Avec ce 5eme opus (si l’on compte leur album live), le groupe suisse Zeal & Ardor reprend les ingrédients qui ont fait le succès de leur premier album Devil Is Fine : un audacieux mélange de negro spirituals envoûtant et de Black Metal abrasif. Mais cette fois-là, Manuel Gagneux, à l’origine du groupe, tient à mettre en avant le travail collectif dans l’écriture musicale de GREIF en s’appuyant sur les talents vocaux de ses acolytes…
"Le GREIF est à la fois un lion, un serpent et un oiseau", explique Manuel, "Pendant le défilé, il tourne le dos aux aristocrates et colle à l'homme, reflétant ainsi la situation dans laquelle nous nous trouvons".
Voici la ligne de départ de l’album qui vient nous rappeler les thèmes de prédilection de Zeal & Ardor : émancipation, désespoir et rédemption… avec en toile de fond la lutte contre les puissants.
Un excellent exemple est Hide In Shade. Un titre incontournable qui ne vous laissera pas insensible car Il porte en lui les stigmates de l’esclavage. Rappelons que Manuel est de double culture afro-américaine et suisse. Il est particulièrement attaché à dénoncer les inégalités raciales et exalter l’émancipation, coûte que coûte. Et quel meilleur vecteur que le Black Metal pour exprimer toute cette rage?
“it’s gonna burn, don’t erase
we’ll be the first, home at last
nobody else, hide in shade
will leave a trace, don’t be late mmh
it’s gonna burn
burn your hope it’s only gonna hold you back”
Go Home My Friend, 369 et Hide In Shade sont emblématiques du style Zeal & Ardor en reprenant les codes des chants spirituels des esclaves noires… (ou du moins de l’idée que l’on peut s’en faire) à la manière de Devil Is Fine.
Mention spéciale pour Are you the only one now? Ce titre démarre comme une litanie entêtante avant de nous prendre aux tripes sous forme d’appel. Bien que les paroles soient ésotériques, on ne peut rester insensible au talent d’écriture de Manuel qui reflètent les (ses) tourments intérieurs.
“don’t move to fast
don’t cause a stir
don’t breathe too loud
hold still for now
are you the only one now?
don’t stand too close
hide hands from those
who pass and hark
mirrors in dark”
Arrêtons-nous également sur Une ville vide … Un track purement instrumental, aérien et solaire qui s’inspire des sonorités des 80’s si chères aux artistes synth wave.
Et c’est là tout le génie de Manuel Gagneux : créer des mélodies qui nous passent à la moulinette tel que Clawing Out aux riffs saccadés et agressifs, et nous proposer ensuite un Solar, qui démarre sur un piano voix très sombre et reposant, comme s’il nous demandait pardon de nous avoir maltraiter.
Au total… 5/5 pour Greif, un bijou musical qui sort des sentiers battus du Metal. Cet album saura vous prendra aux tripes. Comme toute la discographie de Zeal & Ardor d’ailleurs.
François Capdeville