Avec Giants and Monsters, leur 17e album studio, Helloween confirme son statut de légende du metal international. À l’occasion de cette sortie majeure, le groupe allemand célèbre également ses quarante années de carrière. Une longévité rare, portée par une énergie toujours aussi vive et une passion intacte pour la musique, la scène… et les fans.
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Le titre de l’album évoque à première vue un univers peuplé de créatures mythologiques et fantastiques. Pourtant, derrière cette imagerie grandiose se cache une dimension plus intime. Le groupe explore ici les contradictions humaines, entre lumière et obscurité, grandeur et failles. À travers cette opposition entre monstres et géants, c’est un miroir de l’âme humaine qui se dessine.
Musicalement, l’album incarne une synthèse brillante du parcours de Helloween. Il puise aussi bien dans l’énergie speed et heavy des débuts que dans les influences progressives ou plus légères développées au fil des décennies. L’écoute est pensée comme une véritable expérience, à vivre dans sa totalité, du premier au dernier morceau. Un parti pris artistique assumé à l’heure des morceaux à consommer rapidement en streaming ou sur les réseaux sociaux.
La sélection des titres a été un défi en soi. Le groupe disposait d’un large réservoir de chansons, fruit d’une période de création particulièrement fertile. Parmi les 23 morceaux initialement envisagés, seuls les plus cohérents ont été retenus pour cet opus. Le résultat est un ensemble solide, riche et varié, où chaque titre trouve sa place sans jamais affaiblir la dynamique de l’ensemble. Et certains morceaux, non retenus, restent en réserve… preuve que la machine Helloween tourne toujours à plein régime.

Parmi les titres phares, Tokyo se détache comme un hommage vibrant au Japon. Ce morceau, né presque par hasard, s’est imposé comme un single fort, à la fois énergique et fidèle à l’ADN du groupe. Helloween entretient depuis longtemps une relation privilégiée avec le public japonais, et ce titre se veut une déclaration de gratitude. L’atmosphère y est résolument rock et heavy, dans la lignée des morceaux emblématiques du passé.
L’album se referme sur Majestic, une composition ample, puissante et aérienne. Avec cette conclusion en forme d’hymne, le groupe envoie un message clair : ce n’est pas la fin, mais bien une promesse d’avenir. Une manière élégante de clore le disque tout en ouvrant la porte à de nouvelles perspectives.
Visuellement, l’univers de Giants and Monsters prend vie grâce à l’artiste Eliran Kantor, déjà à l’origine de l’artwork du précédent album. Cette fois encore, il s’est inspiré des grandes figures mythologiques, notamment les Nephilim, ces géants bibliques engloutis par le Déluge, pour livrer une illustration puissante et symbolique. L’image d’un géant décapité tenant une citrouille en main fait subtilement écho à l’identité visuelle du groupe tout en évoquant les luttes intérieures que chacun peut connaître.
Cette année 2025 est aussi celle d’un anniversaire important : les quarante ans d’Helloween. L’occasion de prendre du recul et de mesurer le chemin parcouru. Le groupe s’apprête à entamer une tournée anniversaire avec Beast in Black en première partie, dont un passage très attendu au Zénith de Paris, le 22 octobre. Un moment fort pour les musiciens comme pour les fans, qui témoigne d’une fidélité rare dans le milieu.

Sur scène, le groupe promet un show à la hauteur de l’univers de Monsters and Giants. L’ambiance s’annonce à la fois spectaculaire et fidèle à l’esprit Helloween : énergique, généreuse, et toujours un peu décalée. Mais au-delà de l’imagerie et des décors, c’est la communion avec le public qui reste au cœur de l’expérience. C’est lui qui, depuis quarante ans, insuffle l’énergie nécessaire pour continuer à avancer, album après album, concert après concert.
Chronique par Emmanuelle Forestier