3/7/2025

"For the people" des Dropkick Murphys : un hymne punk-rock à la lutte des classes

Après les très politiques Sirens en septembre 2024, et Who’ll Stand With Us le 3 juin dernier, le groupe de punk-rock le plus irlandais des États-Unis revient en force pour un treizième opus tout feu tout flamme. Au menu : des slogans politiques, des collaborations fructueuses, le retour tant attendu de Al Barr, et des chansons qui promettent la folie en fosse. 

Si leurs derniers albums, This Machine still kills fascists et Okemah Rising, faisaient la part belle à la musique folk américaine et à la figure emblématique de Woody Guthrie, For the people se réfère plus directement aux ascendances irlandaises des membres du groupe. Les accords de l’accordéon, du tin whistle et uileann pipes - une cornemuse irlandaise - se font particulièrement entendre sur “Longshot”, enregistrée en duo The Scratch, un quatuor dublinois de heavy metal, ou encore sur “Sooner Kill’Em First”, dont le rythme n’est pas sans rappeler celui de l’enthousiasmant Middle Finger.

Le groupe sait ce qu’il doit à ceux qui l’ont précédé : “Sans Shane McGowan et les Pogues, il n’y aurait pas de Dropkick Murphys”, déclara Ken Casey dans un entretien à Hot Press en avril 2024. Dans un hommage émouvant à cette figure emblématique du rock britannique et de l’irish folk décédée en 2023, The Scratch et les Dropkick offrent un dernier adieu au “poète pour l’éternité” et “héros” dans "The Last Goodbye (A tribute to Shane)". 

Sachant aussi sortir des sentiers battus, le groupe nous régale avec de savoureux moments heavy metal, aux sonorités presque motorheadiennes, sur “Big Manet “Fiending for the lies”, dont les riffs entraînants sauront ravir plus d’un amateur dans la fosse. Il n’en perd néanmoins pas son âme punk, et notamment sur “Kids Game, sorte de plongée dans l’enfance désordonnée de jeunes désoeuvrés, en quête de sensations : “On s’est fait cogner/On s’est fait mettre au trou/On a jamais grandi/On n’en avait jamais assez/On n’a jamais appris/On a tout regardé cramer/En jouant nos stupides jeux d’enfants”.

Les fans de longue date connaissent bien les prises de position des Dropkick Murphys contre les inégalités de classe et en faveur de la classe ouvrière. Dès 2003, la chanson “Worker’s Song” donnait déjà la couleur : “Cette chanson est pour les travailleurs qui s’échinent jour et nuit (...) Les premiers à crever de faim, les premiers à mourir”. 22 ans plus tard, le groupe réitère ses engagements avec un premier titre très efficace, déclarant sans ambages : “Notre travail et notre liberté nous ont été volés (...) Par les patrons et les banquiers / Qui n’ont jamais donné leur dû de sang, de sueur et de larmes”.  Il ne fait aucun doute que “Who’ll Stand With Us”, avec son rythme entêtant et son refrain addictif, deviendra un incontournable de la chanson protestataire. En toile de fond de la plupart des chansons, cette révolte contre le système se retrouve particulièrement sur le morceau “Bury the Bones”, faite en collaboration avec The Mary Wallopers, un groupe d’irish folk dublinois connu pour sa musique aussi bien que pour ses engagements politiques.

Si vous avez aimé Rose Tattoo, la nouvelle ballade des Dropkick, "Chesterfields and Aftershave", vous touchera en plein cœur. Déclaration d’amour à son grand-père, la chanson nous fait naviguer dans leur relation, et toutes les choses qu’il aurait aimé faire avec lui : lui présenter ses enfants, chanter à tue-tête des chansons… “J’espère que tu es fier de moi”, répète Ken Casey à chaque refrain, comme une prière. 

Enfin, impossible de passer à côté du retour, tant attendu, d'Al Barr, même sur une seule chanson : "The Vultures Circle High". Absent du groupe depuis Turn up that dial (2022) pour des raisons familiales, le chanteur charismatique nous offre un morceau de qualité, dont l’instrumentation n’est pas sans rappeler I’m Shipping Up to Boston. D’une voix grave et rocailleuse, il déclare que “ses ennemis sont encore nombreux et les vautours évoluent bien haut”, sur le son d’un accordéon entêtant. Une mise en bouche qui ne fait que renforcer notre envie de le voir revenir sur scène, lorsque sa situation sera meilleure. 

CONCLUSION 

Une simple rose noire, symbole de renaissance, de force et de pouvoir, en premier plan d’une photographie de manifestants : cet artwork par Studio Number One (à l’origine d’autres oeuvres engagées comme l’affiche Hope de Barack Obama ou le logo Obey) conjure en une image l’essence d’un album destiné “au peuple”. Cri de guerre répété contre les injustices, contre les “1% qui amassent l’argent pendant que des millions de personnes sont dans le besoin”, contre “les millionnaires qui profitent” pendant que “les travailleurs saignent” (“Sirens”), l’album évoque la résurrection d’un groupe qui a la rage, et s’inscrit dans la tradition de ceux qui se battent. Une ligne de fond, un mot d’ordre : “Résistez / Et ne pliez jamais l’échine / Manifestez et organisez-vous / Le peuple doit avoir le pouvoir” (“Bury the Bones”).  Un opus qui saura réveiller les consciences et apporter de l’énergie dans nos pits. 

Texte : Blandine Marcé (Blandus)

Photographie : Riley Vecchione

Tracks

1. "Who'll Stand With Us?"

2. "Longshot" (featuring The Scratch)

3. "The Big Man"

4. "Chesterfields and Aftershave"

5 ."Bury the Bones" (featuring The Mary Wallopers)

6. "Kids Games"

7. "Sooner Kill 'Em First"

8. "Fiending for the Lies"

9. "Streetlights"

10. "School Days Are Over" (featuring Billy Bragg)

11. "The Vultures Circle High" (featuring Al Barr)

12. "One Last Goodbye (A Tribute to Shane)" (featuring The Scratch)

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