous ils vous ont choisis parce que, outre le fait qu'ils ont aimé, ils ont dit c'est précisément parce que c'est pas du metal qu'on les choisit, mais que c'est de la musique qui peut plaire aux fans de metal sans en être ». Et le fait est que ça a très très bien marché, ce qui valait mieux pour nous, parce que le public d'Anthrax déjà en général, c’est pas forcément le plus tendre, et puis là c'était à Moscou en 2019, quelque chose comme ça, tu dis : « Bon, ouais, c'est a priori pas forcément les gens les plus tendres non plus ». Et honnêtement, ça s'est super bien passé précisément parce que, comme tu le dis très bien, la musique qu'on fait elle a son identité propre, mais elle est au croisement de pas mal de styles.
Johann : Ce qui fait que c'est un peu déroutant au début pour un public qui vient voir un groupe parce qu'ils aiment le style de ce groupe-là. Comme on est à la croisée des chemins comme dit Michel, les deux trois premiers morceaux les gens ont autant de mal que nous à mettre une étiquette sur la musique, donc ils sont un petit peu un peu déroutés, mais au final, visiblement, au bout de 2-3 morceaux, quand ils voient un peu le concept etc., ils rentrent dedans. Et c'est vrai qu'on a eu à peu près la même réaction auprès des publics qui étaient quand même très différents, parce qu'au global, on peut dire ce qu'on veut, même quand on ouvre pour des groupes de thrash comme Anthrax, le public a quand même une culture musicale suffisante pour être assez ouverts sur des choses qui sont pas exactement dans le même style. Du moins, la plupart du temps, c'est le cas. Donc on n'a pas non plus des gens qui sont du genre : « Je veux que du blast beat, sinon je vomis ! ». Mais c'est vrai qu’à chaque fois, on se dit : « C'est pas gagné-gagné », mais il se trouve qu'à chaque fois ça s'est bien passé. De là à dire que c'est garanti pour le futur, on sait pas, mais en tout cas jusqu'à présent ça s'est bien passé !
Michel : Jusqu'ici, tout va bien ! [Rires]
Donc le plus gros stress c'était Anthrax ?
Michel : Non, c'était Deep Purple. C'était 16 000 personnes, c'était blindé. Et puis en plus… alors, c'est des princes, hein, ça a été des vraies crèmes, mais ils nous ont quand même un peu mis la pression, puisque la veille du concert ils ont sorti un communiqué de presse sur nous, pour dire aux gens : « Eux, venez les voir, venez à l'heure, parce qu'ils sont vraiment bien, on les a choisis exprès ». Et le titre du communiqué de presse, on a halluciné quand on l’a vu, c'était : « Si on commençait Deep Purple maintenant, on sonnerait comme TRANK ». Donc les mecs te mettent une pression de maboule. Moi, j'étais tellement stressé au sound check que j'ai perdu ma voix. J’ai pas pu sortir une note… voilà. Heureusement pour le soir, c'est revenu, mais perso, et je sais que c'est la même chose pour David parce qu'il était à côté de moi, on a juste passé la tête à travers le rideau, et là tu regardes, et t’as 16 000 personnes qui sont comme ça [Il croise les bras], genre : « Bah viens, maintenant, parce que je suis là, quoi ! ». Ouais, je crois que j'ai rarement eu aussi peur de ma vie ! [Rires].

Ben ça se comprend, en même temps !
Johann : Mais d'un autre côté, pour Anthrax, c'était une peur différente, parce qu'on a eu 12 minutes pour faire les balances…
Michel : Ah, oui c'est vrai !
Johann : Et on a fait les balances devant 2000 personnes qui étaient arrivées tôt.
Michel : Qui avaient un place VIP, oui.
Johann : Donc là c'était moyennement… c'était un poil tendu quand même.
Michel : 12 minutes de balances, 2 minutes backstage pour se changer, et vas-y revient sur scène, quoi. Ça c'était…
Johann : Ce qui fait que, quand on est arrivés, le premier morceau, le public comprenait pas, parce qu'ils se disaient : « Pourquoi c'est les roadies qui commencent à jouer la musique », quoi ! [Rires]
Et pour terminer rapidement, c'est bientôt les vacances d'été, vous êtes du côté de la Haute-Savoie et de la Suisse, quels sont vos conseils vacances, où est ce qu'on va cet été ?
Johann : [Rires] Annecy, c'est joli ! Et ça rime, en plus. Il y a plein de choses à faire dans le coin, le lac de Genève est très joli, on est on est entourés de lacs… Enfin, entourés… il y a beaucoup de lacs dans la région, et c'est vrai que ça donne un peu un côté vacances, même si on n'est pas au bord de la mer !
Michel : Après, moi je suis pas la bonne personne à qui demander ça, parce qu’autant j'aime beaucoup la région, autant au départ moi je suis du bord de mer, lequel me manque beaucoup, donc dès que c'est l'été, je trace ! [Rires]
Eh bien, merci beaucoup, ça a été un vrai plaisir.
Michel et Johann : Merci à toi !