Bienvenue en Autremonde, voyage onirique enclenché, déconnexion de la réalité activée.
Nous les avions rencontrés au Cernunnos Pagan Fest en février 2023, charmant petit festival de Seine-et-Marne, avant la sortie de leur dernier opus, et nous avions eu l’honneur de pouvoir échanger avec les trois artistes envoûteurs toulousains de Wegferend. L’interview est à retrouver ici.
À l’approche de leur release party, qui aura lieu quelques mois plus tard, le 23 septembre à domicile au Labo des Arts de Toulouse accompagnés du groupe Solventis, et qui marquera le point de départ de leur tournée française, nous avons eu le plaisir de pouvoir creuser un peu plus en profondeur sur cette nouvelle pépite nommée En Autremonde - Chapitre Second.
Crédit photo : Lionel Pesqué
Wegferend, qui signifie « voyageur » en vieil anglais, est le résultat d’un projet musical qui a vu le jour en 2016 à l’initiative de deux sœurs, Manon (guitare, mandole, chant) et Alexia (chant lead et flûtes) Cazaméa, mais qui n’a trouvé sa complétude qu’un an plus tard avec l’arrivée de Thomas Boissier aux percussions entre autres, tous trois étant de brillants multi-instrumentistes comme on peut le constater dans ce nouvel album avec l’utilisation de nombreux instruments (mandole, tambour à double peau, flûtes irlandaises …) .
Démarrer cette aventure musicale, avant même la sortie du premier EP, en partageant une affiche avec les islandais de Sólstafir ne pouvait augurer qu’un futur prometteur.
Après la sortie d’En Autremonde – Chapitre Premier, EP de 4 morceaux (dont Célia qui a hérité d’un clip live) en octobre 2019, Wegferend était attendu, comme le suggérait le titre, pour une suite. Suite et fin donc, avec l’arrivée de ce premier album En Autremonde – Chapitre Second, enregistré fin 2021 au Silent Ruins Studio par Fred Blanchard, mais sorti seulement une grosse année plus tard, le 28 avril 2023, le temps pour les artistes de signer chez le label Mors Ultima Ratio.
Soulignons la beauté de l’Artwork, fait par Marine Jomard, artiste talentueuse et amie du groupe, représentant l’âme de la Voyageuse qui passe un portail ouvert sur l’Autremonde ; scène suivant celle de l’Artwork du premier EP, qui montre des mains ouvrir un portail mystique. Allégorie de notre évolution : pour avancer, il faut se détacher de notre passé et du monde matériel. Parce qu’il s’agit de cela, laisser derrière soi un monde en ruines, détruit par l’homme et par les expériences passées, pour avancer vers de nouvelles aventures plus spirituelles. C’est le thème de ce voyage mélodieux, poétique et inspirant.
Pour entamer ce voyage, à l’instar de la Voyageuse, il nous faut abandonner, le temps d’une écoute, la notion de temps et de ce monde physique, ce que permet l’introduction du morceau Gedim, longue aventure de presque 10 minutes, qui, grâce à l’effet hypnotisant de ses sonorités orientales et à son texte français inspiré d’un mythe araméen rappelant les reflets dorés de la voix d’Alexia, nous embarque dans un autre espace temps. L’ambiance bien installée, Holy Ghost maintient l’état de transe grâce aux harmonies vocales et envolées lyriques des deux magnifiques voix. Ce morceau est le seul de l’album à bénéficier d’un clip vidéo, artistiquement recherché, beau pour les yeux et pour l’âme. The Wayfarer, morceau à l’origine de la création de la Voyageuse, par ses inspirations celtiques et l’ajout des flûtes low whistle et tin whistle amène une énergie envoûtante qui prend au corps et le met spontanément en mouvement au rythme de la batterie.
Jeff Grimal, connu pour ses œuvres d’art en dessin/peinture (le recueil de ses œuvres signé aux Editions des Flamme Noires est magnifique), fait une apparition guitaristique dans le morceau Druide. S’ensuit Lost In Reveries, qui, comme son nom l’indique et avec une mélodie lancinante et répétitive, nous (ré)conforte dans cet Univers d’entre deux, avant que Jos L’Uèlh De La Bressia, seul morceau avec un texte en Occitan écrit et chanté/récité par Thomas amène le côté un peu plus sombre du voyage qui se doit d’être binaire : pour progresser, il faut aussi expérimenter des moments plus durs. Enfin, l’aboutissement d’une aventure qui en débute une autre, En Autremonde avec pour accompagnement le violoncelle langoureux de Pierre Burette qui se marie parfaitement avec l’ensemble guitare/mandole en arrière-plan et met en exergue cette ambiance ambivalente : la nostalgie de l’avant, mêlée à l’envie de l’après, nous envoie un vrai bain de lumière, l’illumination perçue de ce monde d’après, la transition vers cet ailleurs évolutif.
Retrouvons-nous là-bas !
Bref, vous l’aurez compris, En Autremonde-Chapitre Second c’est plus qu’un album, c’est une vraie quête initiatique, à la recherche de différence, d’un monde atemporel (intérieur comme extérieur) meilleur et plus doux. Écouter Wegferend c’est faire une pause de vie, un instant de bien-être thérapeutique, à déguster auprès d’un bon feu avec un verre de bon vin (ceci est une suggestion de présentation).