
Crédit photo : Edwin Smits
Entre la sortie de leur nouvel album, Coda, il y a quelques semaines, et l’annonce surprise d’un concert en tête d’affiche à La Cigale en avril 2026, le groupe parisien s’affirme comme un incontournable de la scène metalcore progressive française. Entre deux accalmies, ils ont accepté de répondre à nos questions. Entretien.
Métalleux de France : Vous avez démarré l’année 2025 sur les routes. Comment s’est déroulée cette tournée européenne ?
Novelists : C’est une tournée marathon, et une vraie rampe de lancement ! On a joué devant différents publics, au fur et à mesure on évolue forcément sur notre présentation scénique : nous voulons transmettre une ambiance très vivante, à l’image de notre musique ! Camille lance des circle pits, des wall of death, on aime cette transmission d’énergie, plus physique, presque dansante.
Vous avez justement présenté de nouveaux morceaux lors du Hellfest Warm-Up à Paris. Comment le public français a-t-il réagi ?
Il faut vivre les morceaux sur scène pour qu’ils prennent leur pleine mesure. L’accueil du public français est incroyable, et particulièrement intense. On a pris beaucoup de plaisir à venir à leur rencontre, pour faire découvrir cette énergie. De plus, l’équipe du Warm-up était aussi au top, les salles magnifiques ! Le combo parfait !

Avant la scène, il y a la création, et le studio. Ce nouvel album nous semble plus introspectif, voire intimiste. Est-ce volontaire ?
Pas consciemment. On a traversé pas mal de choses personnellement qui ont influencé nos compositions, comme un besoin d’extériorisation. Ce n’était pas une posture artistique, mais plutôt un reflet de nos états d’âme sur le moment.
On écoute aussi beaucoup de styles différents en dehors du métal, qui inspirent nos atmosphères. 78 Rue…, par exemple, flirte avec l’électro.
Il y a toujours eu cette part sensible dans Novelists, elle est simplement plus assumée et plus présente dans ce nouvel opus.
Quel fut, pour vous, le morceau le plus challengeant techniquement ?
Maldición de la Bruja, clairement. Il est dense, complexe, que ce soit à la guitare ou à la batterie. Ce n’est pas tant la difficulté technique brute, mais plutôt le fait de bien le jouer ensemble. Ça demande du groove, de la précision, de l’écoute.
Coda aussi pour l’exigeance qu’il nécessite : il doit être “habité” pour fonctionner en live. Ce genre de morceau demande une cohésion parfaite.
Le groupe a toujours gardé une démarche DIY, notamment sur la production. C’est encore le cas pour Coda ?
Oui, complètement. Tout a été fait maison. Pierre s’est occupé du mix, on a géré nous-mêmes la production. On a déjà bossé avec d’autres personnes par le passé, comme Dan Lancaster sur Lost Cause, mais là, on avait envie de tout faire de A à Z.
Ça donne une cohérence forte, une vraie identité sonore. Et surtout, on a appris à se faire confiance.
Camille, tu apportes une vraie couleur vocale au disque, avec des envolées presque soul, notamment dans Sleepless Night. Est-ce une volonté d’ouvrir le spectre stylistique du groupe ?
En tout cas, ça fait partie de mon univers. Je suis assez éclectique, j’écoute beaucoup de pop, de R’n’B, de soul… Et comme je ne viens pas du tout du métal à la base, je n’essaie pas de chanter “comme il faut” dans ce style-là. Je fais ce que j’ai envie de faire, ce qui me vient naturellement.
Donc oui, parfois, ça donne des vibes un peu soul, comme sur Sleepless Night, mais je n’ai pas réfléchi à ça consciemment en écrivant. Je laisse les choses venir.
On écoute tous des choses très variées. Jazz, rap old school, électro, funk… ça alimente notre univers. Et ça se ressent dans notre manière de composer. Novelists, ce n’est pas un bloc métal rigide :

c’est un mélange.
La direction artistique autour de l’album est très marquée : les clips, l’esthétique visuelle… Quelle a été votre réflexion en amont ?
Ces inspirations viennent beaucoup de Camille. Elle drive les clips, elle adore le stylisme, le jeu devant la caméra. Elle apporte ce côté visuel, très incarné. Et en tant que groupe, on se marre !
Avant, on avait peur d’aller trop loin, de tomber dans le ridicule. Maintenant, on ose. On tente des trucs, et franchement, ça marche.
Il y a quelque chose de très théâtral, presque “cabaret” dans les clips. C’est volontaire ?
Camille : Je n’y avais pas pensé comme ça, mais c’est marrant que tu dises “cabaret” — peut-être que le rouge, la mise en scène y font penser. Petite, j’adorais le film Moulin Rouge. Alors pourquoi pas, inconsciemment ! En tout cas, je suis ravie que ça parle, c’est une esthétique qu’on aime porter.
Les gars font des clips depuis dix ans, alors quand je suis arrivée, ils m’ont dit : “Vas-y, propose-nous ce que tu veux.” J’étais hyper excitée à l’idée de construire un univers visuel.
Mon rêve, c’était de faire un clip façon Britney Spears… mais version métal. Sur Turn It Up, on avait fait appel à mon école de danse, on a bossé une choré avec des danseurs, et on les a intégrés à la vidéo. Sur le titre Coda, je danse en solo. C’était important pour moi d’apporter cette part-là de moi,

même en live : je danse aussi sur scène, en chantant.
Un mot sur la pochette ? Elle nous intrigue…
Nous voulions un visuel simple mais marquant — un peu comme les pochettes de Deftones. C’était l’inspiration de départ. La symbolique du nuage s’est vite imposée à nous. La pochette a été conçue avec Laetitia, une amie proche de Camille qui travaille la gravure sur miroir. Charlie, notre ancien guitariste, a design le nuage. Et enfin, notre photographe a mis en scène ce miroir avec de la fumée et des lumières pour le shooting.
C’est un vrai travail collectif, très artisanal, pas juste un dessin. Il y a beaucoup de sens derrière cette image.
Et symboliquement, que représente ce nuage pour vous ?
Camille : Pour moi, l’année dernière a été la plus joyeuse… et en même temps la plus triste de ma vie. Beaucoup de choses sont arrivées, des ruptures, des deuils, des bouleversements.
Ce nuage, c’est celui qu’on peut avoir au-dessus de la tête dans ces moments-là. Cet album en parle beaucoup. Ce n’est pas un nuage menaçant, mais il est là, suspendu. Un petit nuage, à la fois intime et universel.
Merci pour cette confidence. Et bravo pour ce que vous avez réussi à créer ensemble.
Merci à vous, c’était un plaisir !
Album CODA - disponible sur toutes les plateformes
Novelists sera en concert :
05/07/2025 : RADAR Festival 2025 Manchester, United Kingdom
13/07/2025 Les Francofolies de La Rochelle 2025 - La Rochelle, France
13/07/2025 La Sirene - La Rochelle, France
04/06/2025 LA CIGALE PARIS, FRANCE
NORTH AMERICA TOUR 2025
18/09/2025 Middle East Downstairs Cambridge, MA
19/09/2025 Empire Live Albany, NY
20/09/2025 Velvet Underground Toronto, Canada
Merci à Florestan, Pierre et Camille d’avoir répondu à nos questions !
Interview : Joy @art.therapies (Merci à Tiffany pour la co-préparation des questions.)