Porté par une production résolument moderne, cet album navigue entre sensibilité et brutalité. Novelists ne choisit pas entre douceur et violence : il embrasse les deux, sans filtre.
Les toplines de Camille Contreras, très inspirées de la soul, sont soutenues par les solos de Pierre Danel, toujours aussi techniques. L’album est le plus accessible de la discographie du groupe, justement grâce à ces connexions entre exigence instrumentale et influences plus pop. Ce contraste, appuyé par une direction artistique parfaitement maîtrisée, donne à l’album une identité nouvelle, qui permet à Coda de se distinguer des œuvres précédentes.
« Say My Name », premier morceau de Coda, est certainement mon gros coup de cœur. La patte très technique de Novelists reste présente, mais s’efface légèrement au profit d’un refrain plus simple, probablement écrit pour rassembler le public en live.
« All for Nothing, « In Heaven et « K.O » sont des bulles suspendues dans le temps. Leurs intros lentes installent une ambiance aérienne, presque irréelle. La voix de Camille y évolue dans des aigus délicats. On y retrouve des choix artistiques originaux, comme dans « All For Nothing » où une batterie drum and bass s’ajoute à cette atmosphère flottante. Le pont révèle des riffs particulièrement techniques, comme à l’habitude du groupe. In Heaven prend le temps de respirer, de se développer, jusqu’à un pont marqué par un riff de guitare déchirant.
Par la suite, « Sleepless Nights » vient nous “recharger” en émotion. L’intro, portée par des guitares enveloppantes et une voix éthérée, crée un climat très émotionnel. Camille y déploie une interprétation fragile, sensible. Dans « K.O », l’alternance entre des parties très subtiles et des passages beaucoup plus brutaux est à l’image des paroles. La chanteuse répète I’m torn between black and white comme une lutte intérieure, un conflit émotionnel. Ce vers est à l’image de ce qu’on ressent à travers tout l’album ; la tension, le déchirement, la fragilité.
« Adam and Eve » marque un virage plus sombre et intense dans l’album. Plus énervé, plus dark, la voix saturée de Camille y explose sur le cri glaçant get down on your knees, get fucking down on your knees. Dans la même veine, rappelant des influences bien plus djent, le morceau « CRC » est percutant ! J’ai adoré les gangs vocals qui scandent chaque lettre des paroles comme des … cheerleaders du chaos ?
Avec Coda, Novelists sort de la niche du metalcore progessif et permet à un plus large public dedécouvrir ce genre, trop souvent enfermé dans des codes élitistes.
Sans jamais rompre avec ses racines, Novelists a trouvé la recette parfaite d’un album universel.
Texte : Steely Eyed Cat
Bannière : François Capdeville