Sonata Arctica l'avait annoncé dans une interview donnée à Metallitalia : après deux albums au potentiel scénique moins important, Clear Cold Beyond se présentait comme un retour aux sources power metal qui ont fait le succès du groupe dans les années 2000, proposant une expérience taillée pour le live show. Alors, le groupe a-t-il tenu promesse ?
Sur ces deux points, l'album répond aux attentes. On y retrouve tous les ingrédients d’une recette réussie de power metal : les solos de synthé et de guitare entraînants, le tempo rapide porté par la batterie de Tommy Portimo, et les sonorités aussi cristallines que la neige sur la jaquette de l'album. Les amateurs du genre aimeront particulièrement First in Line (dont le potentiel live a été testé et approuvé), l’intro survoltée de California ou l’ambiance glacée de Cure for Everything.
Les amateurs du style “arctiquien” y trouveront aussi leur compte : la voix de Tony Kakko, toujours plus protéiforme, reste le fil conducteur de ce nouvel opus, qui n’omet pas l’incontournable ballade romantique sur The Best Thing, ou la thématique des relations toxiques, chère à son auteur. Dark Empath s’inscrit dans la lignée de The End of This Chapter et Till Death’s Done Us Apart, la voix du chanteur oscillant entre douceur et folie, ponctuée des rires déments que les fans connaissent et apprécient si bien.
Malgré l'influence indéniable des sonorités power sur ce nouvel album, le groupe s’autorise aussi quelques originalités : une introduction aux intonations électro sur Shah Mat, la quasi-omniprésence de chœurs, et quelques morceaux inclassables, à l’image d’Angel Defiled, dont le rythme dansant n’est pas sans rappeler les meilleurs moments de Stone Grows Her Name. Clear Cold Beyond nous offre un final mélancolique, aux accents presque gothiques, qui contraste avec le reste dynamique l’album.
Dans l'ensemble, le nouvel opus ne surprend pas : il est à l’image d'un album classique de Sonata Arctica dans leur veine power metal. Le groupe semble confirmer un retour (au moins temporaire) au genre, après des productions plus expérimentales (Unia, Stone Grows Her Name, The Days of Grays...).
Le retour aux sources, une bonne chose ? Les plus puristes arctiquiens, qui le réclamaient depuis des années, me diront que oui. Pour ma part, malgré quelques chansons entêtantes, Clear Cold Beyond manque un peu de l'âme que je recherche dans les créations plus personnelles du groupe, de la profondeur émotionnelle qui les distingue des autres. L'album me semble presque aseptisé, faisant bon usage des formules qui fonctionnent, mais privé de sa chaleur, à l'image de la thématique principale de l'album.
Ce n’est pas la première fois qu’un album de Sonata Arctica me laisse avec un sentiment similaire aux premières écoutes, avant de finir par trouver sa place dans mon cœur. L’avenir me le dira. Une chose est sûre : avec Clear Cold Beyond, le quintet finlandais est assuré de toucher un large public, de néophytes à vétérans, et de leur offrir de beaux moments de live.
Blandus
Note : 8/10
Setlist :
- First In Line
- California
- Shah Mat
- Dark Empath
- Cure For Everything
- A Monster Only You Can't See
- Teardrops
- Angel Defiled
- The Best Things
- Clear Cold Beyond
Bonus Track (sur le vinyle) :
- A Ballad For The Broken
- Toy Soldiers (Cover di Martika)
Note : Pendant l'écriture de cette chronique, l'autrice n'a pas pu accéder aux bonus track. Un autre mystère que les fans devront découvrir par eux-mêmes...