2/9/2025

Helloween "Giants & Monsters" : retour sur 40 ans de carrière légendaires

À l’occasion de la sortie de leur 17e album studio, Giants and Monsters, nous avons eu le plaisir d’échanger avec Markus Grosskopf, bassiste emblématique de Helloween. Véritable pilier de la scène metal internationale, le groupe s’apprête à repartir sur les routes pour une tournée événement, en compagnie de Beast in Black en première partie. Une série de concerts qui marquera à la fois la sortie du nouvel opus… et les 40 ans d’une carrière légendaire. Le passage par le Zénith de Paris est prévu pour le 22 octobre 2025.

 Le titre Giants and Monsters évoque d’immenses créatures mythologiques. Mais peut-on y voir aussi une métaphore plus intime, plus personnelle ?

Absolument. Chacun peut y projeter sa propre lecture, c’est ce qui fait la richesse de ce titre. Pour moi, comme pour d'autres dans le groupe,nous sommes à la fois ces géants et ces monstres. Il y a en chacun de nous une part de grandeur, de force, mais aussi une part plus obscure, plus tourmentée. Ce sont les deux versants d’une même nature humaine, deux faces d’une même pièce.

Ce nouvel album propose justement une belle synthèse de l’univers d’Helloween, avec des morceaux à la fois épiques, fun, speed et progressifs. Une volonté assumée ?

Oui, tout à fait. Lorsqu’on travaille sur un album, on pense à l’expérience d’écoute dans son ensemble. On imagine quelqu’un qui pose le disque, s’installe,et l’écoute du début à la fin. Ce n’est pas la même démarche que de produire une chanson pour qu’elle soit utilisée en extrait sur TikTok ou streamée à la volée sur une playlist. Même si nos fans incluent aujourd’hui plusieurs générations, y compris des jeunes habitués à ces formats, la majorité reste très attachée à l’écoute d’un album complet.

Et là, pour être honnête, nous avions 23 excellents morceaux sur la table. Il a fallu choisir les plus cohérents entre eux, tout en préservant une diversité dans les ambiances et les structures. C’est un luxe, vraiment. D’ailleurs, il y a encore plein de titres très solides que nous n’avons même pas enregistrés ! On pourrait retourner en studio dès demain et produire un nouvel album sans problème.

Votre collaboration avec Nuclear Blast continue, malgré le changement de direction avec le rachat par Phénix. Comment cela s’est-il passé ?

Très bien, en réalité. Dès les premiers échanges, il y a eu un bon feeling avec eux. Ils ont tout de suite compris notre démarche, ont cru en notre projet, et se sont vraiment investis pour le faire aboutir dans les meilleures conditions. Jusqu’ici, la collaboration est fluide et constructive. On a le sentiment d’avoir fait le bon choix.

Parlons maintenant du single Tokyo, qui sonne comme un hommage au Japon.Comment cette culture a-t-elle nourri ce morceau ?

À l’origine, c’était une idée un peu expérimentale.On l’a enregistrée sans pression, juste pourvoir ce que cela donnerait. Et puis, en l’écoutant, on a senti qu’il y avait une vraie énergie. Ce morceau dégage quelque chose de très rock, très heavy metal, qui rappelle un peu notre état d’esprit sur nos anciens titres.

Le Japon a toujours eu une place particulière pour nous. Chaque pays nous accueille à sa manière, mais le Japon possède une richesse culturelle, un raffinement, et un rapport au public qui nous touche beaucoup. Cette chanson, c’est notre manière de dire merci à ce pays, et de lui envoyer un « Rock you guys! » avec le cœur.

Le titre Majestés, qui clôt l’album, est à la fois puissant et aérien. Pourquoi ce choix pour la conclusion ?

C’est un morceau qu’on considère presque comme un hymne. Il est profond, solennel, et il dégage une certaine grandeur. Le placer à la fin de l’album, c’était une façon d’ouvrir sur l’avenir.De dire : voilà jusqu’où nous sommes allés... et ce n’est que le début. C’est une conclusion qui appelle une suite. On voulait finir sur une idée forte, ambitieuse, pour rappeler que l’histoire continue.

Vous avez de nouveau travaillé avec Eliran Kantor pour l’artwork de cet album. Quelle direction artistique lui avez-vous donnée cette fois-ci ?

Nous lui avons demandé de rester dans la continuité du précédent visuel, mais en s’imprégnant des thématiques de ce nouvel opus : les monstres et les géants. Cela l’a amené à explorer des figures mythologiques comme les Nephilim, ces géants bibliques anéantis parle Déluge.
Mais nous ne voulions pas tomber dans une lecture littérale ou fantastique. Pour nous, ces géants sont des symboles. Ils représentent nos propres luttes intérieures, nos excès, nos faiblesses. Ce sont les monstres que chacun porte en soi. On a longuement échangé avec Eliran sur cette idée, et il a eu cette proposition étonnante : un géant décapité, tenant une tête de citrouille à la main. Et quand on lui a demandé pourquoi, il a simplement répondu : « L’important, c’est de ne pas perdre la tête ! » [rires]

Cette année marque le 40e anniversaire du groupe, que vous fêtez notamment avec un concert à Paris. Que représente cette étape?

Cela me rappelle surtout à quel point le temps passe vite… et que je ne rajeunis pas ! [rires] Mais au-delà de ça, c’est une grande fierté. Être encore là après quarante ans, dans ce métier exigeant, c’est une chance immense. J’ai commencé la musique à 17 ans, et les autres membres du groupe aussi étaient très jeunes. Ce feu qui nous animait à l’époque brûle toujours aujourd’hui.
On est profondément reconnaissants envers notre public, qui continue de nous suivre, de nous porter. Ce qu’on vit, ce n’est pas banal : c’est un privilège, même si cela demande beaucoup de travail et de passion.

Comment allez-vous transposer l’univers de Giants and Monsters sur scène ?

Eh bien, sur scène, c’est moi le monstre ! [rires] Et je suis entouré de véritables géants.D’ailleurs, le plus grand d’entre nous, c’est Sascha : il mesure un peu plus de deux mètres. [rires] On joue avec ces symboles, bien sûr, mais l’essentiel reste l’énergie du live et la connexion avec le public.

Un dernier mot à partager ?

Oui, un mot très simple, mais sincère : merci. Si nous sommes toujours là aujourd’hui, c’est avant tout grâce à notre public. C’est lui qui nous donne cette force, cette envie d’avancer.On espère vous retrouver nombreux en concert, pour continuer à écrire cette histoire ensemble, avec la même passion.

 

Interview : Emmanuelle Forestier

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