Genre : Metal progressif
Pays : Tunisie
Label : earMusic
Sortie : 08 mars 2024
Note finale : 4,5/5
Fermez les yeux, inspirez profondément et laissez vous porter par les parfums épicés qui flottent dans l’air. Aujourd’hui, bien loin des sacro-saints fiefs américains, britanniques ou encore australiens, nous avons la joie d’explorer les contrées tunisiennes en compagnie de Myrath.
Prêts ? Nous avons rendez-vous avec le Karma.
La sixième production du groupe s’ouvre sur « To The Stars », un titre qui nous embarque illico dans les contrées désertiques et mystiques du Maghreb. L’inclusion de sonorités traditionnelles fonctionne toujours aussi bien, et la voix de Zaher Zorgati est aussi envoûtante qu’à l’accoutumée. Le refrain est catchy, aucun doute que ce titre fonctionnera parfaitement devant un public déchaîné, tel qu’on a pu le connaître au Hellfest en 2023.
Et « Into The Light » déferle, ne nous laissant que bouche bée devant une telle ampleur musicale. L’atmosphère est puissante et enveloppante à tel point qu’on s’imagine aisément absorbé dans une odyssée épique en plein désert. L’inclusion d’éléments orchestraux confère une force absolue à ce titre qui terrasse par sa complétude. On apprécie d’autant plus la parenthèse quasi jazzy et complètement inopinée au piano qu’elle nous permet de retourner à ce riff épique à souhait qui est certainement le plus marquant de l’album.
« Candles Cry » joue la carte d’une base instrumentale plus classique où la voix enchanteresse de Zaher Zorgati s’exprime en toute liberté, s’offrant même des passages flirtant avec le rap. La rythmique est prenante, on se surprend même à headbanguer sur des passages empruntés au old school. On sent un travail particulier de mise en valeur de la basse.
Après le old school, direction le glam. Et on vous voit venir, ce titre n’a rien à voir avec un remake de la Reine des Neiges en Tunisie. « Let It Go » est d’autant moins teintée de l’aura orientale de Myrath qu’on pourrait l’imaginer dans la discographie d’un illustre groupe de Hard FM d’outre-Atlantique. Enfin, jusqu’à ce que Myrath reprenne ses droits, instillant la juste dose de chœurs et de ce petit quelque chose qui nous rappelle avec qui nous nous trouvons. Surprenant, ce morceau n’en reste pas moins agréable à écouter.
« Words Are Failing » est aérienne sans se départir d’un profond sentiment mélancolique marqué par un chant particulièrement vecteur d’émotions. Le titre évolue de passages très classiques qu’on croirait empruntés au metalcore, vers des envolées puissantes et submergeantes donc Myrath a le secret. C’est certainement un des titres à retenir sur cet album tant il colle des frissons.
Retour au calme avec « The Wheel of Time » qui nous renvoie cette vibe glam si particulière et dont la guitare, couplée aux envolées vocales de Zorgati, nous écrase d’une terrible langueur.
« Temple Walls » nous marque par ses breaks teintés d’instrumentalisation traditionnelle à se damner. Le ton de ce morceau se veut le plus agressif de l’album, enfin, autant que peut l’être l’aura de Myrath.
C’est l’heure de la balade. Du moins, c’est ce que l’on croit. « Child of Prophecy » s’ouvre sur la définition de la délicatesse. Piano voix, duo imparable rapidement renforcé de la force de frappe instrumentale des gars de Myrath. Et puis le morceau bascule dans un metalcore sorti de nulle part, qui nous quitte aussi vite qu’il est arrivé. On adore ce sentiment d’être pris à revers sur un morceau qui s’intensifie de seconde en seconde sans en avoir l’air. C’est une très belle surprise, un meltingpot de sonorités saturées en background et de la légèreté de l’instrumentalisation orientale de Myrath.
« The Empire » s'affiche dans toute sa puissance et nous gratifie d’un riff acéré, de ceux que l’on attend de la part de Myrath et qui ont fait le succès de ce groupe à travers l’excellent Legacy par exemple. Un déferlement musical qui nous submerge telle une tempête de sable et qui force à prendre la mesure de la maîtrise technique des musiciens de Myrath.
« The Heroes » est marquante par l’accent mis sur la base rythmique. La basse s’intègre comme un outil mélodique à part entière tandis que la batterie s’aventure sur des rythmiques fortes. Le refrain, catchy à souhait, promet de résonner dans la fosse lors des prochaines dates de Myrath !
C’est déjà l’heure de se quitter. « Carry On » flirte avec les anges. Zorgati nous gratifie de ses plus hautes vocalises dans un titre jouant l’équilibriste entre des passages vaporeux qui semblent titiller les cieux, et des tirades acérées prêtes à faire trembler le sol. C’est une très jolie sortie, à l’image de cet album qui est une franche réussite.
On sent que Myrath a cherché à élargir ses horizons, allant trouver des sonorités aux antipodes de son ADN et faisant fonctionner le tout, comme par magie. On salue encore une fois la capacité de ces rares représentants du metal tunisiens à allier traditions et codes du genre, nous offrant sur un plateau un festin musical dont nos oreilles ne sauraient se passer. Un jeu d’équilibre entre héritage et modernité, comme un message allant au-delà même de la musique. Rien d’étonnant me direz-vous quand votre nom, Myrath, se traduit par « héritage ». Et cette alliance se traduit également en live par des prestations scéniques au-delà du réel. Alors, si vous passez par Carhaix cet été, vous savez quoi faire !
Annaëlle Moss
TRACKLIST :
1. To the Stars - 03:58
2. Into the Light - 04:56
3. Candles Cry - 04:07
4. Let It Go - 04:25
5. Words Are Failing - 04:45
6. Wheel of Time - 04:20
7. Temple Walls - 03:32
8. Child of Prophecy - 04:28
9. The Empire - 04:30
10. Heroes - 04:12
11. Carry On - 04:28
LINEUP :
Zaher Zorgati - Chant
Malek Ben Arbia -Guitare
Anis Jouini - Basse
Kevin Codfert - Claviers
Morgan Berthet - Batterie