À l’ouest, l’abîme sublime le nouvel Horizons de Thrice.
Lorsque le soleil s’étire, puis se meurt, la nuit nous entoure alors de son drapé doucereux, subtil mélange de fascination et d’angoisse. Le nouvel opus des californiens Thrice reflète cette transition vers l’abîme, et nous emporte dans la nuit avec la même dualité. Entre ombre et lumière, le groupe exprime la dureté du monde et des questions actuelles qui peuvent le composer… mais si vous regardez tout au creux du ciel, il existe toujours un phare pour se repérer… Horizons/West est un voyage initiatique qui nous aura émus aux larmes.
De l’Est à l’Ouest, chapitre d’une conclusion
Depuis leurs débuts en 1998, Thrice se construit en osant à chaque opus, proposant une expérience singulière. En 2021, le groupe nous proposait la contemplation d’un Horizons/East flamboyant, symbole de renaissance, d’ouverture au champ des possibles. Aujourd’hui, la poursuite de ce voyage se déroule à l’ouest, accueillis par la pénombre, mystérieuse et son crépuscule, captivant.
Dès les premières secondes de Blackout, notre oreille se saisit d’une tension grandissante. La voix de Dustin Kensrue, calme et brute à la fois, semble annoncer l’avènement d’un nouvel ordre, où tout doit s’éteindre pour laisser briller une autre lumière, peut-être insoupçonnée ? L’enchantement opère rapidement, et on ne demande qu’à se laisser guider au coeur de cet inconnu intriguant.
Pourtant, il s’agit ici de faire face à sa propre pensée. L’opus nous transporte - sans jamais l’imposer- vers la construction d’une philosophie quasi-spirituelle, ouverte et libérée. La réalité du monde nous y est dévoilée, dans toutes ses nuances. Chaque morceau touche, et interpelle par une harmonie puissante, mais inattendue, liant brutalité et sensibilité assumée.
La plume du groupe nous accroche, avec ses questionnements actuels, les morceaux y répondent mélodieusement comme si le point de rupture, la fêlure, nous permettrait d’entendre, de comprendre autre chose, d’encore plus fort, et de plus vivant (dans ce registre, Vesper Lights ne peut laisser personne indifférent.).
La voix de Dustin reflète cette antagonisme, entre rage suave et falsettos impressionnants. Les mélodies sont, elles aussi au service de cette atmosphère : tantôt explosive et disruptive dans le titre Gnash (qui renoue avec les racines émocore du groupe), expérimentale dans le sensible Undertow, définitivement rock pour Holding On… Avec Horizons/West, le quatuor réalise ainsi un parfait mélange des genres qui les caractérise depuis toutes ces années, sans jamais se laisser emprisonner.
Cette combativité sur le fil m’a d’ailleurs submergée à plusieurs reprises durant cette découverte. The Dark Glow représente, à mes yeux, le titre sublime de cet album, synthèse stylistique et lyrique de tout ce que pouvait nous apporter Thrice dans notre quête initiatique. Elle s’achève d’ailleurs sur le méditatif Unitive/West (en écho à la conclusion de l’album précédent), qui clôt la lutte initiée de cet opus, en permettant certainement à chacun(e) d’y ressentir une forme de conclusion d’un voyage à la portée de tous, mais aux réponses intimes et personnelles.
Texte : Joy @art.thérapies
TRACKLIST
01. Blackout
02. Gnash
03. Albatross
04. Undertow
05. Holding On
06. Dusk
07. The Dark Glow
08. Crooked Shadows
09. Distant Suns
10. Vesper Light
11. Unitive/West
LINE-UP
Dustin Kensrue (chant/guitare)
Teppei Teranishi (guitare)
Eddie Breckenridge (basse)
Riley Breckenridge (batterie)